Horaires de travail excessifs de la mission AQR
en 2014 :
décision de justice prévue pour le 18 décembre 2015
Vendredi
dernier 16 octobre après-midi, tribunal de police de Paris : deux bonnes heures
d’audience consacrées aux pratiques "RH" de BPCE SA lors de la
mission de revue (européenne) de la qualité des actifs ou AQR.
Tout
avait commencé par un signalement effectué le 18 mars 2014 par les
représentants du personnel CFTC au CHSCT de l’organe central du
Groupe BPCE, rapidement rejoints par les sections syndicales SNB/CFE-CGC
et CFDT sur ce qui était entre-temps devenu - de par l’inertie de
l’employeur et son habituel mépris face aux demandes les plus raisonnables dès
lors qu’elles n’émanent pas du syndicat majoritaire dans l’entreprise -
un consistant dossier syndical.
Informée,
l’inspection du Travail avait été amenée - après deux contrôles des
horaires de salariés affectés la mission AQR et après avoir
pourtant laissé l’employeur un délai significatif pour rectifier les anomalies
- à transmettre au procureur de la République un procès-verbal.
Le
processus a suivi son cours, pas moins de trois cent dix-sept infractions au
total (non-respect du temps de repos quotidien et travail de nuit)
ayant été relevées - d’où le tribunal de police, s’agissant d’autant de
contraventions.
Chacun
des trois syndicats était représenté à l’audience.
Leurs
avocats respectifs ont porté la contradiction aux assertions parfois
ahurissantes du conseil de BPCE SA - accomplissant là une tâche il est vrai
laborieuse : justifier des infractions au code du Travail
· patentes et répétées
· potentiellement dangereuses pour la santé des salariés
· durablement non-corrigées
commises
par l’organe central du deuxième groupe bancaire français.
Une
entreprise chef de réseau, incapable d’ajuster ses ressources pourtant
abondantes au format - si évolutif qu’il ait été - des exigences des
superviseurs bancaires national (ACPR) et européen (BCE).
Et
niant, de façon franchement légère, les évidences sur lesquelles trois des
quatre syndicats représentatifs à BPCE SA avaient en vain tenté d’attirer son
attention.
Les
salariés affectés à la mission AQR ont été allègrement comparés à des
«champions olympiques» : là, on s’enfonçait car les champions olympiques
précisément ont une préparation spécifique, un accompagnement adapté et… un
temps de sommeil préservé.
Tout
ce qu’il n’y a pas eu dans les cas relevés.
Au
passage, que sont alors les autres salariés : des non-champions ?
Merci
pour eux.
L’inspecteur
du Travail est intervenu à l’audience comme témoin - un témoignage «carré»,
factuel.
Des
échanges est ressortie la certitude que tout le monde, syndicats compris
évidemment, avait parfaitement saisi le caractère déterminant du succès de la
mission AQR… mais que l'importance de l’enjeu justement aurait dû
conduire l’employeur à prendre les dispositions légales et réglementaires
idoines, à informer et consulter les instances représentatives du personnel, à
se conformer à son obligation de résultat en matière de prévention de la santé
au travail.
D’autant
que les trois syndicats minoritaires avaient - à travers un crescendo déterminé
mais à la fois prudent, formalisé et intégralement loyal à l’entreprise - tout
essayé pour sensibiliser à leurs constatations et à leur préoccupation
l’employeur et le CHSCT.
Dont
six élus sur neuf préféraient se voiler la face - tétanisés ou rendus
consentants par un employeur obtus et se cabrant malgré l’évidence.
Deux
grands absents à cette audience de fin de semaine :
-
1. le CHSCT en tant qu’instance
Laquelle
aurait pu (dû ?) intervenir dans la procédure judiciaire pour son
intérêt propre tant l’employeur avait fait peu de cas de ses
attributions en matière de contribution à la prévention de la santé au travail
(l’intérêt des salariés eux-mêmes étant, lui, représenté à
l’audience par les trois syndicats s’étant constitués parties civiles)
-
2. le membre du directoire de BPCE SA ayant supervisé les principales
directions de l’organe central impliquées dans l’hébergement, le pilotage et la
coordination des effectifs AQR.
Courageusement,
il s’est fait représenter à l’audience par le "secrétaire général de la
direction des risques-Groupe», un salarié comme vous et nous qui - si
expérimenté dans les fonctions inspection/risques, mandaté on l’espère et bien
rétribué qu’il soit - n’avait probablement pas sa place dans ce pensum judiciaire.
Car
c’est le directeur général en personne qui avait été auditionné sur ce dossier AQR
par les services de police, le 10 avril dernier.
Quant
à la DRH-BPCE SA, elle a assisté à ce long rappel de son manque d’à-propos dans
un dossier qui, comme à présent tant d’autres sujets de "dialogue
social" à BPCE SA, n’est sorti des murs de l’entreprise qu’à cause de
l’aveuglement de la DRH.
Et
de sa persistance à vouloir, dans une sorte de réciprocité implicite, d’une
certaine façon "co-gérer" socialement l’entreprise avec un seul
syndicat - dit «majoritaire».
Au
point d’avoir soufflé à l’avocat de BPCE SA un argument saisissant : cette
procédure autour des horaires excessifs AQR n’aurait résulté que
d’une instrumentalisation de la justice par des syndicats minoritaires.
Argument
faux, non avenu - absolument contraire à ce qu’a été le processus itératif et
coopératif scrupuleusement privilégié par les trois syndicats «minoritaires»
ayant ensemble "porté" ce dossier.
Argument
faisant au passage apparaître, en creux, justement... l’incapacité de la
DRH-BPCE SA à échanger sainement, pour l’ensemble des salariés, avec la communauté
des représentants du personnel.
CFTC-BPCE SA – lundi 19 octobre 2015
Notre avis complémentaire:
Que la DRH BPCE Sa, accuse les représentants locaux des 3 grands syndicats réformateurs ( CFTC, CFDT, CGC ), qui viennent de montrer qu'au niveau National, ils étaient capables de s'engager pour trouver des accords novateurs et qu'elle s'enferme dans un dialogue, uniquement avec le syndicat majoritaire ( non représentatif inter-professionnellement) est très révélateur d'un dysfonctionnement du dialogue social à BPCE Sa.
- De même que sa façon de tenter de se dédouaner en accusant l'Inspecteur du Travail de dérives gauchistes est un raccourci un peu rapide, compte tenu du fait que:
- L'Inspecteur du Travail ayant géré AQR et celui ayant travaillé sur la Direction Juridique, sont différents.
- Le procureur a considéré, les charges assez conséquentes pour faire passer BPCE Sa au tribunal de police.
Nous pourrions conseiller ce texte à la DRH.
Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu chapitre 7, versets 3 à 5 :
« Pourquoi vois-tu la paille qui est dans l’œil de ton frère, et n'aperçois-tu pas la poutre qui est dans ton œil ?
Pour y avoir travaillé durant 3 mois (sur la mission AQR), les constats sont tout à fait exact et la DRH n'a eu pour seule réponse, de nous rétribuer gracement avec de nombreuses primes.
RépondreSupprimerLa semaine la pire ayant été celle du 10 mai (avec normalement le jeudi 8 maiférié) mais où les salariés "volontaires" ont travaillé 6 jours sur les 7 et sont revenu le lundi à 8h pour enchainer à nouveau...
Triste souvenir pour les acquis sociaux mais une grande expérience professionnelle.
merci pour ce témoignage
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