La cour d'appel de Grenoble a condamné la Banque populaire des Alpes à indemniser un de ses clients pour "défaut de conseil", au vu de la perte de valeur importante des actions Natixis. "Plusieurs centaines d'actions en justice" pourraient être introduites si l'arrêt fait jurisprudence, selon l'avocat du plaignant.
C'est un conseil qui pourrait finir par coûter
cher. La semaine dernière, la cour d'appel de Grenoble a condamné la Banque
populaire des Alpes (BPA) à indemniser un de ses clients qui avait acheté des
actions Natixis. La cour dénonce un "défaut de conseil", au vu de la
perte de valeur importante de ces actions.
En décembre 2006, puis en août 2007, un
apiculteur ardéchois, Bruno Pieraccini, avait acheté plus de 600 actions de la
banque d'affaires de la BPCE, pour un total de 10.290 euros. Il fait partie des
centaines de milliers de Français qui, à l'époque, souscrivent des actions de
Natixis, qui vient d'être introduite en bourse, et qui sont massivement
proposées dans le réseau des Banques populaires et des Caisses d'épargne du
groupe BPCE.
Mais moins de deux ans plus tard, la chute de
Natixis entraîne l'effondrement de l'action qui passe de près de 19,55 euros fin
2006 à moins de 1 euro en 2009. Bruno Pieraccini, lui, revend ses actions début
2010. Leur cours est alors à 3,618 euros. Résultat: une moins value de 8.292
euros. Le quinquagénaire décide alors de se retourner contre sa banque.
Dans son arrêt la Cour d'appel a estimé que la
Banque populaire des Alpes avait "manqué à ses obligations d'information, de
conseil et de loyauté" envers son client, qu'elle devra indemniser à
hauteur de 5.800 euros. Soulignant qu'il n'était pas "un investisseur
qualifié", elle reproche à la BPA de ne pas avoir "attiré son attention
sur les risques que comportaient les opérations envisagées".
Elle l'accuse surtout de ne pas lui "avoir
expliqué le conflit d'intérêts" résultant de l'acquisition des actions,
puisque la BPA est "actionnaire majoritaire de la société Natixis et avait
un intérêt majeur à la souscription massive des actions litigieuses".
"C'est la première fois qu'une banque du
réseau BPCE est condamnée dans l'affaire Natixis", s'est réjoui, auprès de
nos confrères de l'AFP, Maître Nicolas Lecoq-Vallon, l'avocat du
plaignant.
"Plusieurs centaines d'actions en
justice" pourraient être introduites si l'arrêt fait
jurisprudence
"Tout le monde attendait cette
décision", a-t-il ajouté, espérant que l'arrêt de la cour d'appel de
Grenoble, et notamment sa dénonciation du conflit d'intérêts, "va faire
jurisprudence". Maître Lecoq-Vallon a affirmé que "plusieurs centaines
d'actions en justice", aujourd'hui en réserve, pourraient être introduites
avec cette jurisprudence.
Pour la BPCE,
"l'arrêt peut faire l'objet d'un pourvoi en cassation, qui n'est pas exclu". Il s'agit "d'une décision isolée", a déclaré à l'AFP une porte-parole du groupe précisant que "dans les cas comparables déjà jugés, les clients n'ont pas obtenu gain de cause". Selon la BPCE, seule "une quinzaine de procédures comparables" auraient été engagées.
L'arrêt de la cour d'appel, rendu le 17
décembre confirme un premier jugement du tribunal d'instance de Grenoble, rendu
en septembre 2011 dans cette affaire, révélée lundi par Le Parisien - Aujourd'hui en
France.
La tribune.fr
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