Publié
le 10-01-2014 à 12h34 - Mis à jour à 13h13
La
ministre allemande de la Famille souhaite instaurer la semaine à 32 heures pour
les parents, hommes et femmes. La perte de salaire serait compensée
fiscalement.
Comment relancer la natalité ? C'est la question qui taraude les
politiques allemands depuis des années. Outre-Rhin, les femmes ne font pas
assez d'enfants pour assurer ne serait-ce que le renouvellement des
générations. Le modèle dominant est devenu la famille avec un enfant unique. Et
une diplômée sur quatre a renoncé à la maternité, dont la première d’entre
elle, la chancelière.
Une des causes de ce phénomène inquiétant sur le plan
démographique tient à une spécificité culturelle, toujours très surprenante vue
de France: être mère de famille et continuer à travailler n'est pas bien vu.
Les mères actives sont des "Rabenmutter", mères corbeau. Mot
extrêmement péjoratif, toujours en vogue en 2014!
Exception notable outre-Rhin, la ministre de la Défense, Ursula
von der Leyen, mère de sept garçons et filles, explique, lorsque l’on s’étonne
de sa prouesse, que c’est parce qu’elle vivait en Californie qui valorise les
"working mums" qu’elle a eu une famille aussi grande.
Les 32 heures réservées aux
parents
Outre les mentalités toujours rétrogrades, le pays souffre d’un
manque d'infrastructures pour assurer la garde des enfants, avant qu'ils soient
en âge d'aller à l'école primaire. Pour les plus grands, même si les écoles
ouvertes toute la journée sont en train de se généraliser sous l’impulsion d’Angela Merkel et de Ursula
von der Leyen, lorsqu'elle était ministre des Affaires sociales, beaucoup de
mères sont encore coincées par des établissements scolaires sans cantine ou des
cours qui se terminent à 14 heures.
D'où l'idée émise par la nouvelle ministre de la Famille, la jeune
et ravissante ministre de la Famille, Manuela Schwesig: permettre aux parents
salariés de travailler moins sans perte de revenus.
Dans un entretien au quotidien le plus lu du pays, Bild Zeitung,
cette sociale-démocrate propose l'instauration des 32 heures de travail
hebdomadaires pour les hommes et les femmes ayant charge d'âmes, l'Etat
compensant financièrement la réduction de leurs salaires à travers une
réduction d'impôts.
Tous les mercredis, le ministre
de l'Economie s'occupe de sa petite-fille
Si les 32 heures restent une idée chères aux sociaux-démocrates,
qui sporadiquement en reparlent (on se rappelle à la fin des années 1990 ces
réflexions sur les 32 heures chez Volkswagen), le partage des obligations
familiales est plus novateur. Même si les dépenses que le système engendrerait
engendre une opposition farouche chez les pères la rigueur que sont les
chrétiens-démocrates, force majoritaire dans la coalition au pouvoir.
Mais des pionniers montrent déjà l’exemple dans les hautes
sphères. Fin décembre, Jörg Asmussen, membre du directoire de la BCE, et
puissant "ambassadeur" de Mario Draghi, toujours entre deux avions,
annonçait une décision qui en a surpris plus d’un. Il renonçait à Francfort et
à ses 70 heures de travail hebdomadaires, pour rentrer, à Berlin, au poste de
secrétaire d’Etat du nouveau gouvernement Merkel. A ceux qui lui ont demandé
pourquoi il mettait sa carrière entre parenthèse, il a répondu qu’il voulait
passer plus de temps ses deux filles.
Autre exemple, plus frappant encore, celui de Sigmar Gabriel,
ministre de l’économie et vice-chancelier. Début janvier, il a annoncé que
désormais il ne travaillerait plus le mercredi après-midi pour s’occuper de sa
petite fille. Déjà mi-2012, le ténor du SPD avait pris un congé parental pour
s’occuper d’elle. Et, de temps en temps, entre tweets sur la régulation
bancaire, il s’éclipsait sur ces mots: "Marienchen hat Hunger" (la
petite Marie a faim…).
Les mentalités évoluent peu
Alors que les actifs n’ont jamais été aussi nombreux en Allemagne, que le nombre
d’emplois vacants est de plus en plus inquiétant (le cap du million a été
franchi en 2012) et que nos voisins sont obsédés par le "tournant
démographique", "le temps de travail familial" prôné par la
nouvelle ministre est peut-être une solution. Pour autant que les mentalités
évoluent en profondeur. En 1993, 47% des Allemandes et 54% des Allemands
pensaient qu’un homme pouvait mettre un temps entre parenthèse sa
carrière pour sa famille. En 2013, ils étaient respectivement… 40 et 48%.
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