24 février 2020

Ubérisation du secteur bancaire. Réponse de la Direction à la demande du Comité de Groupe !


Caisse d’Epargne : bientôt des banquiers indépendants en milieu rural

La banque mutualiste va tester, dans les zones éloignées des villes, un nouveau modèle d’agences, dirigées par des entrepreneurs. Les syndicats craignent une ubérisation du secteur bancaire.



 D’après un document interne à l’entreprise, ces conseillers devront reprendre en main des agences situées loin des grandes villes et en perte de vitesse.
D’après un document interne à l’entreprise, ces conseillers devront reprendre en main des agences situées loin des grandes villes et en perte de vitesse. LP/Olivier Boitet



Pousser la porte d'une agence bancaire dirigée par… un entrepreneur indépendant. C'est ce que vont découvrir les clients de trois agences de la Caisse d'Épargne implantées dans des territoires ruraux des régions Bretagne-Pays la Loire, comme l'ont révélé Les Echos. et Ouest-France. Une expérimentation inédite en France. La première est prévue en juin, les deux autres à la fin de l'année.
La banque veut inventer le métier de « Conseiller Indépendant Local ». D'après un document interne au groupe bancaire que nous avons pu consulter, ces conseillers d'un nouveau genre devront reprendre en main des agences loin des grandes villes en perte de vitesse selon des critères précis : agences à dynamiser, avec des travaux lourds, des difficultés de recrutement ou à la satisfaction client très dégradée. Ce « mandataire exclusif » de la Caisse d'Épargne est présenté comme une alternative à la fermeture de ces banques.

Ni chèque, ni argent liquide

« Avec ce projet né ici, en Bretagne - Pays de la Loire, nous voulons emprunter un sentier un peu nouveau, une troisième voie entre le maintien d'agence et la fermeture pour maintenir une présence en milieu rural », explique Christophe Pinault, le président du directoire de la Caisse d'Épargne Bretagne - Pays de la Loire. Il se dit « enthousiaste mais sans aucune certitude » sur la perspective de voir arriver « cet entrepreneur qui créerait sa propre structure et à qui on confirait l'animation du fonds de commerce ».
Cet indépendant, qui ne serait pas autoentrepreneur mais qui devrait créer une SAS, une société par action simplifiée ne sera pas propriétaire du fonds de commerce, mais tirerait donc des revenus uniquement liés à son activité et aux commissions versées par la banque. Pas question non plus de traiter les chèques ou de délivrer de l'argent liquide, ses services seront concentrés sur le conseil et l'accompagnement des projets des clients. Ce banquier-entrepreneur devra décrocher une triple habilitation pour les métiers de la banque et de l'assurance et suivre une formation spécifique.
Pour le recrutement de ces perles rares, la Caisse d'Épargne n'ira pas chercher bien loin puisqu'elle veut choisir parmi les salariés volontaires. « Nous voulons pour ceux qui ont une volonté d'indépendance, rendre le modèle plus attractif que celui du salariat, avec une répartition de la valeur entre le conseiller et la banque différente. C'est gagnant pour chacun d'entre nous », souligne Christophe Pinault.

Le dossier est soumis à l'accord du régulateur

Les syndicats ont une vision toute différente de ce projet et pointent un risque d'« ubérisation » du secteur bancaire. « Nous pensons qu'ils vont licencier des salariés pour les reprendre derrière en tant qu'indépendant. Ce n'est pas du tout notre ADN, nous sommes une banque mutualiste avec des valeurs humaines et nous ne sommes pas du tout dans l'entrepreneuriat, se désole Alain Quesne, du syndicat Sud. Pour eux, c'est l'opportunité rêvée de s'émanciper des cotisations sociales ».
« On est hyper inquiet pour l'emploi, renchérit Valérie Lefebvre Haussmann, secrétaire générale de la fédération CGT banque-assurance. En fait, la Caisse d'Épargne se décharge de tous les frais liés à l'exploitation de l'agence et reporte le risque sur l'indépendant ». La CFDT qui refuse d'avoir « une position dogmatique » a demandé une expertise du dossier. Tous les syndicats ont réclamé un Comité de groupe extraordinaire pour obtenir plus d'informations. Le dossier est en cours d'instruction auprès du régulateur bancaire, qui doit encore donner son aval.
Notre avis:
Voici la réponse, peu rassurante de la Direction au Secrétaire du comité de Groupe:
Secrétaire du Comité de Groupe
Paris, le 19 février 2020
Cher Monsieur,
Nous avons bien reçu votre e-mail d'hier matin qui a retenu toute mon attention.
Nous avons pris le soin de l'examiner et souhaitons vous indiquer que nous n'entendons pas organiser une
réunion extraordinaire du comité de Groupe. Les conditions fixées par l'article 4.5 de notre accord ne sont en
effet aucunement remplies, les réunions extraordinaires étant réservées à des situations exceptionnelles
susceptibles d'avoir un impact significatif sur la situation économique du Groupe.
Sur le plan juridique, il n'est donc pas possible de fonder une demande de réunion extraordinaire du comité
de Groupe qui aurait pour origine la mise en oeuvre d'une expérimentation limitée à la seule Caisse d'Epargne
Bretagne Pays de Loire (CEBPL).
Pour autant, je comprends vos interrogations. Je vous précise donc que ceci n'est qu'une expérimentation à
l'initiative de CEBPL et strictement limitée à CEBPL, et que ce test est limité à 3 agences.
Les conditions de ce test, telles qu'indiquées au Comité Social et Economique de la CEBPL, précisent que le
fonds de commerce reste la propriété de la Caisse et que toutes les opérations des clients sont gérées
directement par un conseiller de l'e-agence dans le respect strict des conditions réglementaires et des process
de la CEBPL.
Chaque entreprise du Groupe adapte son dispositif de distribution en fonction de son territoire, de sa typologie
de clientèle et de ses ambitions commerciales.
Dans ce cadre, et dans le respect de la consultation des instances représentatives du personnel locales,
certaines peuvent étudier des formes alternatives de relations bancaires.
Je vous prie d'agréer, Cher Monsieur, l'expression de mes salutations les distinguées.

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