Critiquée pour avoir refusé d'étendre à 12 jours le
congé des parents en cas de décès d'un enfant, la ministre du Travail a
finalement annoncé un amendement gouvernemental en ce sens.
Par Bénédicte Lutaud
Le figaro.fr
Publié il y a 2 heures, mis à jour il y a 2 heures
Plus qu'un couac, une
erreur politique qui pourraît coûter cher à La République en Marche (LREM). En
rejetant une proposition de loi, à l'Assemblée nationale, permettant un congé
de 12 jours aux parents en cas de décès d'un enfant, le gouvernement et la
majorité LREM ont indigné tous les membres de l'opposition et même le Medef. Ce
refus alimente les critiques contre une majorité accusée d'être «hors-sol» ou «déconnectée» de
la réalité. La bourde tombe mal, à l'approche d'un débat qui s'annonce tendu, à
l'Assemblée nationale, sur la réforme des retraites, et à quelques
semaines des municipales.
La controverse a même
poussé, dans un geste rare, Emmanuel Macron à intervenir, demandant «au
gouvernement de faire preuve d'humanité». Après avoir justifié le rejet de
la proposition de loi, la ministre du Travail Muriel Pénicaud a fait machine
arrière en annonçant dimanche 2 février, dans Le Parisien, un
amendement gouvernemental sur la question. Retour sur une polémique en cinq
actes.
Jeudi : L'Assemblée nationale retoque la proposition de loi
Tout commence le 30
janvier, lorsque l'Assemblée nationale retoque la proposition d'allonger de
cinq à douze jours le congé de deuil pour les parents confrontés à la mort de
leur enfant. La proposition est rejetée de peu, par 40 voix contre 38. La
ministre du Travail, Muriel Pénicaud, explique son avis défavorable à la
proposition de loi : le texte ne repose pas sur la solidarité nationale,
mais sur un congé «payé 100% par l'entreprise», regrette-t-elle.
Dans l'hémicycle, le
débat s'envenime. «Quand on s'achète de la générosité à bon prix sur le
dos des entreprises, c'est quand même un peu facile», soutient ainsi la
député LREM Sereine Mauborgne, suscitant des réactions indignées. La député
défend cependant «la possibilité pour l'employeur de créer un compte de
don de RTT pour un collègue endeuillé».
L'opposition monte au
créneau. «On parle de la tragédie des tragédies : douze jours, je
pensais que ça passerait comme une lettre à la poste», lance l’Insoumis
François Ruffin. «Je pensais que sur ce dossier-là, on marcherait tous
main dans la main», regrette-t-il, tandis que l’ex-LREM Agnès Thill
raille «une humanité à géométrie variable» chez ses anciens
collègues. Au Royaume-Uni, plaide le député UDI du Nord Guy Bricout, à
l'origine de la proposition, le congé pour le deuil d’un enfant est de 15
jours. Pour lui, il est «choquant» que ce congé soit d’une
durée inférieure au congé paternité, qui est de 11 jours.
L'indignation prend de
l'ampleur, bien au-delà des rangs du Palais Bourbon.
Vendredi : le Medef défend la proposition de loi
Le lendemain, c'est le
patronnat lui-même qui fait part de son étonnement. L'ancienne présidente du
Medef, Laurence Parisot, écrit ainsi sur Twitter que l'organisation
patronale «s'honorerait à demander un nouveau vote de cette
proposition.»
Embarrassé, le
gouvernement tente, tant bien que mal, d'éteindre la polémique. Muriel Pénicaud
admet une «erreur collective», et Adrien Taquet, secrétaire d'État
chargé de la Protection de l'enfance annonce le lancement d'une concertation
pour améliorer les mesures de soutien aux parents endeuillés par la mort d'un
enfant.
Samedi : Macron demande au gouvernement de «faire preuve d'humanité»
Peine perdue :
cette annonce ne suffit pas à éteindre la polémique. Samedi, dans une démarche
inédite, Emmanuel Macron demande lui-même au gouvernement de «faire
preuve d'humanité» pour soutenir la proposition de loi.
Dans la foulée, les
députés LREM se déclarent prêts à « revoter rapidement » cette
proposition. «Face au deuil, il faut du soutien psychologique et nous allons
le renforcer. Mais il faut aussi un temps de répit, ajoute dans la soirée
Muriel Pénicaud, interrogée par l'AFP, s’engageant à trouver dans les
tout prochains jours les solutions» pour un allongement à 12 jours.
Dimanche : Muriel Pénicaud annonce un amendement gouvernemental
Après le mea culpa,
place, donc, à la «réparation»... Dans Le Parisien, la
ministre du Travail annonce finalement que «l'allongement à douze jours
va revenir au Sénat sous la forme d'un amendement gouvernemental». Muriel
Pénicaud précise que la mesure pourra être financée par « la solidarité
nationale, autrement dit la Sécurité sociale». «Est-ce que les
entreprises en prendront une part ? Nous allons en parler, toutes les
options sont possibles», ajoute-t-elle. En outre, les mesures adoptées
jeudi pour autoriser le don de RTT entre salariés seront conservées.
Enfin, pour «aller
plus loin», Muriel Pénicaud annonce que le gouvernement entend travailler
sur un «accompagnement psychologique sur la durée», soutenir
les «frais d'obsèques» et enfin «ouvrir ces mesures
aux fonctionnaires».
Lundi : Aurore Bergé met le gouvernement face à ses responsabilités
Fin de la
polémique ? Pas tout à fait. Ce lundi 3 février, dans un entretien
au Parisien, la député et porte-parole de LREM Aurore Bergé défend
ses troupes en assurant que «les cons, ce sont des députés qui ont
juste été loyaux à l'égard du gouvernement». Une référence aux
critiques anonymes, au sein de l'exécutif, qui jugeaient que «les
députés LREM sont cons» et qu'ils «ne savent pas faire le
boulot». Et une manière subtile de renvoyer le gouvernement face à ses
responsabilités.
Notre avis:
On a vraiment l'impression qu'ils ont été pris la main dans le pot de confiture
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