14 février 2020

Coup d'envoi à la vente de la banque de détail d'HSBC France



Le groupe britannique engage le vendredi 14 février le premier tour des enchères autour de sa banque de particuliers et PME en France, et ses quelque 5.000 salariés. Banque Postale et Société Générale seraient encore en lice, de sources concordantes.

  • Très attendue, vendredi prochain, la bataille de titans bancaires aura-t-elle finalement lieu ? La plupart des grands établissements français devaient se présenter le 14 février avec des offres indicatives pour le rachat des activités de banque de détail de HSBC en France. « HSBC est l'un des derniers actifs disponibles sur le marché. Si ce n'est pas pour soi-même, c'est pour éviter que son voisin ne l'empoche », justifiait récemment une partie prenante. Or depuis quelques jours, les annonces de désistement se succèdent.

« L'éventualité d'un tel rachat n'est pas dans notre stratégie », déclare aux « Echos » Crédit Mutuel Alliance Fédérale. « Nous ne sommes pas candidat », déclare également aux « Echos » le groupe Crédit Agricole. Jeudi soir, Laurent Mignon, le président du directoire de BPCE avait aussi dit officiellement ne pas être intéressé, tout comme, la veille, le directeur général de BNP Paribas, Jean-Laurent Bonnafé. « Pour un certain nombre de banques, c'est une transaction qui relève du passé, elle ne va pas leur permettre de moderniser leur réseau, relève une source, et les enjeux sociaux et contractuels avec les clients sont importants. »
  • A ce stade, seuls Société Générale et Banque Postale sont donc encore en lice, selon des sources concordantes. Le premier chercherait à consolider la position du Crédit du Nord et le deuxième de sa banque privée BPE.

Coûts de restructuration

L'enjeu, il est vrai, est de taille : 5.000 salariés, quelque 800.000 clients, 250 agences et de 7 à 15 milliards d'euros d'actifs pondérés des risques. Un périmètre qui pourrait encore varier, et qui comprend la banque de particuliers, l'assurance, la banque privée - « jusqu'à 10 millions d'euros d'actifs par client » - et une partie de la banque de PME - « jusqu'à 30 millions d'euros de chiffre d'affaires », selon des sources.
  • Pour autant, à ce stade, aucun prix ne circule. Car l'équation est difficile. « Si HSBC vend, c'est qu'ils perdent de l'argent. Il faut bien regarder ce que vous récupérez. Aujourd'hui, acheter une banque en dur, c'est acheter un passif. Il y aura des coûts de restructuration », indique un acteur.

 La banque de particuliers, héritée de l'ex-CCF racheté par HSBC en 2000, est devenue le plus gros contributeur aux revenus de HSBC en France, mais aussi son premier foyer de pertes à la lecture des chiffres 2018. Ce qui rend la valorisation complexe. « On nous présente un périmètre assez rentable, mais parce que beaucoup de coûts, et de trésorerie sont centralisés dans la structure de tête de HSBC France. Il faudra bien les comptabiliser pour les brancher à notre réseau », indiquent des sources. Les revenus « ajustés » par le vendeur s'élèveraient ainsi sur le papier autour de 300 millions d'euros.

Un coût du capital du simple au double

Les candidats disent aussi leur crainte de ne pas pouvoir gérer le fonds de commerce qu'ils achètent, « car le vendeur demande que la migration informatique ait lieu dès le « closing » de la vente, ce qui est quasi impossible », se plaint l'un d'eux.
  • Autre difficulté pour valoriser le pôle, l'activité devra être dotée de fonds propres de 10 à 12 % du montant des actifs. Ceux qui disposent d'un modèle de pondération dit « avancé » peuvent espérer capitaliser le pôle sur une base de 7 milliards seulement. Mais en l'absence d'historique de l'acheteur sur le portefeuille, le superviseur bancaire pourrait demander que soit appliquée au moins de façon provisoire une méthode standard qui coûterait… le double en capital.

Mais le plus gros enjeu est social. Certaines des banques ont engagé des plans de réduction d'effectifs, et devront accueillir plusieurs milliers de nouveaux employés. Or le périmètre n'est pas complètement éclairci. « La définition de la masse salariale s'est faite de façon plus ou moins mathématique, en pourcentage du temps passé sur le périmètre français », note un autre. Interrogé, HSBC France n'a pas souhaité faire de commentaire. Verdict dans quelques semaines. 

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