AFP•04/02/2020 à 16:56
Des députés LREM
"en colère", y compris contre Emmanuel Macron, une ministre qui prend
"cher" et un chef de gouvernement qui "assume" sa
responsabilité: la majorité a tenté mardi de dénouer la crise autour du congé
de deuil d'un enfant qui sème la zizanie au sein de la macronie.
Le rejet jeudi à l'Assemblée d'une proposition
UDI-Agir qui visait à porter de cinq à douze jours ce congé, n'en finit
pas de jeter le trouble. Sur "ce sujet devenu une espèce de boule de
feu", "probablement, sûrement, une part de responsabilité vient du
gouvernement. Je l'assume", a déclaré Edouard Philippe lors d'une réunion
du groupe majoritaire tendue, selon des propos rapportés.
- Le chef du gouvernement a résolument pris la défense de la ministre du Travail Muriel Pénicaud, au centre des critiques: "Tous ceux qui iront chercher la responsabilité ailleurs, sur Muriel, en interne ou en externe, je leur dis merde !".
"Nous n'avons pas su collectivement expliquer
notre position, ni nous adapter. Les critiques nous font très mal", a
encore reconnu le Premier ministre, venu éteindre le feu chez les
"marcheurs".
Car l'épisode a laissé des traces au sein de la
majorité, déjà secouée par une succession de crises, des "gilets
jaunes" aux grèves contre la réforme des retraites, certains souffrant de
passer pour de simples "godillots".
Des élus présents lors du vote litigieux jeudi ont
ainsi refusé qu'on dise "qu'ils ont voté par loyauté" et rejeté
l'idée d'une "erreur", estimant que le texte était "mal
ficelé" et plaidant pour "aller plus loin" que ce que proposait
l'UDI-Agir.
Certains ont dit leur "colère" et leur
impression "d'avoir été envoyés au front et lâchés". Pour un député,
l'"emballement médiatique" a été créé par Emmanuel Macron lui-même,
par son intervention samedi dans ce dossier, où le chef de l'Etat a demandé de
"l'humanité".
"Ça me touche dans mon honneur", a déploré
une députée, la voix tremblante.
Des propos attribués dans la presse à un ténor de la
majorité, traitant les "marcheurs" de "cons", ont aussi
fait des remous, Aurore Bergé estimant notamment que leur "seule connerie
a été d'être loyal".
"Nous ne sommes ni des +cons+ ni des
inhumains", a renchéri une "marcheuse" à l'AFP en marge de la
réunion, voyant dans la ministre du Travail un "fusible".
- "Députés
droïdes" -
Muriel Pénicaud a aussi critiqué devant les députés un
texte centriste "mal ficelé", et souligné que depuis jeudi, "on
est nombreux à prendre cher".
Pour la première vice-présidente du groupe Marie
Lebec, qui n'a "pas du tout aimé cette expression d'erreur
collective", il s'agit d'une "erreur de management du gouvernement et
du groupe".
Lors de ce moment vécu comme "cathartique",
plusieurs responsables ont mis en avant la nécessité de "sortir vite"
de cette crise. Evoquant un "épisode douloureux", le président de
l'Assemblée Richard Ferrand a aussi plaidé pour "se serrer les
coudes".
C'est sous l'angle d'une majorité dominée par les
"technos" que les oppositions de droite comme de gauche poursuivaient
leurs attaques mardi. Adrien Quatennens (LFI) a fustigé des macronistes faisant
"l'effet d'un droïde doté d'un fichier Excel à la place du cerveau et
d'une calculatrice à la place du coeur".
Lors des questions au gouvernement, les accusations de
"faute morale" et "d'indécence" sont revenues dans la
bouche de Pierre Cordier (apparenté LR).
"Pour être un de ceux qui a vécu" un tel
drame de perte d'un enfant, le "marcheur" Bruno Bonnell a récusé en
retour appartenir à une "majorité cynique et bornée", sous les
applaudissements de ses collègues.
Le Premier ministre a lui parlé avec l'"humilité
d'un père de trois enfants dont la seule véritable angoisse est d'en perdre
un", jugeant qu'il faut "probablement" étendre le congé, mais
qu'aucun délai ne sera "à la hauteur" de la douleur vécue. Il a
plaidé pour une vaste amélioration du "dispositif".
"Nous pouvons réussir" sur ce sujet, a aussi
affirmé Muriel Pénicaud, rappelant que le gouvernement allait mener une
concertation et travailler à une nouvelle rédaction d'ici l'examen du texte au
Sénat le 3 mars.
"On a peut-être tous les défauts de la terre,
mais on sait réagir", a fait valoir devant la presse le patron des
"marcheurs" Gilles Le Gendre.
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