Le rejet à l’Assemblée
nationale d’une proposition de loi permettant un congé de 12 jours en cas de
disparition d’un enfant a indigné tous les membres de l’opposition ainsi que le
Medef, qui y est favorable.
Le figaro.fr
Par Stéphane Kovacs
Publié hier à 22:12, mis à jour hier à 23:02
Comment parvenir à
reprendre le travail cinq jours seulement après la mort de son enfant? La
proposition du groupe UDI-Agir d’allonger à 12 jours le congé pour la perte
d’un enfant mineur a pourtant été rejetée, jeudi, de justesse. Pour ne pas le
faire «payer à 100 % par l’entreprise», selon les mots de la
ministre du Travail, Muriel Pénicaud. Ce refus de la majorité d’étendre le
congé de deuil a choqué dans tous les groupes politiques, et jusqu’au patronat:
vendredi, le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, a lui-même réclamé
un nouveau vote.
«C’est une évidence et c’est lancé», a-t-il répondu dans
un tweet à l’ancienne présidente de l’organisation patronale, Laurence Parisot,
qui avait estimé un peu plus tôt que «le Medef s’honorerait à demander
un nouveau vote de cette proposition». Président du syndicat des cadres
(CFE-CGC), François Hommeril s’en était également ému: «Mon cœur se
soulève à lire l’argument du rejet :“S’acheter de la générosité sur le dos
des entreprises”, avait-il tweeté. Ceux qui ont voté contre cette
mesure sont invités à “s’acheter un peu de dignité” et à pleurer de honte
encore longtemps.»
«Une humanité à géométrie variable»
Dans l’hémicycle,
jeudi, le débat s’était rapidement envenimé. «Quand on s’achète de la
générosité à bon prix sur le dos des entreprises, c’est quand même un peu
facile !», a soutenu la députée LREM Sereine Mauborgne, défendant
la «possibilité pour l’employeur de créer un compte de don de RTT pour
un collègue endeuillé».
Les oppositions sont
toutes montées au créneau, clamant leur «honte», à l’instar de
Pierre Cordier (apparenté LR). «On parle de la tragédie des tragédies:
douze jours, je pensais que ça passerait comme une lettre à la poste», a
lancé l’Insoumis François Ruffin, dénonçant une majorité «mesquine». «Je
pensais que sur ce dossier-là, on marcherait tous main dans la main», a-t-il
souligné. Tandis que l’ex-LREM Agnès Thill a raillé «une humanité à
géométrie variable» chez ses anciens collègues.
Au Royaume-Uni, plaide Guy Bricout, le congé pour le deuil d’un enfant est
de 15 jours. Pour lui, il est « choquant » que ce congé soit d’une durée
inférieure au congé paternité, qui est de 11 jours
«Tous les chefs
d’entreprise que j’avais rencontrés ont approuvé mon idée, insiste le
rapporteur du texte, Guy Bricout. Ils m’ont dit qu’ils préféraient que
le salarié prenne 12 jours plutôt qu’un congé maladie d’un mois… De toute
façon, s’il revient trop tôt, le salarié - fatigué et perturbé - n’est
légitimement plus motivé par son travail. En général, les parents endeuillés
prennent sur leurs congés payés ou ont recours à un congé maladie, en étant
pénalisés par trois jours de carence.»
Au Royaume-Uni, plaide
le député UDI du Nord, le congé pour le deuil d’un enfant est de 15 jours. Pour
lui, il est «choquant» que ce congé soit d’une durée
inférieure au congé paternité, qui est de 11 jours. «Il y a 700.000
naissances par an, et 70 % des pères prennent un congé paternité, avance
Guy Bricout. Ce qui fait 500.000 congés de 11 jours supportés par les
entreprises. Environ 4500 enfants de moins de 18 ans meurent chaque année et
les entreprises ne seraient pas capables de supporter le poids de cet
allongement de quelques jours du congé pour deuil accordé à leurs parents? Et
qui sait: peut-être qu’un jour ce pourrait être pris en charge par la sécurité
sociale…»
Notre avis:
Ils osent tout, c'est à ça qu'on le reconnait !
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