Référendum, fin du monopole syndical aux élections professionnelles, limitation du temps militant... François Hommeril dénonce "une hystérie" devant les propositions des candidats à la primaire de la droite et du centre.
par Emmanuelle Souffi 27/09/2016 Liaisons Sociales Magazine
© D.R.
S’il y en a un qui commence à s’agacer de l’avalanche de propositions sociales parmi les candidats à la primaires de la droite et du centre, c’est bien François Hommeril. Pour sa première conférence de presse de rentrée, le mardi 27 septembre, le président de la CFE-CGC élu début juin n’a pas mâché pas ses mots.
« C’est de l’hystérie, une espèce de délire verbal de gens qui ne connaissent rien à la construction sociale et qui pensent que c’est en diminuant les droits sociaux que l’on va vaincre le marasme économique ! », tacle-t-il. Il en arrive même à se demander publiquement comment l'on peut "méconnaitre autant les relations sociales et vouloir accéder au pouvoir suprême".
Bruno Le Maire veut abroger la loi Larcher qui oblige à une concertation avec les partenaires sociaux avant toute loi sociale, Nicolas Sarkozy supprimer le monopole syndical aux élections professionnelles, François Fillon limiter à 50 % du temps de travail l’exercice d’une activité militante, Alain Juppé interdire d’enchaîner plus de deux fois un mandat syndical…. Dans la course à la présidentielle, chaque candidat de droite y va de sa petite musique libérale et foncièrement anti syndicale. Et tant pis si elle est dissonante avec leur volonté de donner plus de pouvoir à la négociation d’entreprise.
« Le dialogue social est menacé par l’inculture sociale des décideurs politiques, ça me fait peur », s'inquiète François Hommeril, l’ancien délégué syndical de Pechiney. Son homologue de la CFDT, Laurent Berger, ne dit pas autre chose. Mi septembre, il lançait le coup d’envoi d’une grande enquête sur le travail pour recentrer la campagne électorale sur les vrais sujets de préoccupation des Français. Lui aussi bouillonne.
Les études du ministère du Travail montrent pourtant que là où les centrales sont implantées, les concertations existent et sont constructives. En témoigne le dernier bilan de la négociation collective qui souligne la vitalité du dialogue social : 36 600 accords ont été signés dans les entreprises en 2015. La CGT en ratifie 84 % et la CFDT, 94 %. On est donc bien loin de l'opposition systématique et de l’immobilisme dénoncés par la majorité des candidats à la primaire de la droite et du centre. Si les coups de boutoir continuent, les syndicats pourraient tout à fait faire front commun pour défendre leur utilité, preuves à l'appui. La droite réussirait alors là où la gauche a échoué avec la loi Travail: reconstituer une unité syndicale.
Cocasse.
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