15 septembre 2016

CFTC BPCE Sa: Médiapart, Les employés d’un hôtel géré par Natixis saisissent l’OCDE

14 SEPTEMBRE 2016 | PAR DAN ISRAEL

Les salariés américains du Westin Long Beach dénoncent des pratiques contraires au droit du travail et des entraves à l’implantation d’un syndicat. Ils espèrent des réponses de la banque française, dont une filiale gère l’établissement, mais qui reste mutique.

Face au silence pesant que leur oppose la banque française, ils ont décidé d’aller un cran plus loin. Les salariés américains d’un hôtel de Los Angeles, le Westin Long Beach, viennent de déposer une plainte devant l’OCDE contre Natixis, dont une des filiales est responsable de la gestion de leur établissement.
Mediapart avait raconté ici la situation de ces femmes de chambre et de ces serveurs, qui dénoncent leurs conditions de travail difficiles et les obstacles dressés par leur direction pour les empêcher de créer une section syndicale. Le 24 mai, deux de leurs représentants avaient tenté de se faire entendre lors de l’assemblée générale de Natixis, sans succès. La direction de Natixis a refusé de les recevoir, ne se considérant pas comme concernée par cette affaire.
Le Westin Long Beach est un établissement de luxe (500 chambres à partir de 255 dollars la nuit, soit 230 euros), qui compte environ 200 salariés et appartient au fonds de pension des retraités du service public de l’Utah. Ce fonds de pension a chargé une filiale américaine de Natixis, AEW Capital Management, de diriger l’hôtel, et AEW a délégué la gestion quotidienne de l’hôtel à Interstate Hotels & Resorts, qui gère 400 hôtels différents.

Dans cet embrouillamini exemplaire du capitalisme moderne, les salariés qui souhaitent voir leurs droits reconnus errent de rebuffades en refus de communiquer. Ni Interstate, ni AEW, ni les retraités de l’Utah n’ont répondu à leurs demandes. Le fonds de pension a encore refusé de discuter la semaine dernière avec une élue locale de Long Beach, qui avait fait le déplacement pour soumettre le cas des salariés. Mais elle a été renvoyée vers Natixis. Or, la banque, elle-même filiale du groupe BPCE (et récemment épinglée par Mediapart), garde pour l’heure le silence.
Le syndicat qui épaule les employés de l’hôtel, l’antenne californienne de Unite Here, qui regroupe 20 000 salariés et est très engagé dans la défense des bonnes pratiquesdans l’hôtellerie, a donc décidé de changer de stratégie. Il vient de saisir le « point de contact national » (PCN) français de l’OCDE pour qu’il s’empare du dossier. « Nous avons essayé encore et encore d’obtenir une réponse de Natixis, vers qui nous renvoient systématiquement les autres acteurs du dossier. En vain, explique Jeremy Blasi, de Unite Here. Nous avons l’espoir que cette méthode fonctionnera. » Ce sont les syndicats français, CFDT notamment, qui ont soufflé l’idée de l’OCDE à leurs homologues américains.
Présents dans 41 pays, les PCN sont chargés de vérifier le respect par les multinationales de règles de bonne conduite (les « principes directeurs ») élaborées par l’OCDE, organisation rassemblant 34 pays parmi les plus riches de la planète. En France, le PCN est coordonné par la direction du Trésor à Bercy et rassemble des représentants des ministères de l’économie, de la santé, du travail, des affaires étrangères et de l’écologie. À leurs côtés, siègent le Medef et les syndicats français.............
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