A deux mois de la fin théorique des discussions sur l'avenir des régimes de retraite complémentaire Agirc et Arrco, la voie d’un accord paraît encore très éloignée. Revue de détails des points de blocage.
par Valérie Devillechabrolle 23/03/2015 Liaisons Sociales Magazine
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Au lendemain de la deuxième séance de négociation sur les retraites complémentaires, le 20 mars, plusieurs points cristallisent l’attention des partenaires sociaux. D’abord, le rythme du redressement: «Est-il indispensable de rétablir intégralement l’équilibre dès 2020, sachant qu’il y a des réserves ?» s’interroge Serge Lavagna (CFE-CGC).
Ensuite, la répartition équilibrée des efforts. Si dans l’esprit des syndicats, celle-ci ne peut passer que par une augmentation des cotisations, supportée à 60% par les employeurs, la question de la contribution des retraités est aussi sur la table. D’autant que la désinflation a déjà largement dégonflé l’effort que ces derniers auraient dû concéder en 2014 et 2015, au titre de l’accord de 2013. «Il faut espérer que l’inflation revienne», observe Jean-Louis Malys (CFDT), de façon à écarter le risque non plus seulement d’un gel pendant cinq ans, proposé par le patronat, mais d’une baisse nominale des pensions.
Abattements temporaires
Côté employeurs, la hausse des cotisations, réclamée à cor et à cris par les syndicats, «n’est certes pas tabou, elle n’est pas possible pour l’instant», tranche Claude Tendil, le chef de file du Medef. Concernant les abattements temporaires de pension en cas de départ anticipé avant 67 ans, prconisés par le patronat, les syndicats ont déjà obtenu que ceux-ci interviennent à partir de la génération née en 1959.
Autrement dit à partir de 2021 pour les candidats à une liquidation à 62 ans, voire 2019 pour ceux, éligible aux départs au titre d’une carrière longue ou d’un métier pénible. Mais moyennant «quel rythme d’abattement ?» s’interroge la CFDT, qui redoute de voir «détricoté» ce dispositif.
Fusion des caisses
Au grand dam de plusieurs syndicats (CFE-CGC, CFTC et CGT) résolument hostiles, le patronat, rejoint par la CFDT et FO, plaide en faveur de la création d’ici 2019, d’un régime unifié, assorti d’une mutualisation des réserves Agirc-Arrco. Au motif que «c’est la seule façon d’éviter de prendre des mesures très brutales d’augmentation des cotisations ou de baisse des pensions Agirc des cadres», prévient Claude Tendil.
«Ce ne serait pas anormal sachant que les cadres cotisent à l’Arrco depuis 1972 et que 69% de ceux ayant liquidé leur pension en 2013 perçoivent une pension Arrco supérieure à celle de l’Agirc», rappelle Philippe Pihet (FO). Enfin, si le patronat a abandonné son idée d’instaurer un abattement sur les réversions maintenues à 60%, il ne renonce pas à celle de les réduire au moins à 55%.
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