Le Monde.fr avec AFP | 05.03.2015 à 16h23 •
Mis à jour le 05.03.2015 à 16h35
La
justice prud'homale a reconnu, jeudi 5 mars, le harcèlement moral qu'a subi
Stéphanie Gibaud, une ancienne salariée d'UBS France, après que cette lanceuse
d'alerte avait refusé de détruire des documents susceptibles de révéler
l'existence d'un système d'évasion fiscale de la filiale française de la banque
suisse.
Selon le jugement du conseil de prud'hommes, l'institution financière
est condamnée à verser 30 000 euros de dommages et intérêts à son
ancienne salariée, licenciée en 2012.
- Stéphanie Gibaud réclamait 1,15 million d'euros pour réparer le harcèlement enduré et 1,7 million d'euros au total. Mais le tribunal n'a pas reconnu la discrimination et le délit d'entrave.
Réagissant auprès de l'Agence
France-Presse à l'issue du jugement, Stéphanie Guibaud a déclaré :
« C'est
énorme, notamment pour les lanceurs d'alerte qui sont derrière moi, parce que,
effectivement, ça peut servir de jurisprudence, ça peut servir pour les autres.
»
De son côté, UBS France « prend acte de ce
jugement », dans
un communiqué, même si l'institution « persiste
à considérer qu'il n'y a pas eu de harcèlement à l'égard de son
ex-salariée ».
La banque ajoute
qu'elle ne fera pas appel du jugement « au
regard des motivations du jugement et des faibles montants accordés par le
conseil de prud'hommes. »
témoin-clé
Embauchée par la filiale UBS
France à sa création, en 1999, Mme Gibaud était notamment chargée de
l'organisation d'événements pour des clients fortunés.
En 2008, elle avait
refusé de détruire des listings d'invités et de chargés d'affaires suisses
susceptibles d'accréditer un « démarchage illégal » de la filiale
bancaire pour que les clients ouvrent des comptes en Suisse à l'insu du fisc.
- Stéphanie Gibaud affirmait avoir ensuite été victime de harcèlement moral.
L'ex-salariée était ensuite
devenue un témoin-clé dans l'un des plus grands scandales d'évasion fiscale en
France.
C'est grâce à elle, et à quelques-uns de ses collègues, aux documents
qu'elle avait conservés, puis transmis à la justice et à la presse, que l'affaire UBS avait été divulguée.
Une
information judiciaire a été ouverte, en avril 2012, et confiée à deux juges
d'instruction du pôle financier du tribunal de grande instance de Paris.
UBS
France et sa maison mère suisse sont mises en examen pour démarchage illicite.
Loi cadre
Dans une lettre au président
François Hollande, plusieurs organisations ont réclamé mardi « une loi cadre » instituant « une protection globale » pour les lanceurs d'alerte, citoyens
qui dénoncent des faits graves pour l'intérêt général, avec une procédure
anonyme de transmission des informations et une pénalisation des entraves ou
représailles.
Elles souhaitent également « la
création d'une agence indépendante » pour recueillir et publier les alertes
et enfin un « fonds de dotation » pour financer les procédures et
indemniser les salariés des préjudices subis.
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