Après d'autres grandes banques européennes désireuses de réduire leurs coûts, Natixis va à son tour avoir recours au « nearshoring », en délocalisant une grande partie de ses activités informatiques au Portugal. Ce projet complexe, baptisé « Atlas », consiste à la fois à internaliser au sein du groupe des activités jusqu'alors confiées à des prestataires externes en France, et à les transférer pour l'essentiel dans une nouvelle structure de Natixis qui sera basée à Porto. De quoi changer profondément le modèle de fonctionnement de cette direction des systèmes d'information (DSI).
« Optimiser les coûts »
La banque de financement et de services financiers du groupe BPCE compte ainsi « pérenniser les compétences informatiques au sein de Natixis [...] en diminuant le recours à la prestation externe » et « optimiser les coûts », comme l'indique un document remis mercredi en Comité central d'entreprise (CCE), et dont « Les Echos » ont obtenu copie.
Création nette de postes en Franc eLes activités informatiques de Natixis ont jusqu'à présent eu largement recours aux prestataires externes, qui représentent en 2016 58 % des postes (équivalents temps plein, ETP) de cette direction. Et ce « pour absorber les hausses de charge » de travail et faire appel à des compétences spécifiques en matière de technologie. Mais « une analyse des modèles organisationnels de nos concurrents a mis en évidence que nos pairs ont aujourd'hui de nombreuses activités SI [systèmes d'information] externalisées et/ou localisées dans le monde et que l'utilisation des stratégies de sourcing connaît un fort développement dans le paysage bancaire et financier », note Natixis.
Dans ce contexte, la banque a donc prévu de réduire de près de moitié le recours aux prestataires externes basés pour quasi-totalité en France. Ainsi, entre 2016 et fin 2019, leur nombre devrait passer de 1.893 à 993. Une partie de ces fonctions, correspondant à l'activité de 150 prestataires, va être supprimée via l'optimisation des processus et l'automatisation des tâches, comme la mise en place d'une plate-forme de cloud interne. Dans le même temps, la banque va internaliser une autre partie de ces fonctions, ce qui permettra de créer en net 150 postes en France.
Mais Natixis va surtout internaliser l'activité de 600 prestataires externes pour transférer ces 600 postes au Portugal à horizon de trois ans. La banque a écarté la localisation de ces activités hors d'Europe « en raison de décalage horaire et des différences culturelles ». Reste que le Portugal dispose « de coûts immobiliers et salariaux compétitifs », d'un « contexte économique favorable pour les investissements étrangers » et « d'importantes compétences linguistiques », souligne la filiale de BPCE. Dans le détail, cette nouvelle structure de Natixis basée à Porto sera rattachée à la direction des systèmes d'information au siège, et sera organisée sur le même modèle.
« Au moment où chacun fait de l'emploi sur le territoire une priorité absolue notamment en termes de relais de croissance, y compris bancaire, il apparaît curieux que les dirigeants de notre entreprise se lancent dans une telle délocalisation des emplois hors France », ont réagi des élus syndicaux au cours du CCE.
Véronique Chocron
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