Le
député PS a déposé, hier, une nouvelle proposition de loi pour faciliter la
reconnaissance du syndrome d’épuisement professionnel comme maladie
professionnelle. Un texte signé par 83 députés, socialistes et écologistes, et
conçu avec l’appui du cabinet Technologia.
par Anne
Fairise 18/02/2016 Liaisons
Sociales Magazine
Benoît
Hamon ne lâche pas le morceau. Le député socialiste, et ancien ministre, a
déposé mercredi 17 février une nouvelle proposition de loi pour faciliter la
reconnaissance du syndrome d’épuisement professionnel, dit burn-out, comme
maladie professionnelle. Le frondeur, qui avait fait une précédente tentative
lors de l’examen au printemps 2015 de la loi sur le dialogue social, espère
cette fois profiter du projet de loi El Khomri, attendu début avril à
l’Assemblée nationale, pour faire avancer le dossier.
Soutenue
par 83 députés, socialistes
et écologistes,la proposition de loi tient en un seul petit article qui
propose de faciliter l’instruction de demandes en reconnaissance dans les
comités régionaux de reconnaissance des maladies professionnelles (C2RMP).
Actuellement, les salariés qui engagent cette démarche individuelle doivent
présenter un taux d’incapacité permanente partielle (IPP) de 25%. Un seuil trop
élevé, selon la pétition accompagnant la proposition de loi, qui est « un
obstacle à l’instruction des dossiers ». C’est pourquoi cette dernière
propose tout simplement de supprimer ce seuil.
Chemin de
croix
« C’est
la voie la plus simple et la plus pragmatique », a expliqué Benoît Hamon,
pour faire avancer le dossier qualifié de « très urgent ». Les
médecins du travail tirent, depuis des années, la sonnette d’alarme sur la
montée du burn-out qui frappe sans distinction cadres et simples employés,
salariés du public comme du privé. Bien qu’il n’existe aucun consensus sur le
nombre de personnes concernées. Les estimations varient de 30.000 (selon
l’institut de veille sanitaire, InVS) à trois millions selon le cabinet
Technologia, spécialisé dans la prévention des risques psycho-sociaux. Pour les
services du ministère du Travail, 9% des salariés sont « surexposés »
aux risques psycho-sociaux.
« Faciliter
la reconnaissance de l’épuisement professionnel, c’est engager un cercle
vertueux. Les entreprises vont être incitées financièrement à agir en
prévention. Les victimes de burn-out se reconstruiront plus rapidement, une
fois que sera reconnue la responsabilité directe de leur travail dans leur
situation », a expliqué Jean-Claude Delgènes, patron du cabinet
Technologia.
Des cas
trop rares aujourd’hui, selon Martine Keryer, secrétaire nationale confédérale
CFE-CGC chargée de la santé au travail, également présente lors de la conférence
de presse organisée par Benoît Hamon et les élus. « La reconnaissance des
cas d’épuisement professionnel par les commissions régionales dédiées
s’apparente à un chemin de croix », a commenté la syndicaliste.
Selon elle, 315 dossiers seulement ont pu y être présentés. La moitié d’entre
eux ont obtenu, après instruction, une reconnaissance en maladies psychiques
liées au travail.
Refus
persistant du patronat
Assouplir
les modalités d’examen dans les commissions régionales reste, en fait, l’unique
voie possible pour agir sur la reconnaissance de l’épuisement professionnel en
maladie professionnelle. L’inscription des troubles psychiques liés au burn-out
au tableau des maladies professionnelles a été écartée l’an passé par le
ministre du travail François Rebsamen, en raison des difficultés à distinguer
ce qui relève de cause personnelle et professionnelle dans les troubles
psychologiques.
Elle se
heurte aussi au refus persistant du patronat, qui reprend les mêmes arguments.
Et est peu enclin à se voir transférer une nouvelle charge. De fait, si les
pathologies liées au burn-out étaient reconnues comme maladies
professionnelles, la prise en charge du salarié en arrêt reviendrait, non plus
à l’assurance maladie, mais à la branche ATMP (Accident du travail-maladie
professionnelle), financée à 97% par les cotisations employeurs.
L’Académie
de médecine vient d’apporter de l’eau au moulin des réfractaires à
l’inscription de l’épuisemement professionnel au tableau des maladies
professionnelles, en réclamant davantage de recherche sur le burn-out.
« Le terme de burn-out renvoie à une réalité mal définie (…) et ne peut
donc être actuellement un diagnostic médical », écrit-elle dans un rapport
rendu public mardi 16 février, la veille de la présentation de la proposition
de loi portée par Benoît Hamon.
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