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L’ex-conseiller de Sarkozy a redressé le groupe Banque Populaire-Caisse d'Epargne dont il a pris les rênes en 2009. Sa meilleure défense face au juge Le Loire, c’est son bilan.
Le patron du groupe BPCE a été mis en examen hier soir par le juge Le Loire
pour "prise illégale d’intérêts", après une longue audition. Au sein du groupe,
ce n’est pas une surprise : les salariés avaient été préparés à cette
éventualité lors des vœux le 16 janvier. Il n’empêche, un chapitre important de
la procédure judiciaire engagée quatre ans plus tôt, à la demande des syndicats
CGT-Caisses d’Epargne et Sud BPCE s’écrit.
L’affaire porte sur les conditions de sa nomination à la tête du groupe bancaire, en février 2009. Celle-ci avait déclenché une vive polémique à gauche : secrétaire général adjoint de Nicolas Sarkozy, François Pérol avait suivi à l’Elysée les négociations sur la fusion entre les Caisses d’Epargne et les Banques Populaires. D’où le soupçon de conflit d’intérêts : la loi interdit à tout fonctionnaire de travailler pour une entreprise qu’il a surveillée. Il aurait dû passer une commission de déontologie, estiment les plaignants. "J’ai pensé que je devais et pouvais prendre ces responsabilités", nous rétorquait en janvier François Pérol, rappelant qu’il a été nommé par un conseil.
A ses détracteurs, le patron de BPCE oppose un argument en béton : son bilan. "La seule chose qui compte, ce sont les résultats que nous obtenons", dit-il. Imparable : le groupe, qui était en pleine déroute en 2009 - guerre de tranchées entre les "bleus" et les "rouges", crise de gouvernance, renflouement d’urgence par l’Etat – est assaini et profitable. En mai prochain, BPCE versera même pour la première fois des dividendes à ses actionnaires, les Banques populaires et les Caisses d’épargne.
Le sauvetage du groupe, accompli sans état d’âmes et prestissimo, s’est accompagné d’une conquête du pouvoir en interne. François Pérol a assis d’une main de fer son autorité dans un univers complexe, où l’on grenouille de toute part. Il explique, rassure, cajole. Mais à l’extérieur du conseil, il se met aussi dans de violentes colères. Manipule. Joue des dissensions internes et des lâchetés.
Légitimé, il veut maintenant passer à la phase B de son mandat : le développement. C’est l’objet du deuxième plan stratégique, "Grandir autrement". En décembre dernier, il en dévoile, dans une grande convention, le contenu aux 3.000 cadres dirigeants du groupe. Alors qu’il était critiqué à ses débuts pour son manque de charisme, son discours emporte une standing ovation. Son projet a de quoi plaire : développer BPCE dans l’assurance. Quitte à secouer les colonnes du temple…
L’affaire a conforté dans leurs certitudes les admirateurs autant que les détracteurs de ce Janus. Séduisant et drôle, ce bon vivant, à la tête d’une grande tribu (sept enfants, nés de deux unions), compte beaucoup d’amis. Mais il s’est aussi attiré de fortes animosités. "Il existe à Paris un club anti-Pérol", affirme un membre actif, qui dépeint un "faux gentil, sans foi ni loi, se croyant plus intelligent que tout le monde".
Le "club" a probablement sabré le champagne en apprenant sa mise en examen… En mai 2012, il avait cru son heure venue, avec l’élection de François Hollande. Ses ennemis en seront-ils encore pour leurs frais ? Plus que probable. Délicat de débarquer le capitaine du deuxième navire français au moment où la Banque centrale européenne va procéder à des stress tests – une inspection de fond en comble. "Je ne suis pas là pour me prolonger, précise François Pérol. Le jour où j’ai le sentiment de ne plus apporter au groupe, je m’en vais." Le message est clair : ni les juges ni les barons ne dicteront son agenda.
L’affaire porte sur les conditions de sa nomination à la tête du groupe bancaire, en février 2009. Celle-ci avait déclenché une vive polémique à gauche : secrétaire général adjoint de Nicolas Sarkozy, François Pérol avait suivi à l’Elysée les négociations sur la fusion entre les Caisses d’Epargne et les Banques Populaires. D’où le soupçon de conflit d’intérêts : la loi interdit à tout fonctionnaire de travailler pour une entreprise qu’il a surveillée. Il aurait dû passer une commission de déontologie, estiment les plaignants. "J’ai pensé que je devais et pouvais prendre ces responsabilités", nous rétorquait en janvier François Pérol, rappelant qu’il a été nommé par un conseil.
Un groupe assaini et profitable
L’ancien secrétaire général-adjoint de l’Elysée en a vu d’autres : cinq ans qu’on pronostique sa chute. Surtout, il s’appuie sur la confiance du conseil de surveillance : après l’avoir renouvelé en novembre 2012 dans ses fonctions, celui-ci vient d’annoncer dans un communiqué qu’il tenait "à témoigner à nouveau, à l’unanimité, sa confiance à François Pérol".A ses détracteurs, le patron de BPCE oppose un argument en béton : son bilan. "La seule chose qui compte, ce sont les résultats que nous obtenons", dit-il. Imparable : le groupe, qui était en pleine déroute en 2009 - guerre de tranchées entre les "bleus" et les "rouges", crise de gouvernance, renflouement d’urgence par l’Etat – est assaini et profitable. En mai prochain, BPCE versera même pour la première fois des dividendes à ses actionnaires, les Banques populaires et les Caisses d’épargne.
Un sauvetage accompli sans état d'âme
Ce n’était pourtant pas gagné. A son arrivée en février 2009, le fils de médecin, natif du Creusot, a certes déjà vécu plusieurs vies : secrétaire général adjoint du Ciri, le Samu des entreprises en difficulté, chef des marchés financiers au Trésor, directeur de cabinet à l’Economie, banquier d’affaires chez Rothschild... Son passage à l’Elysée, en pleine tempête financière achève de lui tanner le cuir. Mais le brillant ambitieux se trouve pour la première fois à la tête d’un grand groupe : 115.000 salariés, 8 millions de clients, une taille de bilan supérieure à la moitié du PIB français… Et cet HEC-énarque, inspecteur des finances a tout pour déplaire aux banquiers mutualistes.Le sauvetage du groupe, accompli sans état d’âmes et prestissimo, s’est accompagné d’une conquête du pouvoir en interne. François Pérol a assis d’une main de fer son autorité dans un univers complexe, où l’on grenouille de toute part. Il explique, rassure, cajole. Mais à l’extérieur du conseil, il se met aussi dans de violentes colères. Manipule. Joue des dissensions internes et des lâchetés.
La "standing" ovation des cadres du groupe
Un test décisif se joue en décembre 2012. Profitant d’un siège vacant au directoire, il saisit la fenêtre de tir, et demande à son conseil de se faire renouveler neuf mois avant l’échéance. Résultat : un vote unanime, malgré les doutes persistants sur son adhésion aux valeurs mutualistes.Légitimé, il veut maintenant passer à la phase B de son mandat : le développement. C’est l’objet du deuxième plan stratégique, "Grandir autrement". En décembre dernier, il en dévoile, dans une grande convention, le contenu aux 3.000 cadres dirigeants du groupe. Alors qu’il était critiqué à ses débuts pour son manque de charisme, son discours emporte une standing ovation. Son projet a de quoi plaire : développer BPCE dans l’assurance. Quitte à secouer les colonnes du temple…
"Il existe à Paris un club anti-Pérol"
A l’été 2013, il a en effet convaincu son conseil de mettre fin au partenariat historique liant les Caisses d’épargne à CNP Assurance. L’annonce tombe en septembre et agite le landernau politique : filiale de la Caisse des dépôts – dirigée par Jean-Pierre Jouyet, l’ami de François Hollande –, la CNP se lance dans un intense lobbying anti-BPCE.L’affaire a conforté dans leurs certitudes les admirateurs autant que les détracteurs de ce Janus. Séduisant et drôle, ce bon vivant, à la tête d’une grande tribu (sept enfants, nés de deux unions), compte beaucoup d’amis. Mais il s’est aussi attiré de fortes animosités. "Il existe à Paris un club anti-Pérol", affirme un membre actif, qui dépeint un "faux gentil, sans foi ni loi, se croyant plus intelligent que tout le monde".
Le "club" a probablement sabré le champagne en apprenant sa mise en examen… En mai 2012, il avait cru son heure venue, avec l’élection de François Hollande. Ses ennemis en seront-ils encore pour leurs frais ? Plus que probable. Délicat de débarquer le capitaine du deuxième navire français au moment où la Banque centrale européenne va procéder à des stress tests – une inspection de fond en comble. "Je ne suis pas là pour me prolonger, précise François Pérol. Le jour où j’ai le sentiment de ne plus apporter au groupe, je m’en vais." Le message est clair : ni les juges ni les barons ne dicteront son agenda.
Pensez-vous que tout ce remue-ménage est bon pour le groupe et ses salariés ?
Pensez-vous que les doutes sur l'évolution de la gouvernance de ce groupe, ne posent pas problèmes pour une banque dite "systémique" ?
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