7 février 2019

L'ANDRH publie un livre blanc pour prévenir le harcèlement sexuel au travail


HARCÈLEMENT

L'Association nationale des directeurs des ressources humaines (ANDRH) a dévoilé, à l'occasion d'un colloque à l'Assemblée nationale le 29 janvier, son livre blanc « Prévenir le harcèlement sexuel en entreprise – Repères pour les RH ».
31/01/2019  Fil AFP Liaisons Sociales



La psychiatre Marie-France Hirigoyen au colloque de l'ANDRH sur le harcèlement sexuel le 29 janvier à l'Assemblée nationale (photo @ANDRH)
Depuis le déferlement #Metoo sur les réseaux sociaux, l'ANDRH était très attendue par les praticiens RH sur le sujet de la prévention du harcèlement sexuel en entreprise. Il faut dire qu'une femme sur trois a un jour été confrontée à une situation de harcèlement sexuel au cours de sa vie professionnelle, selon une étude Ifop réalisée pour le site VieHealthy. L'ANDRH vient de répondre à cette attente avec la parution de ce livre blanc, fruit de la réflexion d'un groupe de travail qui a réuni 37 de ses adhérents venus de 26 groupes locaux.
Objectifs pour ces professionnels RH : donner des repères et des clés aux RH désireux de prévenir le harcèlement sexuel en entreprise à travers des actions concrètes. « Sur cette question, les RH sont bien souvent démunis et veulent sortir de leur isolement », a témoigné Sophie Mariot-Michaut, responsable RH chez Sanef, et membre du groupe de travail. Pourtant, « la fonction RH est en première ligne lorsqu’il s’agit de prévenir ou traiter des cas de harcèlement sexuel », a rappelé, lors du colloque, Bénédicte Le Deley, secrétaire générale de l'ANDRH.

Référents "prévention du harcèlement sexuel"

Pour aiguiller les DRH et leur permettre de traiter des cas concrets dans leur entreprise, le livre blanc, préfacé par Marlène Schiappa, la secrétaire d’Etat chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre la discrimination, égraine rappels à la loi, conseils et méthodes. En introduction du colloque, la députée LREM de Meurthe-et-Moselle, Carole Grandjean, a souligné la contribution de la loi Avenir professionnel en matière de prévention du harcèlement sexuel et des agissements sexistes. En point d'orgue selon elle : la présence de référents "prévention du harcèlement sexuel" désignés dans les entreprises d’au moins 250 salariés et au sein des CSE. Ceux-ci seront chargés d’orienter, d’informer et d’accompagner les salariés. « La loi Avenir professionnel oblige également l'employeur à afficher les actions contentieuses civiles et pénales ouvertes en matière de harcèlement sexuel », a ajouté la députée.

Formation en quatre axes

La formation, le dialogue social et l'implication de la direction générale restent toutefois les leviers essentiels en matière de prévention du harcèlement sexuel. En direction des managers et des RHH, l'ANDRH préconise une formation en quatre axes : caractériser et définir le harcèlement sexuel ; prévenir le harcèlement sexuel ; réagir à un cas de harcèlement sexuel ; les recours possibles et les sanctions encourues.
Le sensibilisation sur les faits de harcèlement sexuel passe également par la libération de la parole, sachant que seuls 5 % des cas de harcèlement sexuel sont portés devant les tribunaux. L'ANDRH recommande ainsi la mise en place d'une cellule d'écoute ou bien la constitution de réseaux de femmes. Fanny Jeune, DRH de Verallia Packaging, une filiale de Saint-Gobain, a testé de son côté le recours au théâtre avec des jeux de rôle où les hommes prenaient, le temps de la pièce, la place des femmes. « Cela a favorisé la prise de conscience. La libération de la parole est le point de départ de toute politique de prévention », a-t-elle expliqué.

Approche systémique

Pour Brigitte Grésy, secrétaire générale du Conseil supérieur de l'égalité professionnelle (CSEP), les entreprises doivent déployer une approche systémique en matière de prévention du harcèlement sexuel, fléau impactant à la fois « les relations interpersonnelles, les classifications et les process RH ». Elle se félicite de plusieurs avancées récentes. Législatives d'abord avec notamment la loi Rebsamen et sa définition des agissements sexistes, mais aussi de terrain, avec la charte #StOpE, signée par une trentaine d'entreprises. Parmi les actions prioritaires consignées dans ce document : la tolérance zéro face aux comportements sexistes sur le lieu de travail, l’accompagnement personnalisé des victimes, la prise en charge des agissements sexistes ou encore la sanction des comportements répréhensibles.
La psychiatre Marie-France Hirigoyen, spécialiste du harcèlement moral, a recommandé, quant à elle, une très grande vigilance sur les conséquences d'actes de harcèlement sexuel, provoquant chez les victimes du stress post-traumatique. « Bien souvent ce sont les victimes qui perdent leur travail », a-t-elle témoigné.
J-F. Rio
Notre avis:
  • A BPCE Sa, on fait quoi sur le sujet ?


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