AFP•30/11/2018 à 13:53
La Banque centrale
européenne a donné, vendredi à Rome, le coup d'envoi de son "TIPS",
un service de paiement instantané utilisable par les consommateurs et
entreprises en zone euro et qui se veut une réponse aux géants numériques.
L'Europe bancaire, qui a perdu la bataille dans le
domaine des cartes bancaires dominé par les américains Visa et Mastercard, veut
être prête face aux mastodontes américains Google, Amazon ou Apple ainsi qu'au
chinois Alibaba qui s'installent sur le marché des services de paiement.
"Avec le lancement de TIPS, l'Eurosystème
reconnaît le fait que la numérisation gomme les frontières entre paiements de
gros et de détail", a déclaré Yves Mersch, membre du directoire de la BCE
venu au siège de la Banque d'Italie, près de Rome, pour lancer officiellement
le dispositif.
"Grâce à TIPS, les clients des fournisseurs de
services de paiement peuvent transférer des fonds à travers toute l'Europe en
temps réel, 24 heures sur 24, 365 jours par an", a ajouté le
Luxembourgeois qui a ensuite donné le feu vert aux premières transactions en
appuyant sur une tablette numérique.
La première a été enregistrée immédiatement
"lorsqu'un client de la banque espagnole CaixaBank a utilisé le TIPS pour
effectuer un paiement instantané à un client de la banque française
Natixis", a annoncé la BCE dans un communiqué.
Ces deux établissements sont les premiers à rejoindre
TIPS avec les espagnols Abanca Corporación Bancaria, Banco Bilbao Vizcaya
Argentaria, Banco de Crédito Social Cooperativo et Caja Laboral Popular Cooperativa
de Crédito, et les allemandes Berlin Hyp et Teambank, selon la BCE.
La particularité du dispositif est que les euros qui
circuleront proviendront de comptes ouverts par les banques auprès d'une banque
centrale, permettant une grande rapidité d'exécution des transactions et une
quasi-gratuité, en sautant l'étape intermédiaire des portefeuilles
électroniques type Apple ou Google.
- Dans la seconde -
Des implications au quotidien sont prévisibles, pour
régler ses achats au supermarché ou son plein d'essence, mais pas seulement.
"Pensez à votre enfant se trouvant dans la file
d'attente d'un cinéma et qui va vous demander à distance de lui envoyer 10
euros dans la seconde", explique à l'AFP Marc Bayle de Jessé, directeur
général à la BCE, chargé des infrastructures de marché et des paiements.
- En réglant simplement ce type de situation, TIPS va permettre de "remplacer l'argent liquide qu'on a dans sa poche par un paiement numérique instantané", ajoute-t-il.
Des applications de paiement express en ligne existent
déjà en zone euro, comme Paylib en France, également au Royaume-Uni et en
Scandinavie. Mais ces offres restent "nationales et réservées aux membres
d'une même communauté", observe M. Bayle de Jessé.
- Prix modique -
Pratique pour les utilisateurs, ce type de paiement
express va créer un manque à gagner pour les banques, qui n'auront plus à
disposition des liquidités à placer sur le marché en jouant sur les dates
d'échéance comme lors d'un virement bancaire classique.
La BCE anticipe néanmoins que ces établissements vont
adhérer en nombre au TIPS, dès lors que l'activité décollera et permettra
d'amortir le coût de mise en place.
L'institution francfortoise veut elle rentrer dans ses
coûts et va facturer les banques au tarif modique de 0,20 centime d'euro (0.002
euro) par transaction. Une autre carotte: chaque banque sera exemptée de frais
pour les 10 premiers millions de transactions effectuées.
Ensuite, "les banques devront définir comment
elles factureront le service à leurs clients", en se situant bien en deça
de ce qui se pratique dans l'univers des cartes bancaires, explique M. Bayle de
Jessé.
- Selon une enquête de la BCE auprès d'acteurs de marché, quelque 10 millions de paiements instantanés pourraient se faire par jour en zone euro d'ici à 5 ans, soit environ 10% des transactions effectuées aujourd'hui à l'aide de cartes de paiement.
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