19 novembre 2018

BPCE Sa et handicap, et si on passait au concret ?

HANDICAP. « ILS NE VOIENT QUE LE FAUTEUIL, PAS MES COMPÉTENCES »

Lundi, 19 Novembre, 2018
Laurence Durand, paraplégique depuis 2015, ne parvient pas à sortir du chômage. Elle témoigne à l’occasion de la Semaine de l’emploi des personnes handicapées.
«Un accident domestique à la con. » Jamais Laurence Durand, 46 ans, n’aurait imaginé que changer une simple ampoule lui coûterait l’usage de ses jambes. En tombant d’une chaise, sa colonne vertébrale se brise. « J’étais monitrice d’auto-école. J’avais plus de chance de devenir paraplégique en percutant une voiture… » Cette chute, survenue en 2015, a signé l’arrêt de sa carrière. « Je suis aussi titulaire d’un diplôme d’ambulancier, mais cela ne me sert plus à rien maintenant », lâche-t-elle, résignée.
Depuis sa reconversion forcée, Laurence cherche un poste d’hôtesse de caisse, de secrétaire ou d’agent d’accueil. Des métiers compatibles avec son handicap. Mais difficile à décrocher. Surtout lorsque Pôle emploi ne fait pas ce qu’il faut pour l’aider. « Leurs propositions se basaient uniquement sur mon CV, explique Laurence. Je n’ai reçu que des offres d’ambulancière, que je déclinais à chaque fois en expliquant ma situation. » L’histoire vire même au burlesque. Pour cause de multiples refus, Pôle emploi menace de la radier !
Laurence se déplace alors à l’agence, pour que les conseillers voient, de leurs propres yeux, pourquoi elle n’accepte aucune de leurs propositions. « Avant ça, ma conseillère ne voulait pas porter à mon dossier que j’étais en fauteuil, craignant que ce soit discriminatoire. Mais c’est juste une réalité ! Mentionnez-le, arrêter de m’envoyer des choses délirantes ! Comment voulez-vous que j’aille secourir quelqu’un qui vit au troisième étage ? Je ne suis même pas capable de monter une marche ! »

Un taux d’employabilité très faible

Le cas de Laurence est loin d’être isolé. En France, 514 000 personnes en situation de handicap cherchent un travail. C’est près de 9 % de l’ensemble des demandeurs d’emploi. Leur taux de chômage, de 19 % en 2018, est deux fois plus élevé que la moyenne nationale. Un chiffre en augmentation, qui a encore bondi de 3,5 % en un an. Plus âgées, moins qualifiées et moins formées que la moyenne, elles ne correspondent pas aux critères standards « d’employabilité ».
À cela s’ajoutent des problèmes réels de discrimination, d’accessibilité aux transports, et aux locaux d’entreprises. Pas étonnant que les femmes et les hommes en situation de handicap connaissent des périodes de chômage plus longues – 804 jours en moyenne, contre 602 jours. Même si les lois de 1987 et 2005 obligent les entreprises à embaucher au moins 6 % de personnes handicapées, elles ne représentent que 3,4 % des salariés du privé et 5,42 % des agents publics.
Au fil de la discussion, Laurence nous convainc qu’elle pourrait escalader des montagnes malgré son fauteuil. Mais les recruteurs ne voient pas les choses du même œil. Toutes ses candidatures spontanées se soldent par un échec. « Quand j’arrive à un entretien, c’est toujours la même réaction : “Ah, vous êtes en fauteuil…” Les employeurs ne voient que mon handicap, pas mes compétences. » Depuis son accident, Laurence n’a plus jamais réussi à trouver un emploi. « Ils ont tous une bonne excuse. Et quand une entreprise est prête à m’embaucher, la configuration des locaux ne permet pas de m’accueillir dignement », s’insurge-t-elle.
La loi du 11 février 2005 pour « l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées » établit pourtant des obligations de mise aux normes d’accessibilité. Mais les changements tardent et la condamnent à rester hors du chemin de l’emploi. Pendant un court instant, sa bonhomie et sa jovialité laissent place à un ton plus grave, trahissant sa désolation. « Avoir une période d’essai, je ne demande que ça. Laissez-moi faire mes preuves, avant de dire que je ne pourrai pas le faire ! J’ai perdu l’usage de mes jambes, mais j’ai toute ma tête. Je me bats pour faire comprendre que, même si je suis en fauteuil, je suis une personne normale, capable de travailler. À la longue, c’est juste horrible et fatiguant. »

11 000 euros le fauteuil basique

Pendant qu’elle partage avec nous son histoire, Arnaud, son fils de 17 ans, fulmine. Trop souvent, il a été témoin du mépris de certains valides. La situation l’a rendu amer. « La devise de notre pays, c’est “Liberté, égalité, fraternité” ? Mais où est l’égalité ? Et surtout, où est la fraternité ? Au début, j’accompagnais ma mère partout. Maintenant, j’évite de sortir. Les remarques et le manque de considération des gens peuvent me rendre violent. » Mais Laurence, battante, refuse que la société lui dicte sa conduite. « Je vais en discothèque, prépare la compétition d’Île-de-France en vol de soufflerie, et fais du kung-fu avec des valides que je mets sur les rotules, dit-elle fièrement. Je suis la seule à pouvoir m’imposer des barrières. Et le handicap n’en est pas une, on peut aller au-delà. »
En tant que représentante départementale bénévole pour l’Association des paralysés de France (APF), Laurence veut faire bouger les choses. « Ça prend toute ma semaine, mais ça ne me nourrit pas. » L’allocation adulte handicapé (AAH) est le seul revenu dont elle dispose, soit 817 euros par mois pour son fils et elle. « En plus, je dois changer mon fauteuil roulant, car celui que j’ai est trop étroit. J’en ai pour 11 000 euros. » Le remboursement de la Sécurité sociale ne va pas au-delà de 960 euros pour un fauteuil manuel. « Et, avec le nouveau contrôle technique, je sais que ma voiture adaptée va y passer. Sa remplaçante me coûtera 10 000 à 20 000 euros d’occasion. Le gouvernement a annoncé une hausse de l’AAH, mais ce n’est pas ça qui va nous aider. »
Faute d’emploi, vivre à crédit est la seule solution qu’il reste à beaucoup de personnes handicapées pour subsister.
Anastasia Nicolas
L'humanité.fr
Notre avis:

  • Et si à BPCE , au lieu de faire comme dab de la communication: 

Handicap et emploi : parlons-en !

19/11/2018

La Semaine européenne pour l'emploi des personnes handicapées se tient du 19 au 25 novembre, un temps pour informer et partager les bonnes idées. 

  • Nous pouvions avoir des actions concrètes de recrutements de personnes et des accords "handicap" ( toujours rien à BPCE Sa), on pourrait peut être croire à un vrai engagement, vis à vis du handicap.

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