L’établissement est accusée de ne pas avoir informé ses clients, en 2007, en pleine crise des subprimes, qu’ils détenaient des titres au fort potentiel de baisse.
Le Monde.fr avec AFP | • Mis à jour le
Dix ans après la pire crise économique depuis la Grande Dépression de 1929, la banque Natixis va devoir rendre des comptes. Cette filiale cotée du groupe bancaire BPCE a été mise en examen pour avoir diffusé en 2007 – en pleine crise des subprimes – des informations erronées sur ses activités, ont rapporté des sources concordantes mercredi 15 février.
Dans un communiqué, Natixis a pour sa part confirmé avoir été incriminée « dans le cadre d’une procédure d’instruction judiciaire ouverte en 2010, à raison de deux communiqués diffusés au second semestre 2007 », sans apporter davantage de détails sur la nature desdits communiqués.
Communication sélective
Selon la présidente de l’Association pour la défense des actionnaires minoritaires (ADAM), Colette Neuville, cette mise en examen est l’aboutissement de la plainte que cette même asssociation avait déposée en 2009 pour information trompeuse.
Mme Neuville rappelle qu’alors que « des subprimes extrêmement dangereux » avaient été découverts dans les comptes de la banque, Natixis n’a pas informé ses clients « qu’ils détenaient un titre qui (…) avait un fort potentiel de baisse ». En parallèle, la banque continuait néanmoins de communiquer afin de « nourrir [son] cours de Bourse ».
Ainsi, en pleine crise des subprimes, « des centaines de milliers de gens ont été sollicitées pour acheter des titres Natixis ou souscrire à une augmentation de capital par des conseillers bancaires en qui ils avaient confiance », a-t-elle ajouté, précisant que « des titres vendus aux clients à environ 20 euros sont descendus à 1 euro ».
Natixis se défend
Dans son communiqué, la banque considère pour sa part « avoir fourni au public, en toute sincérité, les informations dont elle disposait sur ses expositions, au fur et à mesure de l’identification des risques ».
La crise des subprimes, des prêts hypothécaires à risque accordés en masse à des ménages à la situation financière fragile dans les années 2000, a eu des répercussions mondiales. Elle « a constitué, pour Natixis comme pour toutes les banques de la place, une situation sans précédent dont il était alors impossible d’anticiper les conséquences en chaîne », estime la banque.
D’autres banques ont déjà été condamnées ou ont trouvé un accord avec la justice outre-Atlantique dans le cadre de cette crise. En décembre, Deutsche Bank et Credit Suisse sont convenus avec la justice américaine de s’acquitter respectivement de 7 milliards et 5,28 milliards de dollars. Quant à l’agence de notation Standard & Poor’s, elle avait dû s’acquitter de 1,5 milliard de dollars en février 2015.
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