A compter
du 1er décembre, deux nouveaux motifs économiques jusqu'ici reconnus par la
jurisprudence feront leur entrée dans le code du travail: la réorganisation de
l'entreprise nécessaire à la sauvegarde de sa compétitivité et la cessation
d'activité.
A
compter du 1er décembre, deux nouveaux motifs économiques jusqu'ici reconnus
par la jurisprudence feront leur entrée dans le code du travail: la
réorganisation de l'entreprise nécessaire à la sauvegarde de sa compétitivité
et la cessation d'activité. Par ailleurs, les difficultés liées à une
baisse "significative des commandes ou du chiffre d'affaires" par
rapport à la même période de l'année précédente sont précisées: un trimestre
pour les entreprises de moins de 11 salariés, deux trimestres consécutifs pour
les moins de 50... Un nouveau mécanisme que saluent les petits patrons.
"Il y aura désormais un élément incontestable par le juge qui va pouvoir
sécuriser l'éventuel licenciement", estime
Jean-Michel Pottier, en charge des affaires sociales à la CGPME. Il existe
selon lui "une vraie peur du juge, parce qu'une petite boîte qui est mal à
l'aise avec des systèmes juridiques complexes peut faire des erreurs de
procédures qui lui coûtent des indemnités délirantes", ajoute M. Pottier. "Les
patrons de TPE-PME cherchent tous les moyens pour ne pas embaucher, par crainte
d'être coincés en cas de retournement de conjoncture", souligne le
responsable patronal, pour qui toute "dédramatisation de la rupture"
est "favorable à l'emploi". Les grosses entreprises semblent moins
impatientes. "Les DRH n'attendent pas le doigt sur la gâchette, cette
réforme ne fait qu'entériner une jurisprudence déjà sévère", estime
Sylvain Niel, avocat chez Fidal, qui conseille plusieurs grands groupes.
"Contourner le juge"
Le Medef
regrette que le gouvernement ait renoncé à changer le périmètre d'appréciation
des difficultés, qui aurait permis, comme ailleurs en Europe, de les évaluer au
niveau de l'entreprise et non plus au niveau du groupe. "Tout le malheur
du licenciement économique en
France vient de la question du périmètre", explique Danièle Chanal, du
syndicat d'avocats d'entreprise AvoSial. "Demain si une filiale perd
400.000 euros par mois en Auvergne mais qu'au Mexique le groupe est
bénéficiaire, il n'aura toujours pas de motif pour la restructurer. Cela va
continuer à décourager d'investir en France", poursuit la juriste. Mais
l'effet de la loi ne sera pas nul pour autant, nuance-t-elle: "Il y a
clairement des entreprises dont les indicateurs vont +matcher+ avec la nouvelle
définition et qui attendent décembre pour démarrer leurs plans".
C'est
bien ce que l'on craint côté salariés. "La loi va naturellement faciliter
les licenciements puisqu'elle fixe des
cas dans lesquels ils seront +automatiquement+ considérés comme justifiés, au
regard d'indicateurs comptables sur lesquels de nombreux employeurs peuvent
aisément jouer", s'inquiète Judith Krivine, avocate chez Dellien associés.
"En pré-constituant le motif économique, la loi va contraindre le juge et
le contourner. Or, seul un travail humain peut permettre de vérifier que les
montages d'une entreprise correspondent à de réelles difficultés", abonde
Me Etienne Colin. Il prend pour exemple la baisse du chiffre d'affaires,
"dont la jurisprudence a toujours considéré qu'elle ne pouvait à elle seule
constituer un motif économique. Ce critère ne veut rien dire en soi, une
entreprise d'un secteur très profitable comme l'industrie pharmaceutique peut
présenter un chiffre d'affaires inférieur à celui de l'année précédente mais
demeurer très riche". L'avocat prédit une recrudescence des licenciements "surtout dans
les petites entreprises qui ont préféré ces dernières années recourir aux
ruptures conventionnelles".
(avec AFP)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire