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Publié le 25-05-2016 à 11h14Mis à jour à 11h20Par Pierre-Henri de Menthon
EXCLUSIF Le
think tank libéral Génération Libre s’attaque à l’"oligopole
bancaire".
- Surprotégés par des rentes entretenues par les pouvoirs publics, les grands établissements de crédit français seraient en réalité très fragiles.
MEYER / A
Après la Caisse des dépôts et
Bpifrance, le think tank libéral GénérationLibre dirigé par Gaspard Koenig
s’attaque au…. système bancaire français.
Très fourni, ce document de 74 pages
a été rédigé, par un groupe d’experts et d'"insiders" qui hélas
resteront anonymes.
Ce qui n’enlève rien à la qualité de l’étude, et lui permet
d’avoir une liberté de ton certaine.
Génération Libre n’hésite pas à évoquer
d’entrée un "oligopole", le rapport étant carrément titré:
"Casser la rente bancaire française. Pour un système bancaire plus sûr,
plus concurrentiel, et plus européen".
Selon les auteurs "l’oligopole
bancaire est porteur de risque systémique et échappe largement au regard
critique de l’opinion et des medias".
Les auteurs s’en prennent
particulièrement aux pouvoirs publics qui soutiennent implicitement ces acteurs
aussi bien au niveau national que via la Banque centrale européenne (BCE).
Il
est rappelé que selon les travaux du prix Nobel d’économie Robert Engle, trois
des six institutions financières les plus "systémiques" du monde sont
françaises, la plus exposée étant BNP
Paribas. Le Crédit
agricole et BPCE (Banques populaires-Caisses d’épargne) en
prennent aussi pour leur grade, puisqu’elles jouissent d’une rente spécifique
avec une "faible rémunération du capital et l’absence de risque
d’OPA".
Trop grosses, trop protégées, ces
institutions doivent aujourd’hui se remettre en cause "le gigantisme
bancaire étant générateur de risques catastrophiques, ce qui appelle la
vigilance".
L’une des principales rentes dont bénéficient les "mastodontes"
français, est le marché des particuliers, l’un des moins concurrentiels
d’Europe. Génération Libre constate ainsi "l’existence de pratiques
tarifaires contestables, voire très choquantes, de la part des banques
françaises" y compris sur la gestion d’actifs.
- Une situation "guère contestée par les autorités publiques".
En ce qui concerne le marché des
clients professionnels, la situation serait pire, l’étude évoquant un
"matraquage".
Un espoir fondé dans l'ubérisation
- Pour assainir la situation, Génération Libre fonde beaucoup d’espoir dans "l’ubérisation": "Les nouvelles technologies, et le nouveau rapport aux services qu’elles permettent, condamnent à terme le maintien des rentes".
- La montée de la désintermédiation et des financements non bancaire est également saluée comme un progrès.
Mais la principale urgence est la mise en place de la
"séparation bancaire", (banque de détail-banque d’investissement)
bloquée par le Parlement européen depuis mai 2015 et la relance d’une vraie
politique de la concurrence dans le secteur.
En conclusion Génération Libre fait
18 propositions pour la réforme du secteur qui pourraient être regroupées dans
une "loi Macron de la banque" permettant notamment de faciliter
l’arrivée des Fintech ou de créer un fichier positif, permettant d’améliorer la
relation avec les clients.
Une plus grande transparence tarifaire, notamment
pour les clients PME, est également proposée.
On attend la réaction de la
Fédération bancaire française, de la Banque de France, de Bercy etc.
Le mérite
du rapport est de faire avancer le débat, largement ouvert avec la crise de
2008, mais qui semble s’être refermé.
La campagne présidentielle est un cadre
propice pour secouer un peu nos amis de la finance.
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