Jeudi soir lors de la présentation de ses vœux au personnel de BPCE SA, F. Pérol a dit et redit qu’il ne voyait pas de frontières entre l’organe central et le Groupe – et vice-versa.
- En prologue cependant, il a fait part du décès de deux salariés d’une banque africaine du Groupe intervenu le… 19 décembre.
Ce
jour-là, au Cameroun, cinq salariés se rendant à la fête de Noël de leur
entreprise la banque BICEC ont été blessés – dont deux mortellement, donc – par
des membres de la secte Boko-Haram voulant s’emparer de leur voiture.
- Pendant vingt jours donc, les salariés français de BPCE ont été tenus dans l’ignorance de ce drame.
Accessoirement,
quel Français n’a pas au moins entendu parler de Boko-Haram – dont il est
question chaque jour, dans tous les médias ?
Accessoirement,
aussi et surtout : l’armée française – c’est à dire, excusez du peu :
la France, chacun de ses citoyens - intervient dans cette région de l’Afrique.
Conclusion
spontanée d’une bonne partie de l’auditoire : on nous prend pour des
collaborateurs trop bêtes pour entendre les simples vérités qui nous
concernent.
Étrange tactique de communication !
Mais
qui donc «conseille», si maladroitement, notre président du directoire
national ?
- Il est vrai que, dans la même allocution encore, l’orateur a indiqué aux salariés qu’il renonçait systématiquement à utiliser les discours écrits qu’on lui préparait.
- Sympa pour le(s) collègue(s) en charge de cette tâche parfaitement inutile… à moins qu’elle ne soit confiée à l’un des cinq cents prestataires quasiment à demeure dans l’entreprise (hors-logistique).
Lesquels
nous coûtent un bras… et nous valent le pillage sciemment organisé de nos
ressources – tant cérébrales que matérielles – puisqu’à peu près tout ce que
les consultants font ici, des salariés-maison sauraient le faire.
Tout
talent oratoire a ses limites : ce n’est pas la première fois que les
propos exagérément et délibérément improvisés du numéro un du Groupe déçoivent,
et pour cause, le personnel auquel il s’adresse.
Si
F. Pérol nous avait parlé dès le 19 décembre, en tant qu’adultes et en tant que
lointains collègues, des victimes camerounaises, il n’aurait pas eu à
s’interroger vainement sur l’opportunité d’associer leur mémoire à la minute de
silence Charlie-Hebdo du 8 janvier à la mi-journée : dans l’esprit
de tous les collaborateurs, la chose aurait coulé de source.
Et
– sans le moindre doute non plus - aurait pu être reprise, l’émotion feinte en
moins, en exergue de ses vœux le soir-même.
- A quoi sert donc la page d’accueil du portail intranet de «l’organe central», où l’on nous donne chaque jour tant d’informations lambda, si elle ne sert pas à évoquer un fait aussi grave et attristant pour «le Groupe» ?
A
part cela : Des vœux, comment pourrait-on dire ?
"D'une effroyable banalité"
les salariés ont eu droit à la litanie des chiffres 2014,
qu’ils connaissent déjà pour peu qu’ils s’y intéressent ou –
incroyable ! – qu’ils les aient eux-mêmes traités jour après jour dans
le cadre de leurs missions.
- Et à l’usuelle litanie de prénoms : ceux des managers semble-t-il les plus en pointe durant l’année écoulée.
- Le prénom sans le nom, c’est très bobo - ça fait chef proche de ses troupes.
Cela
donne, surtout, une déplorable impression de pratiquer l’entre-soi managérial -
même si parfois les salariés ont droit à un vague «les équipes de
Machin» puis «les équipes de Chose».
Lesdites
équipes sont reconnaissantes, vraiment…
- Sauf qu’une large fraction des troupes, celle qui n’est pas subordonnée à chacun de ces héros successivement cités, se demande pendant quelques secondes à quel nom peut bien correspondre ledit prénom.
- Sauf qu’au bout d’un moment, on n’y prête même plus attention.
- Sauf que le fait d’être cité dans le discours des vœux 2014 peut cacher un brutal changement d’organigramme en 2015.
Ainsi,
F. Pérol a vanté la DISG comme ayant réussi à être joliment primée à
l’extérieur pour la qualité de la réalisation du projet Cœur de ville :
dans quelques semaines, les contrats de travail BPCE SA de trente-sept
collaborateurs de cette direction sur cinquante – précisément : ceux qui
ont le plus directement contribué à l’aménagement, à l’entretien et à la
sécurité du site - seront transférés vers Natixis.
- Oui, décidément : mieux vaut ne pas apparaître dans le spectre oratoire du président Pérol.
Le
président du directoire n’est pas sans savoir (en tout cas : cela
aurait dû remonter jusqu’à lui, ou alors la DRH ne fait pas son travail)
qu’un nombre significatif de salariés de l’entreprise qu’il dirige est en
situation de sous-emploi de ses compétences : pour… préparer ses discours
il pourrait au moins recourir aux services de ces collaborateurs - parfaitement
identifiés par les managers et la DRH, puisque délibérément laissés au bord du
chemin.
Des
discours mieux construits, disant vraiment quelque chose au lieu d’enfiler les
banalités.
Et,
surtout, ne cachant pas la réalité avec laquelle les salariés BPCE – c’est
évidemment une part de leur travail - sont appelés à composer.
A
propos : où était donc passé, ce 8 janvier, le président du conseil de
surveillance ?
- En principe, le président du conseil de surveillance jouit d’une préséance - au mieux : institutionnelle, au pire : de circonstance - sur le président du directoire.
Le
soir des vœux, manifestement il était juste présent au premier rang de
l’auditoire – puisque F. Pérol a gentiment évoqué la parfaite connaissance
qu’aurait «Steve» du continent africain.
Mais
il ne s’est pas adressé au personnel.
- Privé de micro ?
Décidément :
quels «communicants» et quels «stratèges» conseillent donc F. Pérol ?
D’ailleurs
resté muet sur l’incertitude de son sort judiciaire - pour le coup, un sujet
qui concerne directement les salariés de son entreprise.
Même
l’an dernier, alors que l’attention de la Justice était moins pressante, il
avait osé une pirouette.
Là :
rien…
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire