Contrat de travail agile : lettre ouverte à M. Pierre GATTAZ |
Monsieur le Président, En ce début d’année, permettez-moi de vous présenter tous nos vœux de réussite quand vous et votre organisation travaillez pour le bien commun. Suite à la lecture de la lettre ouverte sur l’emploi que vous avez co-signée ce week-end à l’attention du Président de la République, j’ai le plaisir de vous annoncer une bonne nouvelle : Le contrat de travail avec ses droits progressifs que vous appelez de vos vœux existe, il s’appelle le contrat à durée indéterminée (CDI). Durant les premiers mois de celui-ci, il peut y être mis fin de façon très rapide, cela s’appelle la rupture de la période d’essai. Puis en fonction de l’ancienneté acquise, les prérogatives du salarié se renforcent et un certain nombre de droits apparaissent, c’est le cas par exemple pour d’éventuelles indemnités de licenciement ou de droits à la formation. Concernant la possibilité de faire perdre leur travail à des collaborateurs en cas de difficulté économique, baisse de commandes ou autres : tout cela est prévu dans le Code du travail (Art. 1233-3) afin de simplifier la vie administrative des entreprises notamment les plus petites, il n’est pas nécessaire de reprendre obligatoirement ces différentes modalités dans le contrat de travail individuel. Toutefois, si certaines le désirent, elles peuvent le faire, rien ne l’interdit. Concernant les prud’hommes, il s’agit simplement d’une institution qui permet à celui qui pense avoir subi un préjudice de se tourner vers le juge pour dire le droit et réparer l’éventuel préjudice. Vous noterez comme moi que la moitié des juges prud’homaux sont issus du patronat, si vous estimez qu’ils sont mauvais, ou nocifs, il vous appartient de présenter de meilleurs candidats et de demander à ceux que vous estimez incompétents de démissionner. Ne pensez-vous pas, Monsieur le Président, que les problèmes économiques que nous rencontrons sont majoritairement liés à la véritable concurrence déloyale qui s’est instaurée au sein du marché unique en particulier et dans le cadre de la mondialisation en général, concurrence déloyale en termes fiscaux, environnementaux et sociaux ? Pour ne prendre qu’un exemple, si je suis un industriel français, et que je désire construire une usine après avoir comparé les règles fiscales, environnementales et sociales en vigueur en France et en Bulgarie, quel choix vais-je faire ? Pensez-vous que c’est en pénalisant encore plus les salariés que nous répondrons à ce défi majeur ? Enfin, Monsieur le Président, permettez-moi de vous rappeler que les salariés sont des femmes et des hommes, fréquemment chargés de famille et non des variables d’ajustement au service d’une économie déconnectée de son rôle : un outil au service du développement humain. Veuillez agréer, Monsieur le Président, l’expression de mes sentiments les meilleurs et légèrement navrés. Pantin, le 13 janvier 2016 Joseph THOUVENEL Vice-Président Notre avis: la créativité du MEDEF pour les patrons français est sans limite, ils en sont à réinventer l'eau chaude. |
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