26 janvier 2019

Prise d'acte : l'ancienneté des manquements invoqués n'est pas suffisante pour disqualifier la prise d'acte en licenciement sans cause réelle et sérieuse



boursorama:com•18/01/2019 à 14:44

Une salariée engagée à compter du 1er octobre 2006 a pris acte de la rupture de son contrat de travail à effet au 25 novembre 2013 puis a saisi la juridiction prud'homale de diverses demandes relatives tant à l'exécution qu'à la rupture de son contrat de travail.
La Cour d'appel l'a déboutée de ses demandes relatives à la rupture du contrat de travail.
La Cour a retenu que cette salariée invoquait à l'encontre de l'employeur divers manquements commis « durant toutes ces années en ce qu'il a refusé de lui établir un contrat de travail écrit, qu'il ne l'a pas indemnisée au titre de ses congés payés, qu'il ne lui a pas permis de bénéficier des visites médicales auxquelles elle avait droit, qu'il lui a fourni du travail sur un temps très variable d'un mois sur l'autre et qu'il ne lui a pas attribué les tickets restaurant prévus pour les autres salariés ».
Or, la Cour a relevé que cette salariée n'avait exprimé l'ensemble de ces manquements pour la première fois que par courrier du 3 septembre 2013 alors qu'elle se trouvait au service de l'employeur depuis le 1er octobre 2006.
La Cour d'appel en a déduit que l'intégralité des manquements invoqués par la salariée à l'appui de sa prise d'acte duraient ainsi depuis plusieurs années et qu'ils n'avaient aucunement empêché la poursuite du contrat de travail.
En conséquence, il y avait lieu de juger selon la Cour que les manquements invoqués ne justifiaient pas la prise d'acte qui ne pouvait donc pas produire les effets d'un licenciement sans cause réelle et sérieuse, mais seulement les effets d'une démission.
La Cour de cassation casse l'arrêt d'appel (Cour de cassation, chbre sociale 19 décembre 2018 n°16-20.522) :
« Qu'en se déterminant ainsi, en se référant uniquement à l'ancienneté des manquements imputés par la salariée à l'employeur, alors qu'il lui appartenait d'apprécier la réalité et la gravité de ces manquements et de dire s'ils étaient de nature à empêcher la poursuite du contrat de travail, la cour d'appel n'a pas donné de base légale à sa décision ».
La Cour de cassation constate que les juges du fond ne pouvaient se contenter de se fonder sur l'ancienneté des manquements de l'employeur pour écarter la demande de la salariée : ils auraient dû également apprécier la réalité et la gravité de ces manquements et analyser s'ils étaient ou non de nature à empêcher la poursuite du contrat de travail.
CABINET GEOFFREY BARTHELEMY CENNAMO
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Hélène LEVEQUE
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