Le procès
en appel du patron de la BPCE a débuté mercredi. La magistrate dit ne pas avoir
eu assez de temps pour étudier le dossier.
Le procès en appel de François Pérol, l'ex-conseiller économique
de Nicolas Sarkozy, s'est ouvert doucement. «
La cour prendra le temps qu'il faudra », a prévenu mercredi Anne-Marie Bellot,
qui préside l'audience. La magistrate semble agacée d'avoir dû remplacer au
pied levé une de ses collègues et de «
n'avoir eu qu'une semaine pour étudier le dossier ». « J'y ai passé moins de
temps que vous tous », reconnaît-elle
en se tournant vers les parties.
Ainsi donc la magistrate n'aurait eu qu'une semaine pour étudier
les plus de 160 pages du jugement de première instance qui avait relaxé
l'actuel patron de la BPCE et survoler les centaines de pages, les pièces, les
lettres, les mails du dossier. Est-ce pour autant un avantage pour François
Pérol ? Rien n'est moins sûr.
D'abord parce que la présidente de l'audience, fine mouche, par
petites touches laisse comprendre qu'à défaut d'avoir étudié le dossier en
profondeur elle connaît la nature humaine. Comme lorsqu'elle demande au haut
fonctionnaire s'il n'aurait pas préféré «
être un décideur plutôt qu'un exécutant ». Ensuite parce que les parties civiles,
représentant des syndicats de la banque, en profitent pour pousser leur
avantage et insistent sur le rôle du haut fonctionnaire, directeur adjoint de
cabinet de Francis Mer, lors de la cession d'Ixis à la Caisse d'Epargne en
2002.
L'ancien secrétaire général adjoint de l'Elysée, assis sur une
chaise face à la cour, prend des notes d'une petite écriture fine. La voix est
douce, atone. Mais de temps en temps, le regard laisse percer l'agacement
devant les questions qui reviennent insistantes sur son rôle de conseiller,
tout d'abord au cabinet de Francis Mer, puis comme associé gérant de la banque
Rothschild. « Ainsi
donc, vous diriez que vous étiez un spécialiste des Meccano financiers et des
restructurations industrielles », souligne l'avocat général, Marc
Rouchayrole. «
J'ai été amené à participer à un certain nombre d'opérations, est-ce que j'ai
un talent pour cela ? Je ne sais pas. Le décideur, c'est le ministre », rétorque, prudent, François Pérol. Lui
le dossier il le connaît par coeur et il sait qu'il ne faut rien laisser au
hasard.
Car la cour d'appel de Paris devra dire in fine si le haut
fonctionnaire s'est, ou non, rendu coupable de prise illégale d'intérêts en
prenant en 2009 la tête du groupe bancaire BPCE, dont il avait suivi la
création à l'Elysée. Il risque jusqu'à deux ans de prison et 30.000 euros
d'amende. L'audience devrait se poursuivre jusqu'au 10 mars.
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