Tout était prêt, manquait « juste » le locataire pour commencer les travaux. Le deal a été signé vendredi dernier :
la banque Natixis (groupe BPCE) s'installera d'ici à quatre ans dans les 90.000 mètres carrés de bureaux du projet « Duo », dessiné par Jean Nouvel pour le propriétaire de ces lieux encore virtuels, la foncière Ivanhoe Cambridge, filiale immobilière de la Caisse des dépôts du Quebec. Implantées au bord du périphérique, au bout de l'avenue de France dans le 13e arrondissement, les deux tours, de 122 et 180 mètres, tout en angles, que l'architecte a voulu comme désaxées et en équilibre instable, vont nettement modifier le paysage du quartier d'affaires, en transformation depuis vingt ans. Vinci devrait démarrer les travaux d'infrastructure dès cette semaine. Outre les espaces de bureaux modernes, généreusement éclairés, arborés même en hauteur, les tours abriteront un hôtel, un « sky bar » découvrant des vues inédites sur Paris et sa banlieue. Au rez-de-chaussée, des commerces et une sortie de métro de la ligne 10 devraient garantir une certaine porosité avec la rue et la ville.
L'investissement - qu'Ivanhoe Cambridge ne souhaite pas communiquer, pas plus que le loyer payé par Natixis - dépasse les 500 millions d'euros et vient conforter la bonne santé du marché immobilier francilien, qui a consommé près de 20 milliards d'euros en 2016. Il confirme aussi le besoin des entreprises de regrouper leurs troupes dans des espaces plus fonctionnels. La banque, qui emploie 16.000 personnes dont plus de 10.000 en France, est aujourd'hui installée dans une myriade d'immeubles avenue Pierre-Mendès-France, non loin de son futur siège, et autour de la gare de Lyon. Bill Tresham, le patron monde d'Ivanhoe Cambridge, venu à Paris pour la signature, mesure l'aubaine : « Un tel contrat, quatre ans à l'avance, c'est historique ! Les tours étaient sur le marché depuis 2013. » Il s'était engagé auprès de la Ville à ne pas commencer les travaux avant d'avoir préloué la moitié des surfaces. Ce chantier souligne aussi une moindre aversion des Parisiens pour la hauteur. Le débat est encore vif depuis la fin de la construction du quartier de Beaugrenelle dans les années 1980. Pourtant, aucun recours contre le permis des tours Duo. A l'autre bout de la ville, le Palais de justice, qui culmine à 160 mètres, sera bientôt achevé et la tour Triangle, porte de Versailles, attend ses autorisations définitives pour grimper jusqu'à 180. D'autres sont en projet : deux tours à côté de Duo, six de l'autre côté de la Seine sur la zone Bercy Charenton. Autant de portes monumentales qui marquent clairement, au sein du Grand Paris, le territoire et les limites de la capitale.
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