Le procès Pérol
ne sera pas celui du système Sarkozy
VALERIE DE SENNEVILLE / JOURNALISTE |
Etrange coup d’accélérateur
Et le président de remarquer dans le dossier d’étranges coup
d’accélérateur, comme cette réunion du 21 février 2009 « au cours de laquelle
une première indication est donnée de ce que François Pérol pourrait être le
futur président. Et il y a comme une sorte de compression du temps, puisque dès
la mi-janvier les réunions se sont accélérées et que dès le 20 février monsieur
Guéant téléphone à la commission de déontologie pour savoir si la nomination de
M. Pérol poserait problème », remarque le président. Il cherche effectivement à
comprendre ce « spasme » au cours de cette période où « des noms
apparaissent jusqu’à mi-janvier et puis il y a un décrochage ». « L’origine du
futur dirigeant c’est le débat central » insiste le président
Debout costume et cravate noirs, la gorge parfois noué, François
Pérol va passer la matinée, stoïque, à répondre aux premières questions,
hésitant entre l’attitude du bon élève et l’innocence de bon aloi. Et cette
question d’emblée du président : « quelle est votre conception de la
déontologie d’un membre de cabinet monsieur Pérol ? ». François Pérol
baisse la tête :« la meilleur protection pour la déontologie, c’est
l’expérience et le caractère qui permettent de faire la différence entre le
professionnel et non professionnel »
Quand sphère privée et sphère publique donnent l’impression d’être
poreuses
Séance définition finie, place aux pièces du dossier. A commencer
par ces mails de l’avocat François Sureau, avocat de la Caisse nationale des
Caisses d’Epargne (CNCE), adressés bien souvent à Charles Milhaud, leur patron
de l’époque. Ils sont arrivés par lettre anonyme dans le bureau du juge
d’instruction. Celui-ci daté du 3 avril 2004 : « En effet, Musca m’avait dit
qu’il restait. Il est assez lié avec Sarkozy, ce que peu de gens savent, depuis
l’époque de Balladur. Quant à Pérol qui il y a peu voulait aller dans une
banque d’affaires, il se dit que Sarko mérite peut être un détour.. Par
l’intermédiaire de Darrois qui est très lié à Sarkozy, j’ai recommandé Rémont
qui s’occupe parfois de nos affaires et devrait rester aussi ». Ou celui du 30
novembre 2004, dont l’objet est « Gaymard et Grapinet », courrier toujours
entre François Sureau et Charles Milhaud, ce dernier lui demandant : « les
connais-tu ? ». Et d’obtenir pour réponse : « Je connais assez bien
Gaymard. Mon père est en outre très copain avec lui. Je lui ai mis un mot hier
pour lui recommander de prendre Rémont comme dir.Cab adjoint, à la place de
Pérol qui va chez Rothschild ».
Le président n’omet aucun détaille puis assène : « vous n’avez pas
l’impression monsieur Pérol que cela donne un caractère poreux assez étonnant
entre la sphère publique et la sphère privée ? Comme si l’idée c’était d’avoir
toujours quelqu’un dans la place à qui s’adresser ? ». François Pérol sent le
piège et « comprend » que ces mails puissent donner « une impression
désastreuse. Mais les recommandations de monsieur Sureau n’ont d’importance
pour personne ». Ulrika Weiss, la procureur intervient : « cela donne en
tout cas une idée de la psychologie de mauvaises pratiques de M. Milhaud ».
L’audience se poursuit sur le passage de François Pérol comme
associé gérant de la banque Rotshschild.
@VdeSenneville
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