VERONIQUE
CHOCRON / JOURNALISTE AU SERVICE FINANCE | LE
26/06 À 06:00
Deux récents rapports
posent un diagnostic alarmant sur de nombreux dysfonctionnements
dans la
gestion des activités du comité d'établissement (CE) de Natixis. -
Un rapport d'inspection relève de nombreux dysfonctionnements dans
la gestion du CE.
Le cabinet Technologia évoque en outre un climat de travail « fortement dégradé ».
Le cabinet Technologia évoque en outre un climat de travail « fortement dégradé ».
Que se passe-t-il au
sein du comité d'établissement (CE) de Natixis ? La structure, qui fait
bénéficier 6.800 collaborateurs de la banque d'activités sociales et
culturelles pour un budget de 11 millions d'euros, s'est enlisée ces
dernières années dans une crise profonde. Deux récents rapports posent un
diagnostic alarmant sur de nombreux dysfonctionnements dans la gestion des
activités du CE et sur l'ambiance de travail au sein d'une équipe de
42 personnes (à fin 2013), en partie constituée de représentants du
personnel élus par les salariés.
Le cabinet
d'évaluation des risques professionnels Technologia pointe, dans un audit remis
en janvier dernier, des « accusations graves » (vol
et couverture de pratiques frauduleuses) et « des ressentis » de
comportements violents (agressions verbales, menaces physiques, mises à
l'écart), de propos sexistes et racistes. « Il convient de les
prendre au sérieux puisqu'ils traversent l'ensemble du collectif de travail et
reflètent un vécu au travail douloureux », note Technologia. S'en est
suivie une baisse de la qualité de service du CE, qui« a conduit à une
crispation des relations » avec les salariés de Natixis.
De fait, de nombreux
manquements ont été relevés par l'Inspection générale de Natixis dans la gestion
administrative des activités sociales et culturelles du CE. Selon un rapport
remis en mars 2015, dont « Les Echos » ont pris connaissance,
les comptes du CE et du CCE n'ont pas été publiés depuis 2010. D'où un défaut
de communication auprès des élus du montant des réserves de ces deux entités
qui s'élève à 7 millions d'euros (à fin 2013) pour une trésorerie de
5,5 millions d'euros. Par ailleurs, si des règlements intérieurs ont été
mis en place en 2012 pour le CE et le CCE, ils « ne sont pas
respectés et aucune sanction n'est prévue en cas de manquement à leurs
dispositions », note l'Inspection. Celle-ci n'a pas pu vérifier
l'exactitude de la base des bénéficiaires des prestations du CE. Le service
comptable ne s'assure d'ailleurs pas que l'ensemble des prestations fait
l'objet de règlements des salariés. Et par ailleurs, aucune procédure n'encadre
la gestion des appels d'offres et des relations avec les fournisseurs.
Séparation
des fonctions
Conclusion de
Technologia : « Le mode de gouvernance du CE Natixis […] ne
peut plus fonctionner. » Le cabinet note qu'il « serait
préférable que les responsables d'activités [du CE, NDLR] acceptent
de ne plus disposer de mandat de représentant du personnel ou syndical », de
même qu' « un salarié d'une mairie ne peut pas être élu municipal
dans la même commune ». Une séparation des fonctions politiques et
administratives que l'Inspection générale de Natixis appelle aussi de ses voeux « afin
de prévenir les risques de conflits d'intérêts ».
Dans ce contexte, la
direction de Natixis avait créé en 2012 un poste de responsable administratif
pour transformer l'organisation du travail au sein du CE. La responsable en
question vient de jeter l'éponge. Alors que des élections professionnelles
viennent de se tenir, les ressources humaines ont annoncé aux salariés du CE
une réforme de l'organisation et de la gouvernance dans les prochaines
semaines.
Véronique
Chocron, Les Echos
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