Des écarts qui irritent le régulateur européen et suscitent une tension sociale extrême, en particulier chez BPCE.
Dans le cadre de
la revue européenne des actifs (AQR), la BCE durcit le ton face aux banques
françaises, qui ont pris un certain retard dans la vérification du
provisionnement de leurs créances.
Etat de tension maximal pour les banques françaises, dans le cadre de la
revue européenne des actifs (AQR), ce test orchestré par la BCE pour vérifier
que les créances des établissements sont suffisamment provisionnées. Symptôme
révélateur : une rumeur interne, relayée par la
presse, a fait état d'un appel en personne de Mario Draghi, le président de la
Banque centrale européenne (BCE), à François Pérol, le président du directoire
de BPCE, pour se plaindre des lenteurs de la banque mutualiste à rendre compte
de la revue de ses actifs.
Un appel catégoriquement démenti par la banque. Interrogée, celle-ci
reconnaît en revanche un « retard » dans la transmission de certaines
données à la BCE, ainsi que des « erreurs dans certains documents ».
Face à la nécessité impérieuse de faire ses preuves aux yeux de la BCE, le
nouveau régulateur européen, la banque « s'est lancée dans une mobilisation
forcenée des équipes des risques, des finances ou de l'inspection
générale », raconte une source interne. Au point que trois organisations
syndicales ( CFTC,SNB, CFTC) ont fait appel à l'Inspection du travail, qui s'est rendue le
30 avril chez BPCE.
Crédibilité en jeu
Selon plusieurs sources, la banque mutualiste ne serait pas un cas isolé : un
autre établissement de la place accuserait du retard. Si ces délais passaient
autrefois auprès du régulateur national, les instances européennes, qui jouent
leur crédibilité sur cette épreuve de vérité, les jugent aujourd'hui
inacceptables. « Les banques rencontrent des problèmes car les AQR imposent
une nomenclature nouvelle qui nécessite de lourds retraitements informatiques.
Or la France dispose des plus grands établissements européens et ne peut pas se
permettre de donner le mauvais exemple », explique une source proche du
dossier. « Toutes les banques sont en "code orange" », affirme
d'ailleurs un responsable qui travaille sur l'exercice européen. « Le fait
qu'une banque ne soit pas capable de fournir les données dans les délais
impartis donne un a priori défavorable aux autorités de régulation sur sa
capacité à suivre ses risques au plus près, indique une source.
D'autant plus si la qualité des données n'est pas parfaite dès le départ et
doit être appréciée à plusieurs reprises. »
Les exigences des superviseurs seraient allées en se durcissant. « Cela
pose un problème dans des groupes mutualistes notamment. La BCE demande
250 données avec un historique de 5 à 7 ans. Or dans ces groupes, la délégation
de crédit dépendaient du local », poursuit ce responsable. BPCE aurait
notamment rencontré des difficultés dans le rapport de données sur ses crédits
entreprises, ainsi que certains crédits aux particuliers, explique une source en
interne. La banque assure néanmoins que ces difficultés n'auront pas de
répercussions financières sur sa manière de comptabiliser les risques liés à ses
crédits.
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