Par LEXPRESS.fr
avec AFP ,publié le 14/12/2019 à 15:22
Cette mesure, permet depuis le 1er décembre de passer des appels d'offres
pour confier les TER à d'autres opérateurs que la SNCF. Des appels d'offres
débuteront en 2020.
C'est une première qui sera observée comme un test. La région Provence
Alpes-Côte-d'Azur s'est lancée concrètement vendredi dans l'ouverture à la
concurrence de ses TER. Et la PACA sera scrutée par les autres régions et les
opérateurs publics et privés qui lorgnent sur le monopole de la SNCF.
L'exécutif régional, dirigé par Renaud Muselier (LR), a voté une
"procédure de délégation de service public" d'une partie de ses TER.
Début 2020, la région compte lancer les appels d'offres pour deux lots de
liaisons, Marseille-Toulon-Nice d'une part, et les lignes autour de Nice
d'autre part, a précisé Renaud Muselier en séance plénière.
"On va avoir des prix 'canonissimes'" proposés par les opérateurs
publics ou privés, français ou étrangers, qui répondront à ces appels d'offres,
a-t-il affirmé : "On va avoir les trains à l'heure, on va avoir des
rabais, avec une qualité de service ! Je vous le parie aujourd'hui
!".
Renaud Muselier a détaillé la suite du calendrier : le choix de l'opérateur
retenu pour chaque lot en juin 2021, le démarrage de l'exploitation l'année
suivante sur Marseille-Nice (7 allers-retour quotidiens actuellement) et en
2024 autour de Nice (58 allers-retours sur différentes dessertes). Les contrats
seront signés pour 10 ans, et représentent une valeur estimée sur la période
d'environ 1,78 milliard d'euros. Huit opérateurs, dont deux Français, ont déjà
fait part de leur intérêt pour les lots ouverts par la région.
285 millions d'euros par an pour le
ferroviaire
Provence-Alpes-Côte-d'Azur, qui clame depuis des mois vouloir être la
première région à ouvrir ses trains à la concurrence, n'a pas perdu de temps :
la loi ne permet que depuis le 1er décembre de passer des appels d'offres pour
confier les TER à d'autres opérateurs que la SNCF. La France se conforme ainsi
au droit européen, en optant pour une suppression progressive du monopole de
l'entreprise publique dans les transports ferroviaires régionaux. La mise en
concurrence sera obligatoire pour toutes les régions à partir de décembre 2023,
à la fin du contrat les liant au groupe public.
"Les autres régions sont à l'affût pour voir ce qu'il se passe",
a assuré Renaud Muselier qui est également président de l'Association des
régions de France. "On veut être les premiers", et "on veut
payer le bon prix, pour le bon service", a-t-il ajouté. La région Paca
consacre chaque année 285 millions d'euros à ses transports ferroviaires et
l'ouverture à la concurrence permettra de "récupérer de l'argent
public" sans "supprimer aucune ligne, ni aucune gare", a-t-il
promis.
Trois régions seraient intéressées
ensuite
Une vision qui fait bondir les cheminots de la CGT : "L'ouverture à la
concurrence n'apportera aucune amélioration. On a pu voir dans d'autres pays
que ça signifiait moins de trains, des trains plus chers, et moins de trains à
l'heure", a réagi Rémy Hours, le responsable local du syndicat. "Les
profits seront privatisés pour des actionnaires, mais les coûts
d'investissement dans les infrastructures resteront pour le contribuable",
un point sensible dans une région où elles sont saturées et vieillissantes,
a-t-il dénoncé. "Comme pour la réforme des retraites, il s'agit d'une
casse du service public", a ajouté le syndicaliste qui redoute une remise
en cause des conditions d'emploi des cheminots si les lignes sont
privatisées.
Au-delà de la région Paca, l'enjeu est de taille pour la SNCF. Trois autres
régions sont susceptibles de suivre : Grand Est, les Hauts-de-France, et les
Pays de la Loire. L'État, qui est soumis à la même règle pour les Intercités
qu'il subventionne, veut de son côté ouvrir les lignes Nantes-Bordeaux et
Nantes-Lyon à la concurrence.
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