RESTRUCTURATION
Banques : le projet de la
colère
Un mouvement de grève illimitée contre la
restructuration de la BNP Paribas est annoncé dans les banques où le SMBEF est
majoritaire. BFC, Bred, SGBA, BDAF, BNP, Crédit Mutuel, Somafi, Crédit Moderne resteront
rideaux baissés mardi.
C'est une annonce qui ravive un douloureux
souvenir, celui du conflit de 55 jours de 1995. Le SMBEF, syndicat majoritaire
dans les banques et établissements financiers, a fait savoir que les
établissements seraient fermés mardi prochain à l'occasion d'une grève
illimitée.
Le mouvement vise à protester contre le plan de restructuration de
la BNP Paribas Martinique qui prévoit la délocalisation de plusieurs postes
dans l'Hexagone et une fusion avec les antennes de Guadeloupe et Guyane. Des
opérations de fusion qui se multiplient. BNP Paribas Martinique se retrouvera
dans un même giron avec la Guadeloupe et la Guyane.
On évoque également
l'absorption de la BDAF par la Caisse d'Épargne PACA. La BFC disparaît, elle,
et passe sous enseigne LCL, la Somafi reprend Soguafi de Guadeloupe, le Crédit
maritime local intègre la Bred. Le SMBEF n'y verrait aucun inconvénient si ces
opérations ne s'accompagnaient pas de suppressions d'emplois. Dans le droit fil
de la restructuration, à la BNP Paribas, 55 sont amenés à disparaître à la
Martinique, 72 en Guadeloupe, 27 en Guyane (et 67 à la Réunion). Soit plus de
150 sur les 500 employés des Antilles-Guyane. Et les postes seront délocalisés
à Mérignac. « Des services partent en fumée (crédit, opérations de virement, de
prélèvement), et ils sont recréés à dans la région de Bordeaux où ils créent un
service spécial pour les Dom-TOM avec des emplois à l'identique » , précise
Alex Saint-Zéby, le délégué syndical de BNP Paribas Martinique. Le secrétaire
général Rodrigue Cellamen pointe les dirigeants des banques, « Ils se servent
du prétexte de la loi Lurel pour dire que les services bancaires sont trop
chers, qu'ils auront moins d'argent dans les banques et qu'il faudra
restructurer pour pouvoir délocaliser, supprimer nos emplois et les envoyer en
métropole » .
SE PRÉPARER À FAIRE FACE
Le leader du SMBEF condamne les banques et
elles sont accusées de publier des résultats « artificiels » empêchant la
visibilité de leur santé financière. « Dans les frais généraux, elles paient
aux banques mères des frais en tous genres. Pour l'informatique, elles paient
des frais d'assistance informatique se chiffrant en millions d'euros. Pour le
droit, elles paient des frais d'assistance juridique qui se paient en millions
d'euros. Ces frais-là partent dans différentes filières du groupe situées à
Londres, au Maroc » . Et d'expliquer que tout cet argent sort des résultats des
banques. Au final, on se retrouve avec un résultat en positif ou en négatif en
fonction de « ce qu'ils auront décidé de faire » . Elles font aussi payer des
redevances sur tous les produits qu'elles mettent en place dans leurs filiales
domiennes. « Tout cela est légal, mais tout cela permet de traficoter le bilan
et les résultats de la banque. »
Le SMBEF fait appel à la conscience des
élus et de la population et les incite à savoir et comprendre ce qui se passe
dans nos banques au moment où l'on s'efforce à faire des jeunes revenir
travailler dans leur pays. Et ses responsables demandent de se préparer à faire
face aux désagréments que leur mouvement va occasionner. Les sociétaires
n'auront recours qu'aux guichets des agences bancaires (GAB).
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