Le patron du groupe mutualiste va être jugé pour prise illégale d'intérêts.
Ce renvoi suscite des inquiétudes et réveille des oppositions.
François Pérol sera fixé mercredi prochain sur l'ampleur du
soutien que lui témoignent les Caisses d'Epargne et les Banques Populaires,
après l'annonce de son renvoi en correctionnelle pour prise illégale
d'intérêts, dans l'enquête sur sa nomination à la tête de BPCE. C'est en effet
le 18 février que se réunira le conseil de surveillance du
groupe mutualiste, à la veille de la publication des résultats annuels de
l'établissement.
BPCE n'a pas tenu, cette fois-ci, à réunir en urgence son conseil
de surveillance, comme ce fut le cas en février 2014 après la mise en
examen de François Pérol. Les membres du conseil lui avaient alors renouvelé
leur confiance à l'unanimité. « Cette
fois-ci, il n'était ni indispensable, ni souhaitable de réunir le conseil,
note un de ses membres. La
prise illégale d'intérêts est peu connue du grand public, qui peut imaginer
beaucoup de choses pas très sympathiques. Ce n'est donc pas excellent en termes
de réputation pour le groupe. » « Tous les membres du conseil de surveillance
n'ont pas forcément envie de donner quitus à François Pérol. Et l'épée de
Damoclès au-dessus de sa tête inquiète », avance une source au
sein d'un établissement régional du groupe.
« Une ambiance
malsaine »
Si officiellement aucune opposition ne s'exprime à ce stade, il en
va autrement en coulisses. « Un
activisme existe, c'est certain. Ceux qui veulent prendre la place de François
Pérol en sont à l'origine », note un patron de banque
régionale, regrettant « une
ambiance malsaine, dont le groupe n'a pas besoin ». Selon nos
informations, les oppositions seraient plus fortes du côté des présidents non
exécutifs des caisses et des banques régionales. « Ils auraient plus de facilité à adopter une
position cohérente, à savoir utiliser le prétexte de ce renvoi pour demander le
départ de François Pérol. Mais tout cela est très prématuré et le débat
n'existe pas à ce jour officiellement au niveau des fédérations »,
précise un observateur. « Ces
opposants sont ultra-minoritaires », renchérit de son côté une
autre source au sein de BPCE.
Quel que soit son poids, il semble que l'opposition à l'actuelle
direction du groupe cherche à se mettre en ordre de bataille pour une échéance
plus lointaine. « Il
est possible qu'il y ait des secousses à l'occasion du renouvellement du
conseil de surveillance de BPCE, en mai prochain », prévient
un responsable au sein d'une des banques régionales.
Il est reproché à François
Pérol d'avoir accepté en février 2009 de prendre la tête du groupe issu du
mariage entre les Banques Populaires et les Caisses d'Epargne alors qu'il avait
suivi le dossier à l'Elysée en tant que secrétaire général adjoint chargé de
l'économie. L'enquête a été déclenchée par les plaintes de l'association de
lutte contre la corruption Anticor et des syndicats Sud et CGT. Les autres
organisations syndicales ne s'y sont pas jointes et plusieurs saluent
d'ailleurs les résultats obtenus par François Pérol depuis son arrivée à la
tête du groupe. Mais « il
appartient aux dirigeants des sociétés mères de BPCE, à savoir les
Caisses d'Epargne et les Banques Populaires, de prendre leurs responsabilités
dans ce contexte nouveau »,
a réagi l'Unsa, deuxième organisation syndicale du groupe, après le
renvoi en correctionnelle. Les prochains mois seront déterminants.
Véronique Chocron, Les
Echos
Notre point de vue:
Nous continuons de penser que la situation actuelle est pénalisante pour l'image de l'entreprise et par conséquent pour celle de ses salariés.
Nous espérons qu'enfin les choses vont se clarifier rapidement, dans l’intérêt de tous.
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