Un haut fonctionnaire du ministère de la Culture mis
en examen
Pendant dix ans, un ex-responsable des ressources
humaines du ministère de la Culture a administré des diurétiques à des femmes
pour les voir uriner devant lui. Il a été mis en examen fin octobre.
Par Pierre Sautreuil
le figaro.fr
Publié hier à 16:14, mis à jour hier à 18:43
L’affaire est des plus
glauques. Pendant une décennie, un ancien responsable des ressources humaines
du ministère de la Culture s’est ingénié à glisser des diurétiques dans les
boissons des femmes qu’il recevait en entretien d’embauche afin de les voir
uriner devant lui. Révoqué de la fonction publique en janvier 2019, Christian
N. a été mis en examen le 24 octobre, selon une information de Libération confirmée par le Figaro. Une information judiciaire a été
ouverte le même jour par le parquet de Paris.
Selon un mode
opératoire presque immuable, Christian N. proposait à ses victimes un thé ou un
café au début de l’entretien, s’en allait quelques instants puis revenait avec
la boisson dans laquelle il avait dilué une dose de Furosémide, un médicament
diurétique. S’ensuivait une brève discussion au cours de laquelle le
fonctionnaire prenait discrètement des photos des jambes des candidates, avant
de leur proposer d’aller visiter le quartier du ministère de la Culture, rue de
Valois. Le parcours était savamment conçu afin d’éviter toilettes publiques et
cafés, le plus souvent vers les quais de Seine. N’y tenant plus, les femmes
intoxiquées étaient contraintes d’uriner devant lui, ou de faire sous elles,
relate Libération, qui a recueilli les
témoignages de cinq femmes intoxiquées.
«Je sentais mon ventre gonfler, j’étais au bord du malaise», raconte Karine
(prénom modifié). Sous un pont, j’ai baissé mon pantalon
et ma culotte, et j’ai uriné. Pendant ce temps, il tenait son manteau devant
moi pour me cacher et regardait mon visage.» Une autre, présentée comme Élise,
refuse d’uriner devant Christian N. malgré son insistance, et s’écroule de
douleur. Elle sera hospitalisée pendant quatre jours après ce rendez-vous pour
une infection urinaire «à la limite de la péritonite», relate le
quotidien.
Christian N. a été mis
en examen pour administration de substance nuisible, agression sexuelle par
personne abusant de l’autorité conférée par sa fonction, atteinte à l’intimité
de la vie privée par fixation d’image, violence par une personne chargée de
mission de service public et d’infractions à la législation sur les
médicaments.
Un fichier intitulé «Expériences»
«C’est une affaire complètement folle d’un pervers» a réagi vendredi le
ministre de la Culture Franck Riester sur Europe 1, se disant «atterré». Et pour cause. Le cas a été révélé le 15 juin 2018 à la Drac Grand Est,
où l’homme a été pris sur le vif en train de photographier «discrètement» les jambes d’une sous-préfète de Moselle. Pris sur le fait par un
collègue, Christian N. est mis à pied. C’est à ce moment que les enquêteurs
font la découverte dans son bureau d’un fichier Excel intitulé «Expériences»,
dans lequel le fonctionnaire tenait un inventaire détaillé de ses victimes. Y
figurent les circonstances des faits, avec l’heure de la prise des diurétiques,
et l’endroit où se déclenchait l’envie d’uriner. Plus de 200 noms de personnes
ayant été photographiées à leur insu ou intoxiquées y sont compilés. Interrogé
par Libération, Christian N. affirme pour sa part n’avoir administré du
Furosémide qu’à «dix ou vingt» femmes.
D’après l’enquête du
quotidien, le haut fonctionnaire traînait depuis plusieurs années une
réputation de «pervers» au ministère de la
Culture, où sa manie de prendre des clichés de femmes à leur insu lui avait
valu le surnom de «photographe». Plusieurs personnes
avaient tenté d’alerter leur hiérarchie et la police, sans succès. En 2015, une
femme tente de porter plainte quelques semaines après son entretien avec
Christian N., mais se serait vue «éconduite» par les policiers.
En 2016, une des victimes adresse des courriers à Fleur Pellerin et Audrey
Azoulay, ministres de la Culture, pour dénoncer la «situation à caractère
sexuel et humiliant» qu’elle a vécu. La même année, le «comportement suspect» du fonctionnaire est de nouveau rapporté, cette
fois-ci à la médecine du travail, sans suite. «Dès que le ministère a eu connaissance de signalements de ses agents, il a
engagé des actions auprès du procureur de la République», a défendu auprès de
l’AFP le ministre de la Culture.
Notre avis:
Désolé je n'ai pas pu résister à l'envie. (d'en rire !)
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