13 septembre 2019

HSBC /CCF: face au casse-tête de sa banque de détail en France



Le scénario d'une mise en vente de la banque de détail française d'HSBC est évoqué. Parmi les acquéreurs potentiels, une banque étrangère pourrait profiter de l'occasion pour entrer sur le marché français, réputé difficile d'accès. La greffe entre l'ex-CCF et Londres n'a pas bien pris.


Par Thibaut MadelinAnne DrifÉdouard Lederer
les échos. fr
Publié à 06h57
Flottement chez HSBC suite aux rumeurs de cession de l'ex-Crédit commercial de France (CCF). En interne, la direction de la filiale française du géant financier britannique a minimisé l'information révélée par le « Wall Street Journal » mercredi soir. « Elle nie en bloc et affirme que ce ne sont que des spéculations de presse. Il n'y a pas de rendez-vous prévu entre les syndicats et la direction générale », affirme un responsable syndical.
A l'extérieur, le groupe reste sur sa ligne officielle: pas de commentaire. Selon le quotidien, HSBC préparerait la mise en vente en bloc de sa banque de détail en France, ce qui serait une des premières actions stratégiques de son nouveau patron intérimaire arrivé en août, Noel Quinn.
Bâtie sur l'ancien CCF, racheté par HSBC en 2000, la banque compte 300 agences en France, dont 250 dédiées à la banque aux particuliers et 50 au marché des entreprises (PME). Ce sont les premières, qui emploient 3.000 salariés, qui seraient concernées par la réflexion en cours. Au total, HSBC emploie 8.000 collaborateurs en France, tous métiers confondus.
Pas de taille critique
Avec 2 % de parts de marché en France, l'ex-CCF n'a pas la taille critique, et le contexte de marché actuel ne fait qu'aggraver cette faiblesse. L'année dernière, HSBC a enregistré une perte de 17 millions d'euros dans l'Hexagone, évoquant notamment « la poursuite des effets de l'environnement de taux bas qui pèse sur la rentabilité de la banque de détail en France ».
Dans ce contexte, le groupe britannique mène régulièrement des réflexions. Avant  le départ subit du patron mondial John Flint , qui venait de la banque de détail, elle aurait même caressé un scénario de croissance externe en France. « L'idée était aussi d'accroître le poids en France pour peser davantage face au Royaume-Uni. Ils étaient à l'affût de cibles comme LCL », selon un banquier.
Greffe difficile entre Londres et Paris
Un an plus tard, le contexte s'est détérioré et le scénario d'une vente semble privilégié. Une façon, peut-être, d'acter la greffe difficile entre Londres et Paris depuis l'acquisition du CCF. Si l'intégration a été naturelle dans les métiers de banque d'investissement, elle semble avoir été douloureuse dans la banque de détail, selon plusieurs sources. « La greffe n'a jamais pris », peste un syndicaliste. 
 « HSBC a toujours été réputée pour son efficacité informatique et sa capacité à dupliquer le même système partout dans le monde, explique un bon connaisseur de l'industrie. Sauf qu'en France, elle n'y est pas parvenue, en raison de spécificités fiscales et réglementaires. Ils ont finalement jeté l'éponge il y a trois ans, renoncé à leur migration informatique et adopté une solution pour la France ».
Reste à savoir qui ce réseau peut intéresser au moment où les banques françaises sont justement en train de fermer des agences et supprimer des postes. Réputé présent sur une clientèle plutôt citadine et haut de gamme, le réseau français d'HSBC pourrait théoriquement attirer plusieurs types d'acquéreurs. 
En premier lieu, les banques françaises, soumises à une concurrence féroce en banque de détail. Selon un banquier conseil, Crédit Mutuel ou BNP Paribas pourraient sur le papier être intéressés. Aucune des deux banques n'a commenté. En 2008, HSBC avait vendu sept banques régionales, cumulant 400 agences, aux Banques populaires, mais onze ans plus tard, BPCE ne semble pas sur les rangs.
La piste d'une banque étrangère
Autre piste possible : une banque étrangère, qui pourrait profiter de l'opportunité pour s'implanter en France, un marché notoirement difficile d'accès en banque de détail. A titre d'exemple, et sans que son nom n'ait été cité, une banque espagnole comme Santander a déjà depuis longtemps posé ses drapeaux en Grande-Bretagne, devenue l'un de ses principaux marchés. 
Enfin, un fonds d'investissement pourrait aussi regarder une telle opportunité. Le réseau Barclays France a ainsi été repris en 2017 par le fonds britannique Anacap . Cerberus a mis la main  sur GE Money Banque en France , la banque aux Antilles de Société Générale, ou encore BESV, la filiale hexagonale du portugais Novo Banco, ainsi que Bawag en Autriche. En Allemagne, Cerberus et JC Flowers ont racheté l'ex-banque publique HSH Nordbank.
« Un fonds devrait toutefois expliquer aux autorités comment il compte rentabiliser un tel réseau, tempère un expertEt pour l'heure les exemples français de reprise par des fonds n'ont pas fait leurs preuves. Ils n'ont pas les synergies des banques, et s'il s'agit d'acheter pour restructurer, ils n'auront pas forcément bon accueil »
Anne Drif, Edouard Lederer, Thibaut Madelin


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