Le scénario
d'une mise en vente de la banque de détail française d'HSBC est évoqué. Parmi
les acquéreurs potentiels, une banque étrangère pourrait profiter de l'occasion
pour entrer sur le marché français, réputé difficile d'accès. La greffe entre
l'ex-CCF et Londres n'a pas bien pris.
Par Thibaut Madelin, Anne Drif, Édouard Lederer
les échos. fr
Publié à 06h57
Flottement chez HSBC suite aux rumeurs de cession de l'ex-Crédit commercial
de France (CCF). En interne, la direction de la filiale française du géant
financier britannique a minimisé l'information révélée par le « Wall Street
Journal » mercredi soir. « Elle nie en bloc et
affirme que ce ne sont que des spéculations de presse. Il n'y a pas de
rendez-vous prévu entre les syndicats et la direction générale », affirme un
responsable syndical.
A l'extérieur, le
groupe reste sur sa ligne officielle: pas de commentaire. Selon le quotidien,
HSBC préparerait la mise en vente en bloc de sa banque de détail en France, ce
qui serait une des premières actions stratégiques de son nouveau patron
intérimaire arrivé en août, Noel Quinn.
Bâtie sur l'ancien
CCF, racheté par HSBC en 2000, la banque compte 300 agences en France, dont 250
dédiées à la banque aux particuliers et 50 au marché des entreprises (PME). Ce
sont les premières, qui emploient 3.000 salariés, qui seraient concernées par
la réflexion en cours. Au total, HSBC emploie 8.000 collaborateurs en France,
tous métiers confondus.
Pas de taille critique
Avec 2 % de parts de
marché en France, l'ex-CCF n'a pas la taille critique, et le contexte de marché
actuel ne fait qu'aggraver cette faiblesse. L'année dernière, HSBC a
enregistré une perte de 17 millions d'euros dans l'Hexagone, évoquant notamment
« la poursuite des effets de
l'environnement de taux bas qui pèse sur la rentabilité de la banque de détail
en France ».
Dans ce contexte, le
groupe britannique mène régulièrement des réflexions. Avant le départ subit du patron
mondial John Flint , qui venait de la banque de détail, elle
aurait même caressé un scénario de croissance externe en France. « L'idée était aussi d'accroître le poids en France pour peser davantage face
au Royaume-Uni. Ils étaient à l'affût de cibles comme LCL », selon un
banquier.
Greffe difficile entre Londres et Paris
Un an plus tard, le
contexte s'est détérioré et le scénario d'une vente semble privilégié. Une
façon, peut-être, d'acter la greffe difficile entre Londres et Paris depuis
l'acquisition du CCF. Si l'intégration a été naturelle dans les métiers de
banque d'investissement, elle semble avoir été douloureuse dans la banque de
détail, selon plusieurs sources. « La greffe n'a jamais
pris », peste un syndicaliste.
« HSBC a toujours été
réputée pour son efficacité informatique et sa capacité à dupliquer le même
système partout dans le monde, explique un bon connaisseur de
l'industrie. Sauf qu'en France, elle n'y est pas
parvenue, en raison de spécificités fiscales et réglementaires. Ils ont finalement
jeté l'éponge il y a trois ans, renoncé à leur migration informatique et adopté
une solution pour la France ».
Reste à savoir qui ce
réseau peut intéresser au moment où les banques françaises sont justement en
train de fermer des agences et supprimer des postes. Réputé présent sur une
clientèle plutôt citadine et haut de gamme, le réseau français d'HSBC pourrait
théoriquement attirer plusieurs types d'acquéreurs.
En premier lieu, les
banques françaises, soumises à une concurrence féroce en banque de détail.
Selon un banquier conseil, Crédit Mutuel ou BNP Paribas pourraient sur le
papier être intéressés. Aucune des deux banques n'a commenté. En 2008, HSBC
avait vendu sept banques régionales, cumulant 400 agences, aux Banques
populaires, mais onze ans plus tard, BPCE ne semble pas sur les rangs.
La piste d'une banque étrangère
Autre piste possible :
une banque étrangère, qui pourrait profiter de l'opportunité pour s'implanter
en France, un marché notoirement difficile d'accès en banque de détail. A titre
d'exemple, et sans que son nom n'ait été cité, une banque espagnole comme Santander
a déjà depuis longtemps posé ses drapeaux en Grande-Bretagne, devenue l'un de
ses principaux marchés.
Enfin, un fonds
d'investissement pourrait aussi regarder une telle opportunité. Le réseau
Barclays France a ainsi été repris en 2017 par le fonds britannique Anacap .
Cerberus a mis la main sur GE Money Banque en France ,
la banque aux Antilles de Société Générale, ou encore BESV, la filiale
hexagonale du portugais Novo Banco, ainsi que Bawag en Autriche. En Allemagne,
Cerberus et JC Flowers ont racheté l'ex-banque publique HSH Nordbank.
« Un fonds devrait toutefois expliquer aux autorités comment il compte
rentabiliser un tel réseau, tempère un expert. Et pour l'heure les exemples français de reprise par des fonds n'ont pas
fait leurs preuves. Ils n'ont pas les synergies des
banques, et s'il s'agit d'acheter pour restructurer, ils n'auront pas forcément
bon accueil ».
Anne Drif, Edouard Lederer, Thibaut
Madelin
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