4 juillet 2019

A peine un salarié sur deux en CDD se trouve en CDI sept ans plus tard



Par Challenges.fr le 02.07.2019 à 18h47

L'écart entre les deux mesures de référence du chômage, les demandeurs d'emploi catégorie A de Pôle emploi d'un côté, et les chômeurs au sens du BIT de l'autre, s'est accentué de 0,3 à 0,8 million entre 2013 et 2017, selon une étude publiée mardi par l'Insee.

Seuls 47% des salariés en contrat à durée limitée (CDD ou contrat aidé) en 2008 étaient employés en CDI sept ans plus tard, un taux qui se réduit avec l'âge, selon l'Insee qui pointe en contraste "l'état très stable" des salariés en CDI.
Dans cette étude publiée mardi, l'Insee a comparé la situation des salariés de moins de 50 ans en 2008, en CDI, contrat à durée limitée, intérim ou au chômage, avec leur sort en 2015.
L'institut constate que "l'emploi en CDI constitue un état très stable": "73% des salariés de moins de 50 ans en CDI en 2008 le sont encore sept ans plus tard, dont un peu plus de la moitié dans la même entreprise".
Les parcours des salariés initialement en contrat à durée limitée (hors intérim) en 2008 sont en revanche plus divers.
Si 24% d'entre eux occupent un emploi en CDI dès l'année suivante, cette proportion augmente ensuite de manière modérée: seuls 47% sont employés en CDI sept ans plus tard.
Le passage vers un CDI est plus fréquent chez les jeunes: parmi les 16-35 ans en contrat à durée limitée en 2008, 51% des femmes et 49% des hommes sont en CDI sept ans plus tard. Chez les 36-50 ans, cela n'est plus le cas que de 44% des femmes et 36% des hommes.
Leur chance d'obtenir un CDI reste néanmoins plus forte que celle des salariés en intérim en 2008 (41% sont en CDI en 2015) ou en chômage indemnisé (28%).
Les personnes en contrat limité supportent également davantage de périodes de chômage indemnisé, à court terme comme à long terme: dès l'année suivante, ils sont 14% à être principalement chômeurs indemnisés, contre 3% pour les salariés initialement en CDI.
Au total, 43% des salariés en contrat à durée limitée en 2008 ont été chômeurs indemnisés pendant au moins l'une des sept années suivantes (64% si on inclut les inactifs et les chômeurs non indemnisés), soit environ deux fois plus que les salariés en CDI.
L'Insee rappelle que le CDI reste "la norme de l'emploi" en France et couvre 90% des effectifs du secteur privé. En revanche 87% des embauches hors intérim se font en CDD, avec des contrats de plus en plus courts.
L'écart entre les deux mesures du chômage s'accroît
L'écart entre les deux mesures de référence du chômage, les demandeurs d'emploi catégorie A de Pôle emploi d'un côté, et les chômeurs au sens du BIT de l'autre, s'est accentué de 0,3 à 0,8 million entre 2013 et 2017, selon une étude publiée mardi par l'Insee.
En moyenne en 2017, en métropole, 2,6 millions de personnes âgées de 15 à 64 ans étaient au chômage au sens du Bureau international du travail (BIT) alors que 3,4 millions étaient inscrites à Pôle emploi en catégorie A.
Un chômeur BIT est une personne sans emploi lors d'une semaine de référence, ayant cherché un emploi lors du mois précédent et disponible pour en prendre un dans les 15 jours. L'enquête Emploi de l'Insee, réalisée auprès des ménages, permet d'estimer le nombre de personnes répondant à cette définition internationale.
L'inscription à Pôle emploi résulte elle d'une démarche administrative. Sont recensés en catégorie A les demandeurs d'emploi qui n'ont pas travaillé au cours d'un mois donné.
Pour comprendre cette divergence, les auteurs ont recoupé les données de l'enquête Emploi de l'Insee et des fichiers de Pôle emploi.
Il en ressort que seuls 56% des demandeurs d'emploi catégorie A sont chômeurs BIT. 20% sont dans le "halo autour du chômage", c'est à dire souhaitent travailler mais ne sont temporairement pas disponibles (vacances, déménagement, maladie...). 16% déclarent ne pas souhaiter travailler, principalement des seniors proches de la retraite.
Enfin, 9% des catégorie A sont considérés en emploi par l'Insee, des personnes en situation transitoire (chômage partiel par exemple) et des cas particuliers (indépendants, métiers artistiques...) qui peuvent n'avoir déclaré aucune heure de travail à Pôle emploi.
A l'inverse, seuls 67% des chômeurs BIT sont inscrits en catégorie A. 22% ne sont pas inscrits à Pôle emploi, souvent des jeunes qui n'ont pas les conditions (quatre mois de travail sur les 28 derniers). 11% sont inscrits dans une autre catégorie, notamment en catégorie B (activité réduite).
Selon les auteurs, les trois quarts de la divergence entre les deux mesures s'expliquent par le recul de l'âge de départ à la retraite et la fin en 2012 de la dispense de recherche d'emploi pour les seniors proches de la retraite. Ceux-ci se sont retrouvés inscrits en catégorie A mais sans être chômeurs au sens du BIT.
La baisse du nombre de jeunes chômeurs en 2017, lesquels sont moins inscrits à Pôle emploi, explique le dernier quart de la divergence.
(Avec AFP)

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