30 août 2018

Bruno Le Maire confirme que la Caisse des dépôts et consignations contrôlera La Poste



Par Challenges.fr le 30.08.2018 à 07h31, mis à jour le 30.08.2018 à 08h50
"Nous voulons créer un grand pôle financier public au service des territoires", a déclaré M. Le Maire sur Radio Classique, tout en affirmant que "La Poste restera un établissement public, il n'y aura aucune privatisation, aucune intention de privatisation".
Le ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire a confirmé jeudi le projet de rapprochement entre la Banque postale et CNP Assurances , qui passera par une prise de contrôle de La Poste par la Caisse des dépôts et consignations. "Nous voulons créer un grand pôle financier public au service des territoires", a-t-il dit sur Radio Classique, en soulignant que l'objectif était aussi de permettre à La Poste, qui perd chaque année 6% du volume de son activité courrier, de se développer dans la banque et l'assurance.
Selon une source gouvernementale, l'opération prévoit un rapprochement de La Banque postale et de l'assureur vie CNP assurances, dont la CDC détient 41% du capital, une participation qui sera apportée à la filiale bancaire de La Poste. En contrepartie, la CDC détiendra "plus de 50% de la Poste", contre 26,32% actuellement, a dit Bruno Le Maire, en soulignant que ce projet figurerait dans le projet de loi Pacte de croissance et de transformation des entreprises débattu prochainement au Parlement. Le ministère de l'Economie a annoncé que Bruno Le Maire s’entretiendrait ce jeudi à 9 h 30 avec Eric Lombard, directeur général de la CDC et Philippe Wahl, PDG du Groupe La Poste.
C'est un serpent de mer en passe de devenir réalité : le gouvernement va lancer jeudi le chantier d'un grand pôle public de banque et d'assurance, passant par le rapprochement des géants CNP Assurances et La Banque Postale. Selon trois sources concordantes, le ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire va présenter les modalités de ce mariage, qui nécessitera au préalable le dépôt d'un amendement dans le cadre de la future loi PACTE pour déverrouiller le capital du groupe La Poste. M. Le Maire doit s'entretenir jeudi à 9H30 avec Eric Lombard, directeur général de la Caisse des dépôts (CDC), et Philippe Wahl, président-directeur général du Groupe La Poste, avant la tenue d'une conférence de presse à Bercy, ont précisé mercredi soir les services de son ministère.
Dans le détail, la Caisse des dépôts, actionnaire de La Poste à hauteur de 26% depuis 2011, deviendra majoritaire au capital du groupe en mettant la main sur une partie des parts détenues par l'Etat français via l'Agence des participations, ont précisé les sources à l'AFP. En retour, la Caisse des dépôts apportera à La Poste sa participation d'environ 40% dans CNP Assurances. Le groupe "La Poste restera à 100% public, puisque les actionnaires de La Poste seront l'Etat et la Caisse des dépôts", a précisé une source proche du dossier, précisant que "l'Etat restera au capital de la Poste".
Fin 2019 au plus tôt 
Si elle aboutit, cette opération ne pourra se faire qu'après la promulgation de la loi PACTE et au plus tôt à la fin 2019, date d'expiration du pacte d'actionnaires de CNP Assurances conclu entre l'Etat, la Caisse des dépôts, BPCE et La Banque Postale. "L'objectif, c'est de permettre la constitution d'un grand pôle financier public, au service des territoires et du développement de la Poste par un rapprochement entre à la fois la CNP et la Banque postale, et la Caisse des dépôts et La Poste", a déclaré l'une des sources à l'AFP.
Envisagé de très longue date au sein des cercles économiques et politiques, ce rapprochement a longtemps tardé à se concrétiser tant les obstacles étaient nombreux : complexité technique du montage financier, mésentente de personnes, difficulté de manoeuvrer des acteurs établis de longue date dans le giron de la sphère publique. Pour la Caisse des dépôts, le sujet est par ailleurs très sensible, l'institution tirant le quart de ses revenus de l'activité de CNP Assurances. Mais la donne a récemment changé dans un certain nombre de secteurs, à commencer par celui des dirigeants.
La CDC a notamment vu arriver à sa tête un nouveau directeur général, Eric Lombard en remplacement de Pierre-René Lemas, ancien camarade de promotion de François Hollande et grand serviteur de l'Etat, poussé brutalement vers la sortie par l'exécutif à l'été 2017. M. Lombard, qui contrairement à son prédécesseur a fait l'essentiel de sa carrière dans le privé, a dès son arrivée dit son intention de passer en revue les participations de l'Etat et a lancé un grand plan visant à recentrer l'action de la Caisse des dépôts autour de quelques grandes missions, comme par exemple le développement des territoires.
De son côté CNP Assurances a annoncé le départ surprise mi-juillet de son patron Frédéric Lavenir, officiellement pour "raisons personnelles".
Soutiens et synergies recherchés 
Sur le plan de l'activité proprement dite, la situation n'est plus tout à fait la même non plus. La Poste cherche à se réinventer sur fond de déclin de son activité historique dans le courrier, au moment où La Banque Postale, très dépendante des activités de détail, souffre comme l'ensemble de ses rivales des taux d'intérêt très bas qui compliquent la tâche de faire fructifier l'argent des clients.
Ce qui la pousse à rechercher des synergies et des nouveaux relais de croissance. En outre, "un rapprochement entre La Poste et la CDC représente aussi des synergies à la fois en matière de financement des collectivités locales, sur les réseaux territoriaux, sur la présence dans le territoire", a souligné une source à l'AFP.
(avec AFP)

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