2 juillet 2018

A la Société Générale, « 75% des salariés vont changer de job dans les 5 ans »


 La Tribune
Par Delphine Cuny  |  02/07/2018, 6:30  |  903  mots


« Il n’y aura plus de caisses dans les agences dans 5 ans » prédit le directeur de la banque de détail en France, Laurent Goutard. (Crédits : © Jacky Naegelen / Reuters)Le groupe, qui réduit son réseau d'agences et ses effectifs dans la banque de détail, lance un dispositif d'accompagnement des salariés et de montée en compétence, « Mon job 2020 », pour « maintenir l'ascenseur social ». Le directeur de la banque de détail en France, Laurent Goutard, indique qu’il n’y aura « plus de caisse en agence dans 5 ans. »


Huit mois après avoir annoncé une nouvelle réorganisation, avec 900 suppressions de postes supplémentaires (soit 3.450 prévues entre 2016 et 2020) et plus de fermetures d'agences en France, la Société Générale veut montrer que son plan stratégique « Transform to grow » ne s'effectue pas au détriment des salariés. La banque de La Défense a présenté vendredi son dispositif d'accompagnement des collaborateurs « Mon job 2020 » destiné à accroître la mobilité, développer leurs compétences et l'expertise, dans le but de rendre un meilleur service au client.
Testé auprès de 3.000 personnes, ce dispositif, qui s'inscrit dans le cadre d'un accord signé le 1er mars dernier avec trois organisations syndicales majoritaires et entré en vigueur au 1er juin, est désormais étendu aux 20.000 employés travaillant pour la banque de détail dans l'Hexagone : auto-diagnostic en ligne des compétences et outil de ressources humaines utilisant l'intelligence artificielle pour proposer des parcours professionnels individualisés et des formations, en cours classique ou à distance.
En amont, une cartographie des compétences et des métiers de demain a été élaborée dans une démarche « participative » ayant associé 400 salariés, du directeur d'agence au conseiller particuliers ou entreprises, en passant par les analystes de crédit, afin d'anticiper l'impact du numérique et de la baisse continue de fréquentation des agences.
« On estime que les trois quarts des collaborateurs vont changer de job dans les cinq ans » a déclaré Laurent Goutard, le responsable de la banque de détail en France lors d'une présentation à la presse.
« Soit leur métier va disparaître, comme les chargés d'accueil ou les caissiers, soit il subsistera mais en évoluant fortement, comme celui de directeur d'agence » a-t-il précisé, en prédisant que « dans cinq ans, il n'y aura plus de caisse en agence. »

Aplatissement de la pyramide managériale

La banque emploie aujourd'hui encore 1.500 personnes à des postes de caissiers ou chargés d'accueil, mais « n'en recrute plus depuis deux ou trois ans » pour ses 2.000 agences, qui seront ramenées au nombre de 1.700 dans deux ans. Les caisses sont surtout utilisées par les commerçants, mais l'essor des paiements par carte, notamment sans contact pour les petits montants au détriment des espèces, les rend moins nécessaires. De nombreuses opérations, dont les dépôts d'espèces, peuvent être réalisées depuis les guichets automatiques.
« Tous les collaborateurs ont leur place, c'est notre promesse sociale » a fait valoir Laurent Goutard. « Il y a un peu moins d'opportunités avec l'aplatissement de la pyramide managériale et la suppression du nombre de niveaux hiérarchiques, des perspectives de carrière différentes, mais nous voulons maintenir l'ascenseur social. » Et d'ajouter : « Il faut conserver des passerelles, mais lutter contre la tendance au zapping, laisser les conseillers un peu plus longtemps en poste. »
Les mobilités sont déjà très importantes, de l'ordre de 5.000, géographiques ou fonctionnelles, par an, avec de fortes disparités, notamment un important turnover en région parisienne, où les banques se livrent une rude concurrence sur les profils tels que les directeurs d'agences. D'autres bassins d'emploi sont moins dynamiques. 

Si les salariés ont montré de l'appétence pour l'auto-diagnostic, il y a « des réticences au partage des résultats avec les managers, qui peut être anxiogène » a constaté Anne-Claire Charrois, responsable de la transformation dans le Nord de la France, tout juste promue directrice régionale Dunkerque Côte d'Opale.
« Il n'y a toutefois pas de remise en cause du bien-fondé de la transformation : les gens en agence voient bien les changements d'attente et d'usages » a-t-elle affirmé.

Rupture conventionnelle collective

La restructuration concerne aussi le back-office : six centres de traitement sur 20 sont en train de fermer, à Rouen, Caen, Nancy, Grenoble, Nice et Paris (Jemmapes), alors que la banque veut automatiser 80% des processus internes entre agences et back-office d'ici à 2020.
« Les fermetures se passent bien, il n'y a pas de grève ni de problème particulier » a assuré le directeur des ressources humaines de la banque de détail en France, Stéphane Dubois. « Et nous avons fait le choix de continuer à recruter, un peu de plus de 600 personnes cette année, de tout âge, plutôt diplômés et experts », à comparer à plus de 2.000 embauches en 2015.

L'accord signé avec les syndicats exclut tout licenciement économique et donne la priorité au reclassement interne (formations, primes à la mobilité géographique), mais prévoit aussi la possibilité de passer par une rupture conventionnelle collective, dans le cadre d'un projet personnel ou d'un aménagement de fin de carrière notamment. Environ 200 personnes sont éligibles à ce dispositif dont sont écartées toutes les expertises (conseillers entreprises ou patrimoniaux par exemple), tout comme les postes en région parisienne, sauf caissiers et chargés d'accueil, qui relèvent d'un autre accord social de transition d'activité. Selon le DRH, il n'y a « pas d'exode massif » depuis début juin : « une trentaine de personnes ont levé la main. »

Alors que les métiers de banque sont à l'aube d'une profonde transformation, notamment sous l'effet du numérique, le baromètre interne a montré que les salariés s'interrogent sur leur avenir. Autre signe de perte de repères, ou de confiance : 50% des employés quittant la Société Générale ne restent pas dans le secteur bancaire. « C'est nouveau » reconnaît Stéphane Dubois.



Notre avis:

Entre fermetures d'établissements, restructurations permanentes et baisses des effectifs, la Banque est un secteur qui ne fait plus rêver !

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