Un projet d’accord de rupture conventionnelle collective pourrait concerner
salariés et fonctionnaires de l’établissement public. Une première dans
l’histoire de cette institution bicentenaire.
Par Véronique Chocron Publié hier à 15h17, mis à jour hier à 15h17
Le monde.fr
C’était une attente de l’exécutif à l’égard de la Caisse des dépôts et
consignations (CDC) : « réduire les coûts de fonctionnement
de l’ensemble du groupe, incluant notamment la maîtrise de la masse
salariale ». Cette recommandation figurait en bonne place dans la
feuille de route, envoyée par le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, en
décembre 2017, au nouveau patron de l’institution publique, Eric Lombard.
Un peu plus d’un an plus tard, les négociations sur un texte de rupture
conventionnelle collective (RCC) au sein de l’établissement public de la Caisse
des dépôts progressent rapidement. Lundi 11 mars, les organisations
syndicales de l’institution ont en effet reçu un projet d’accord précisant les
conditions de ce plan de départs, dont Le Monde a obtenu
copie.
Sur la base du volontariat
L’établissement public, qui emploie quelque 5 500 personnes, y prévoit
le départ de 100 collaborateurs, au maximum, sur la base du volontariat. Ce
nombre pourrait toutefois évoluer au cours de la négociation. Le document
propose à ce stade de verser aux candidats au départ le montant cumulé des
indemnités légale et conventionnelle, majoré de 10 %. Le dispositif sera
ouvert aussi bien aux salariés qu’aux fonctionnaires de l’établissement, pour
peu qu’ils aient cumulé dix années d’ancienneté et soient porteurs d’un projet
professionnel.
Les négociations avec les organisations syndicales représentatives doivent
se poursuivre au cours du premier semestre. Un dispositif de rupture
conventionnelle collective devant obligatoirement donner lieu à un accord
majoritaire, sa mise en place reste suspendue à la signature de trois
organisations syndicales. Si la Caisse obtient leur feu vert, les départs
devraient s’échelonner entre la fin 2019 et le 31 décembre 2020.
Démarche inédite
La démarche s’avère inédite. La Caisse des dépôts, fondée en 1816,
placée sous la protection spéciale du Parlement, peu habituée à restreindre son
train de vie, va mettre en place son premier un plan de départs. En outre, « il
s’agira du premier accord de rupture conventionnelle collective touchant des agents
publics », indique-t-on à la Caisse.
« Il s’agit à la fois de mener une politique de bonne gestion, et
de réaliser la transformation de la maison, poursuit ce porte-parole de la
CDC. Il n’y aura pas de suppression sèche de postes : l’accord
permet de les réaffecter, notamment sur le numérique ou la gestion d’actifs, et
d’embaucher de nouveaux profils, ingénieurs ou spécialistes en
investissements ».
Par le passé, la gestion interne de l’établissement public a souvent laissé
à désirer. La Cour des comptes a dénoncé en 2015 une « dérive choquante
» de CDC Entreprises, filiale à 100 % du groupe, qui a distribué entre
fin 2007 et fin 2010 des actions gratuites, offrant aux personnels
intéressés « un effet d’aubaine difficilement justifiable ». Et en
mars dernier, l’institution de la rue Cambon a sévèrement critiqué les dépenses
de fonctionnement de l’établissement, pointant des « irrégularités en
matière de rémunération » et une hausse de 23 % des dépenses entre
2007 et 2015, due notamment à l’expansion de la masse salariale.
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