La question est dans l’air : Faut-il supprimer Pôle Emploi pour confier ses
missions au secteur privé ?
Pour les détracteurs du service public de l’emploi, celui-ci est
inefficace, avec un rendement quasi nul et des coûts de placement plus élevés
que chez les sous-traitants.
Vrai ou faux ?
Il est vrai que les salariés de Pôle Emploi sont submergés de travail
et qu’entre la pression pour faire du résultat, la bureaucratie interne, le
manque de moyens et la hausse du chômage, l’allocataire a trop souvent
l’impression d’avoir à faire au royaume du père Ubu plutôt qu’à une institution
organisée et performante.
Et du côté du privé ? Est-ce mieux ?
Un récent rapport de la DARES, la Direction de l’Animation de la
Recherche des Etudes et des Statistiques, nous apporte des éléments forts
intéressants.
Que nous dit-il ?
Les études qui identifient un groupe de contrôles crédibles ;
population similaire et nature identique de l’accompagnement ; convergent sur le
fait que le recours aux opérateurs privés est souvent moins efficace pour le
retour à l’emploi que le recours à l’opérateur public. Et les chiffres
parlent !
Pour les licenciés économiques en convention de reclassement, par
exemple, moins d’1 sur 3 pointe encore au chômage treize mois après leur perte
d’emploi quand ils sont suivis par l’opérateur public, contre 38 % pour un
opérateur privé.
Le taux de contrats à durée indéterminée décrochés est supérieur à
Pôle Emploi : 44 %. Contre 39 % pour le privé.
Cerise sur le gâteau ! Le coût de placement d’un chômeur serait de
22.000 euros en moyenne par an pour le privé, et de 11.000 euros pour le
public.
Ce qui a fait écrire à un journaliste du Figaro, peut soupçonnable
d’être un ennemi du secteur privé : « Pôle Emploi reclasse mieux les chômeurs
que le privé ».
Et pourquoi donc, me direz-vous ?
La raison principale en est simple. La course au profit !
Si je suis rémunéré au nombre de salariés reclassés, je fais du
chiffre. Peu importe si je privilégie les CDD d’un mois plutôt que la recherche
de solutions pérennes. Il existe également un risque d’écrémage, les opérateurs
externes peuvent décider de sélectionner ou d’inciter à les contacter que les
chômeurs les plus proches du marché du travail et donc ceux qui sont les plus
susceptibles de retrouver un emploi.
Mais d’où vient l’augmentation des coûts ?
L’opérateur privé, et cela est légitime, a la nécessité de couvrir
ses charges et d’avoir une marge bénéficiaire. A cela, se rajoutent la rédaction
des contrats de sous-traitance et le suivi de leur réalisation qui peuvent avoir
des coûts importants, comme on peut le voir en Allemagne ou au
Pays-Bas.
Et oui ! Si je délègue en externe, il faut que je contrôle pour
éviter les dérives et abus.
Cela ne veut pas dire qu’un certain nombre d’opérateurs privés ne
font pas correctement leur travail et que tout est rose à Pôle Emploi ! Mais
simplement qu’avant de vouloir détruire une maison, même s’il y a des trous dans
le toit et des fuites au sous-sol, mieux vaut s’assurer que ce n’est pas pour
vivre sous la tente