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JEUDI 11 JUIN 2020
Crise du Covid-19
Télétravail, distanciation sociale …
Comment se gère le déconfinement dans une grande banque internationale ?
Exemple chez HSBC avec Pascal Bélouis, délégué syndical national CFTC.
Quelles sont les grandes lignes du plan
de déconfinement chez HSBC ?
Comme dans les autres banques, il s’agit d’un plan de
phasage, qui ne s’engage pas au-delà du 31 juillet. Globalement, HSCBC n’a pas
l’intention de jouer la carte du déconfinement rapide. Le plan prévoit de faire
revenir vraiment très progressivement les salariés sur site. La première phase
s’étend jusqu’au 19 juillet, avec l’objectif de 20 à 30 % des personnes en
présentiel. La deuxième phase, jusqu’à fin juillet, vise un maximum de 40 %.
Au-delà, du fait de nombreuses incertitudes, c’est encore très flou.
Les modalités sont-elles différentes
selon les métiers ?
Bien sûr ! Dans les services centraux, la très grande
majorité des salariés reste en télétravail. Ceux de l’activité « entreprises »,
d’ordinaire sur des plateaux de centres d’affaires, appliquent aussi les règles
de distanciation et de télétravail et les rendez-vous physiques demeurent exceptionnels,
et s’ils sont jugés indispensables. Dans les agences, enfin, la règle des 20 %
des effectifs maximum sur site s’applique grâce au roulement des salariés.
Elles n’ouvrent au public que trois ou quatre jours par semaine au lieu de cinq
mais il n’y a plus besoin de prendre rendez-vous pour les opérations courantes.
Comment s’est passée la période de
confinement ?
Après quelques réticences, une fois décidé, le plan de
confinement a finalement été déployé rapidement. Pratiquement 90 % des salariés
ont été mis en télétravail avec du matériel adapté et la banque a fonctionné,
certes en mode dégradé mais a fonctionné.
L’entreprise a contacté des prestataires afin d’équiper les collaborateurs, les
nouveaux process ont été dressés en moins de trois semaines, les services
informatiques ont travaillé jours et nuits … Ce fut un travail colossal ! Pour
le public, les agences proposaient des ouvertures limitées en jours et en
heures, exclusivement pour les urgences bancaires. En cas de documents
impératifs à signer, il fallait prendre rendez-vous.
LA CFTC CHEZ HSBC
Avec près de 25 % des voix, la CFTC est la deuxième OS
représentative – tous collèges confondus – chez HSBC France, depuis les
élections professionnelles de décembre dernier. Première chez les cadres et
deuxième chez les TMB (techniciens métiers de la banque).
La CFTC a quatre DS « négociateurs » à plein temps. L’équipe est complétée par
quatorze autres DS et douze représentants de proximité, qui ont pour la plupart
conservé une activité opérationnelle.
HSBC est un groupe bancaire international britannique présent dans plus de 80
pays. Le groupe emploie plus de 200 000 salariés dans le monde. Son siège
social est à Londres. En France, 8600 personnes travaillent pour HSBC,
réparties dans quelque 250 agences et les services centraux. Le site de La
Défense (Hauts-de-Seine), accueille plus de 4000 salariés.
Retrouvez l’actualité de la CFTC chez
HSBC France
De quelle manière les OS sont-elles
associées aux mesures dans l’entreprise depuis le début de la crise du Covid-19
?
HSBC n’a pas de culture du partage a priori. Ici,
c’est la culture anglo-saxonne qui prévaut. Aucune OS n’a été associée
préalablement aux réflexions, que ce soit lors du confinement, comme du
déconfinement. Nous nous sommes seulement vus présenter les choses après coup.
Et nous ne pouvions agir qu’à la marge… En ce qui concerne plus précisément le
plan de déconfinement, la CFTC s’est abstenue au moment de la consultation.
Pourquoi cela ?
Pour au moins trois raisons ! D’abord, nous avons eu
très rapidement connaissance de pressions exercées sur des collaborateurs pour
qu’ils reviennent sur site alors que le plan affiche une prise en compte de
chaque situation individuelle et la possibilité, pour toute personne ne
souhaitant pas revenir sur site, de poursuivre son activité à domicile. Nous
avons aussi constaté des pressions commerciales sur les objectifs de nos
collègues, sans prise en compte de l’activité en mode dégradée qui se pratique
depuis plusieurs mois du fait de la pandémie et du confinement. Et enfin, nous
regrettons l’absence de discussion sur le télétravail, qui est quasi
généralisé. Nous avons demandé une négociation pour prévoir les conditions
précises de la poursuite du télétravail à moyen terme. C’est une priorité pour
la CFTC. Pour la direction d’HSBC, il est trop tôt …
LA CFTC DEMANDE L’OUVERTURE D’UNE NÉGOCIATION
NATIONALE SUR LE TÉLÉTRAVAIL ET LE FLEXIPCA
Compléter l’accord existant sur le télétravail par un
volet consacré au télétravail « contraint ». C’est la demande de la CFTC chez
HSBC. Pour l’instant restée sans réponse de la part de la direction.
Le 18 mai, la CFTC d’HSBC a écrit à la directrice des ressources humaines de la
banque afin de demander l’ouverture, sans délai, d’une négociation sur le
télétravail dans le cadre du Plan de Continuité de l’entreprise (PCA) en
période de Covid. Pascal Bélouis, DS national CFTC, résume ainsi les choses : «
En plein déconfinement, chez HSBC, le télétravail n’est pas suffisamment normé.
La banque n’est pas totalement opposée à en discuter et tiendra courant juin
une réunion avec l’ensemble des OS représentatives chez HSBC pour évoquer les
questions relatives au télétravail. Selon HSCB, il est malgré tout trop tôt
pour tirer des enseignements de la crise. » Pascal Bélouis reconnaît que « la
direction pilote d’une façon correcte la crise Covid ».
En revanche, le DS
national précise que « pour la CFTC, l’idée n’est pas de tirer les enseignements
de la crise mais de négocier ce que sera HSBC demain. » La CFTC et l’ensemble
des OS en sont d’accord : « La direction fait du pilotage à vue. Or on a déjà
une très bonne vision des problèmes rencontrés ; il faut ouvrir une négo au
plus vite ! »
Qu’avez-vous obtenu malgré tout ?
- Le plan de déconfinement manque cruellement d’un plan
de contrôle documenté qui permettrait de s’assurer de sa mise en œuvre
effective dans le respect des principes fondamentaux sur lesquels il repose.
Pour la CFTC, ce plan, qui est mis en place sous la responsabilité de la
direction de l’entreprise, ne pouvait s’imaginer sans un suivi réalisé par la
Commission SSCT, à chaque date charnière que constituera le passage d’une phase
du plan à une autre. Nous avons obtenu cela ! Ce ne fut pas simple et nous en
sommes fiers. Nous avons aussi été entendus sur la participation des
représentants de proximité à ces réunions de suivi au sein de la Commission
SSCT.
Ces jours-ci, l’activité syndicale
déconfine-t-elle ?
- Oui. Nous sommes aujourd’hui autorisés à nous déplacer
dans les différents sites du périmètre de nos mandats … toujours dans le
respect de la distanciation sociale. Cela fait du bien de revoir les salariés
et de pouvoir échanger en direct avec eux.
À moyen terme, selon vous, quel défi
relever ?
- Il nous faut incarner le discours « valoriser le
capital humain » ! Car dans la banque, aujourd’hui, on en est loin ! L’objectif
demeure « valoriser le capital financier » … Il s’agit donc de relever le défi
d’un nouveau dialogue social. J’imagine un dialogue social plus efficient, qui
serait permanent et pas seulement utile et visible en temps de crise. Ce
dialogue reste à inventer par les employeurs comme par nous, les représentants
des salariés.
Propos recueillis par
Stéphanie Baranger
Pascal Bélouis est aussi RS au CSE (il n’y a plus
qu’un seul CSE chez HSBC depuis les dernières élections) et représentant de
proximité. Chez HSBC, avant d’être détaché à 100 % pour son activité syndicale,
il exerçait le métier d’auditeur crédit