La Tribune
« Il n’y aura plus de
caisses dans les agences dans 5 ans » prédit le directeur de la banque de
détail en France, Laurent Goutard. (Crédits : © Jacky Naegelen /
Reuters)Le groupe, qui réduit son réseau d'agences et ses effectifs dans la
banque de détail, lance un dispositif d'accompagnement des salariés et de
montée en compétence, « Mon job 2020 », pour « maintenir
l'ascenseur social ». Le directeur de la banque de détail en France,
Laurent Goutard, indique qu’il n’y aura « plus de caisse en agence dans 5
ans. »
Huit mois après avoir annoncé une nouvelle
réorganisation, avec 900 suppressions de postes supplémentaires (soit 3.450
prévues entre 2016 et 2020) et plus de fermetures d'agences en France, la
Société Générale veut montrer que son plan stratégique « Transform
to grow » ne s'effectue pas au détriment des
salariés. La banque de La Défense a présenté vendredi son dispositif d'accompagnement des
collaborateurs « Mon job 2020 » destiné à accroître
la mobilité, développer leurs compétences et l'expertise, dans le but de rendre
un meilleur service au client.
Testé auprès de 3.000 personnes, ce dispositif, qui
s'inscrit dans le cadre d'un accord signé le 1er mars dernier
avec trois organisations syndicales majoritaires et entré en
vigueur au 1er juin, est désormais étendu aux 20.000 employés travaillant pour
la banque de détail dans l'Hexagone : auto-diagnostic en ligne des compétences
et outil de ressources humaines utilisant l'intelligence artificielle pour
proposer des parcours professionnels individualisés et des formations, en cours
classique ou à distance.
En amont, une cartographie des compétences et des
métiers de demain a été élaborée dans une démarche « participative »
ayant associé 400 salariés, du directeur d'agence au conseiller particuliers ou
entreprises, en passant par les analystes de crédit, afin d'anticiper l'impact
du numérique et de la baisse continue de fréquentation des agences.
« On estime que les trois quarts des
collaborateurs vont changer de job dans les cinq ans » a déclaré Laurent Goutard,
le responsable de la banque de détail en France lors d'une présentation à la
presse.
« Soit
leur métier va disparaître, comme les chargés d'accueil ou les caissiers, soit
il subsistera mais en évoluant fortement, comme celui de directeur
d'agence » a-t-il précisé, en prédisant que « dans cinq ans, il n'y
aura plus de caisse en agence. »
Aplatissement de la pyramide managériale
La banque emploie aujourd'hui encore 1.500 personnes à des postes de caissiers
ou chargés d'accueil, mais « n'en recrute plus depuis deux ou trois
ans » pour ses 2.000 agences, qui seront ramenées au nombre de 1.700
dans deux ans. Les caisses sont surtout utilisées par les commerçants, mais
l'essor des paiements par carte, notamment sans contact pour les petits montants
au détriment des espèces, les rend moins nécessaires. De nombreuses opérations,
dont les dépôts d'espèces, peuvent être réalisées depuis les guichets
automatiques.
« Tous
les collaborateurs ont leur place, c'est notre promesse sociale » a fait
valoir Laurent Goutard. « Il y a un peu moins d'opportunités avec
l'aplatissement de la pyramide managériale et la suppression du nombre de
niveaux hiérarchiques, des perspectives de carrière différentes, mais nous
voulons maintenir l'ascenseur social. » Et d'ajouter : « Il faut conserver
des passerelles, mais lutter contre la tendance au zapping, laisser les
conseillers un peu plus longtemps en poste. »
Les mobilités sont déjà très importantes, de l'ordre
de 5.000, géographiques ou fonctionnelles, par an, avec de fortes disparités,
notamment un important turnover en région parisienne, où les banques se livrent
une rude concurrence sur les profils tels que les directeurs d'agences.
D'autres bassins d'emploi sont moins dynamiques.
Si les salariés ont montré de l'appétence pour l'auto-diagnostic, il y a « des
réticences au partage des résultats avec les managers, qui peut être anxiogène »
a constaté Anne-Claire Charrois, responsable de la transformation dans le Nord
de la France, tout juste promue directrice régionale Dunkerque Côte d'Opale.
«
Il n'y a toutefois pas de remise en cause du bien-fondé de la transformation :
les gens en agence voient bien les changements d'attente et d'usages »
a-t-elle affirmé.
Rupture conventionnelle collective
La restructuration concerne aussi le back-office : six centres de traitement
sur 20 sont en train de fermer, à Rouen, Caen, Nancy, Grenoble, Nice et Paris
(Jemmapes), alors que la banque veut automatiser 80% des processus internes
entre agences et back-office d'ici à 2020.
« Les
fermetures se passent bien, il n'y a pas de grève ni de problème
particulier » a assuré le directeur des ressources humaines de la banque
de détail en France, Stéphane Dubois. « Et nous avons fait le choix de
continuer à recruter, un peu de plus de 600 personnes cette année, de tout âge,
plutôt diplômés et experts », à comparer à plus de 2.000 embauches en
2015.
L'accord signé avec les syndicats exclut tout
licenciement économique et donne la priorité au reclassement interne (formations,
primes à la mobilité géographique), mais prévoit aussi la possibilité de passer
par une rupture conventionnelle collective, dans le cadre d'un projet personnel
ou d'un aménagement de fin de carrière notamment. Environ 200 personnes sont
éligibles à ce dispositif dont sont écartées toutes les expertises (conseillers
entreprises ou patrimoniaux par exemple), tout comme les postes en région
parisienne, sauf caissiers et chargés d'accueil, qui relèvent d'un autre accord
social de transition d'activité. Selon le DRH, il n'y a « pas d'exode
massif » depuis début juin : « une trentaine de personnes ont
levé la main. »
Alors que les métiers de banque sont à l'aube d'une profonde transformation,
notamment sous l'effet du numérique, le baromètre interne a montré que les
salariés s'interrogent sur leur avenir. Autre signe de perte de repères, ou de
confiance : 50% des employés quittant la Société Générale ne restent pas dans
le secteur bancaire. « C'est nouveau » reconnaît Stéphane
Dubois.
Notre avis:
Entre fermetures d'établissements, restructurations permanentes et baisses des effectifs, la Banque est un secteur qui ne fait plus rêver !