Natixis durcit son plan de départs
Par Pauline Armandet le 15/04/2021 L'AGEFI Quotidien /
Edition de 14H
Les syndicats de
Natixis s'inquiètent des conséquences sociales du projet de délocalisation au Portugal de certaines fonctions
support de la banque dont l'informatique. Dans une lettre
adressée mardi au ministre de l’Économie et des Finance, Bruno Le
Maire, et à la Ministre du Travail, Elisabeth Borne, que L’Agefi
a pu consulter, les syndicats estiment que le nombre de postes menacés serait
deux fois plus élevé qu'initialement annoncé. Ils calculent que ce projet
entraînera la délocalisation à Porto de 430 postes sur les bassins d’emploi
parisien et rémois, notamment 209 poste internes et 221 prestataires externes,
dans le cadre du plan de départs volontaires (PDV) de la filiale cotée de BPCE,
présenté fin janvier.
« Il y a un effet de
loupe sur les 245 postes qui ont été annoncés mais cela va bien au-delà »,
confie un représentant du SNB CFE CGC, ajoutant que la direction n’a pas
communiqué sur les postes externes, « mais en réalité les suppressions
de postes concerneront aussi les prestataires externes ». La direction a « pour
idée de reclasser toutes les personnes internes. Les possibilités
de reclassement en interne questionnent et inquiètent l’ensemble des
organisations syndicales », regrette-t-il.
Fonctions
support touchées
Au final, le PDV
comprendrait la suppression de 36 postes dans les dérivés actions et 400 postes
dans des fonctions support, de back-office, RH, mais aussi ‘automatisables’.
« C’est se couper d’une partie de la base de tous les métiers qui
constituent les métiers de la banque, c’est une perte d’identité », regrette
la source syndicale.
L’intersyndicale
demande aux ministres «de faire arrêter l’hémorragie d’emplois, alors
que les résultats des banques sont ceux qui pâtissent le moins de la
crise ». « Si un gouvernement ne peut plus s’appuyer sur les
entreprises qui marchent, il ne va rester que les entreprises déficitaires en
France, ce sera un problème de gouvernance », confie le représentant
syndical.
Ces postes
s’ajouteraient aux 1.000 précédemment délocalisés au Portugal. Selon les
calculs des représentants syndicaux, il n’existerait pas un grand écart entre
le Portugal et certaines régions françaises, par exemple « entre les aides
que les régions mettent en place pour favoriser la localisation d’entreprises
dans leur bassin et les prix des loyers qui ne sont pas les mêmes qu’à Paris.
Certes, il y a la question des salaires mais l’un dans l’autre il n’y a pas un
écart avec la France ».
D'autres
délocalisations ?
Hors du PDV,
l’intersyndicale dénonce d’autres pratiques de la filiale de BPCE. Les contrats
jeunes sont désormais gérés par les RH de Porto. « Cette gestion de la
part de Natixis heurte notre sensibilité car les contrats jeunes font partie de
contrats aidés. On veut bien prendre les aides gouvernementales françaises,
mais on veut les faire gérer de Porto », regrette la source.
« De l’aveu même de la
direction, ce projet sera suivi d’autres délocalisations massives », ajoute
le courrier. Les négociations sur le PDV ont démarré le 28 janvier,
l’intersyndicale doit remettre son avis d’ici mi-mai à la direction. Elle
espère que Natixis sera « freinée » dans ses délocalisations,
qui devraient se faire d’ici mi-2022. Il n’est pas possible de connaître les
économies réalisées ou à venir par Natixis dans le cadre du PDV. « A
l’échelle d’une banque et des capitaux qu’elle manie, ce n’est pas monstreux »,
confie la source syndicale.
Natixis rappelle que
le projet présenté en janvier « entraînerait le repositionnement
d’activités équivalent à 209 postes Natixis actuellement localisés en
Ile-de-France » et qu’elle a lancé « un vaste programme de
mobilité interne et de formation pour ses collaborateurs ». « Ce
même projet prévoit également d’internaliser à Porto 128 postes (postes
actuellement non pérennes ou prestataires) », ajoute la banque qui dit
avoir « pour ambition de poursuivre l’internalisation à Porto de
certaines fonctions IT aujourd’hui externalisées ».
En revanche, elle ne
souhaite pas « commenter d’autres chiffres ».
Notre avis:
- Nous vous rappelons que les DS de BPCE Sa sont réunis ce jour et pour la première fois sur le projet d'intégration d'activités de NATIXIS à BPCE Sa.
- Comme toujours nous vous tiendrons bien sûr informés au fur et à mesure de l'avancement de cette négociation.