La direction juridique
de BPCE SA vue par l’inspection du Travail
(suite)
Fuite
en avant du haut management
CFTC-BPCE SA, mercredi 18
novembre 2015
Drôle
d’endroit pour une rencontre : à la diffusion d’un tract intersyndical
vendredi matin 6 novembre, ostensiblement roulé en boule et jeté au panier par
le président du directoire (et responsable
ultime de la qualité du «dialogue social») de BPCE SA franchissant l’entrée
du siège social, la direction a réagi en convoquant pour l’après-midi même la
totalité de l’effectif de la direction SGDJ.
La
réunion s’est tenue dans la toujours impressionnante «salle du conseil» au
sixième étage, garnie d’un nombre de fauteuils-cuir parfaitement calibré.
Etrange "transparence"
Un
lieu assez (trop ?) symbolique pour l’équipe juridique notamment, dont une
partie des missions courantes consiste à préparer le contenu technique de
beaucoup des dossiers examinés en ce lieu plutôt solennel : on s’y parle à
dix bons pas de distance, au microphone forcément, assis à une (creuse, mais monumentale)
table ronde - autour de laquelle chacun intègre illico qu’il vaut mieux filer
doux que jouer au preux chevalier.
Au
beau milieu d’un discours-fleuve classiquement annoncé comme devant être
«bref», on apprend que la direction de l’entreprise a décidé de diffuser auprès
de chaque collaborateur de l’entité SGDJ-Secrétariat général/direction
juridique le rapport d’enquête de l’inspecteur du Travail (présenté le 28 septembre en CHSCT) et les réponses de la direction
à ce rapport (présentées le 26 octobre en
CHSCT).
BPCE
SA, la grande entreprise dans laquelle la direction serait, ainsi, moins raisonnable
que les syndicats fous ?
Face
à la consternante inertie du haut management
après la présentation du rapport d’enquête de l’inspecteur du Travail, les
trois syndicats minoritaires (47 % des
voix aux élections professionnelles d’avril 2013) envisageaient de publier,
via un accès en quelque sorte à
l’unité, une version strictement anonymisée du rapport d’enquête.
Prise
de court (mais est-elle conseillée voire
cornaquée, ou agit-elle en roue libre ?), la direction a choisi la
fuite en avant : sous prétexte de transparence, en mode panique elle ouvre
la supérette de cette situation de crise.
Grand
bien lui fasse, mais… pas sûr que ce soit de bonne tactique. En tout cas, pour
le coup la direction a pris le parti de jouer avec le feu.
Une réunion, mais avant et après : rien
Drôle
de lieu, donc. Drôle de temps, aussi : il nous arrive à tous d’achever une
semaine de travail sur une négociation ardue, un échange professionnel à
fleurets mouchetés, une contrariété dont nous nous passerions bien, voire un
«séminaire de direction» standard… mais imposer d’un claquement de doigt à
plusieurs dizaines de «collaborateurs», juste
avant le week-end, une réunion aussi sensible alors que rien n’a été fait ni
même tenté dans les semaines et mois précédents : maladresse. Une de
plus ?
Nous
ne transcrivons pas le récit de cette réunion. Nous respectons la libre
expression de chacun s’y étant exprimé.
L’intersyndicale
SNB/CFDT/CFTC est dans son
rôle en jetant tel ou tel pavé dans la mare.
Par
contre la direction, elle, a pris l’initiative de jeter en pâture des documents
bruts non anonymisés. Un risque insensé du point de vue juridique (!), plus qu’une boulette assurément.
Dans
une équipe de quarante-cinq personnes qui se croisent tous les jours le long de
cet interminable couloir de la fonction «juridique» BPCE SA qu’a tant voulu et
obtenu son manager, une version
anonymisée aurait été «suffisamment» transparente.
Le
problème est qu’inévitablement, et la direction ne pouvait l’ignorer, les
copies-papier qu’elle a distribuées en sortie de réunion il y a dix jours ont
déjà fait des petits.
Le
misérable «feuilleton» - les «réponses» orientées de la direction ne pouvant
légitimement qu’appeler à leur tour le rétablissement de quelques vérités
factuelles par les organisations syndicales - ne fait donc que commencer.
Chacun
est fondé à penser que le management
et la DRH - plus que parfaitement informées - ont, au mieux, délibérément
laissé pourrir les choses.
Pensées suicidaires en raison du travail : pas grave ?
Trois
salariés SGDJ ont eu des pensées suicidaires liées à leur situation au travail.
Ce n’est pas rien, sauf pour le management et la DRH apparemment.
Quoi
qu’on pense - à tort ou à raison - du ton du rapport d’enquête de l’inspection
du Travail, ce document rédigé sur la base de témoignages recueillis a permis
que cela soit relevé et révélé.
La
diffusion d’un troisième document-clef sur la situation se fait toujours
attendre : contrairement a ce qui a été annoncé en réunion, le médecin du
Travail - rédacteur dudit document - n’a entretemps pas été sollicité.
Dans
ce courrier – n’ayant rien à voir avec le secret médical puisqu’il a été
adressé notamment au CHSCT - le médecin du Travail préconisait une solution en
des termes nettement plus incisifs que la version édulcorée semblant aujourd’hui
bien (trop) convenir à la direction.
Enfin,
notons au passage et sans procès d’intention que la structure nationale des vingt-six ARACT (agences régionales pour l’amélioration des
conditions de travail, celle d’Ile-de-France étant pressentie pour «accompagner»
SGDJ) a été, présidée par… le premier DRH-Groupe de BPCE.
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