L'année 2019
s'annonce plus compliquée que prévu pour les banques européennes. Outre
l'accentuation de la politique de taux négatifs de la BCE qui s'annonce, la
conjoncture économique risque de leur être moins favorable
La a ouvert la porte à une nouvelle baisse du taux de dépôts négatif
imputé aux réserves excédentaires que les banques placent à ses guichets chaque
jour.
les Echos.fr
Publié à 19h03
Mis à jour à 19h27
2019 pourrait être une année plus compliquée que prévu pour
les banques européennes. Outre la baisse des taux d'intérêt annoncée par la
Réserve fédérale américaine et celle qui se profile en Europe, les
établissements voient l'environnement économique s'assombrir et la concurrence
se muscler. Revue des multiples défis à relever.
1 Les taux négatifs rognent les marges
Le premier défi des
banques consiste à continuer d'engranger des bénéfices dans un monde où, sous
l'influence de la politique monétaire accommodante de la Banque centrale
européenne (BCE), l'argent est devenu quasiment gratuit. De fait, sous
l'influence du « QE » (pour « quantitative easing »), les
banques qui transforment de la ressource à court terme en crédit à long terme
ont vu leurs marges de crédit s'aplatir. Ce n'est pas nouveau mais, dans l'esprit
des banquiers, cette période « anormale » était sur le point de se
refermer. Or, ces derniers mois, sur fond de dégradation des perspectives
économiques, leur espoir de voir les taux remonter s'est envolé. Pire, pour les
banquiers, la BCE a ouvert la porte à une nouvelle baisse du taux de dépôts
négatif imputé aux réserves excédentaires que les banques placent auprès d'elle
chaque jour. Jusqu'à présent, les établissements n'ont répercuté ces taux
négatifs qu'aux dépôts de leurs clients entreprises. En Suisse et désormais en
France, certaines banques privées comme UBS ou Lombard Odier changent
toutefois de braquet, en facturant les dépôts trop abondants de leurs clients
particuliers. Ce n'est sans doute qu'un début.
2 Les nuages conjoncturels
Depuis quelques
années, les banques européennes ont bénéficié d'un phénomène
extraordinaire : le coût du risque reste collé à un plancher extrêmement
bas. Autrement dit, les faillites sont rares, les clients restent solvables, le
risque de prêter de l'argent est quasiment nul. Un scénario à vrai dire
anormal, qui doit beaucoup à la politique monétaire de la BCE. Compte tenu des
incertitudes conjoncturelles - illustrées mercredi par la baisse de
1,5 % de la production industrielle allemande en juin - ceci pourrait
changer. Mercredi, Commerzbank a
fait état d'un doublement du coût du risque en hausse au deuxième trimestre,
évoquant des « cas individuels ». En France, les
banques ont vécu le même sort, Crédit Agricole observant
par exemple une hausse de 60 % de son coût du risque. Là aussi, on évoque
poliment des « dossiers de place » sans les nommer,
mais la procédure de sauvegarde du groupe de distribution Rallye ou le
redressement judiciaire de l'équipementier pétrolier Bourbon devraient
logiquement en faire partie. Alors que les tensions commerciales et
géopolitiques s'accentuent, ce genre de cas individuels menacent de se
généraliser. Pour l'instant, pas de signe de ralentissement en vue : dans
les banques la machine à crédit tourne toujours à plein régime. Au premier
semestre, UniCredit a toutefois déploré une chute brutale de sa production de
crédits de 14 %.
3 Le nouveau paradigme bancaire
Avant la crise,
l'industrie bancaire affichait une croissance de 5 à 6 % par an. Depuis
cinq ans, elle se limite à 2 % à l'échelle mondiale, selon un rapport de
McKinsey. Or, sur fond de révolution technologique, les banques voient leur
statut d'intermédiaire financier de plus en plus menacé. « Les forces duales de l'innovation technologique (et des données) et
les changements dans l'environnement réglementaire et plus largement sociopolitique
ouvrent des pans de ce système d'intermédiation financière à des nouveaux
entrants », constate le cabinet. Dans les paiements, des géants comme PayPal, Stripe
ou AliPay se sont ainsi imposés en quelques années. Et Facebook, avec son
portefeuille Calibra, menace. Dans la banque de détail, des néobanques (N26 ou
Revolut) drainent aussi une clientèle croissante. Selon une estimation
d'ATKearney, d'ici à 2023, de 50 à 85 millions d'Européens seront clients
de ces néobanques, soit environ 20 % de la population de plus de 14
ans. « Les banques traditionnelles
seront sous pression pour trouver des partenaires ou se réinventer », juge le cabinet de
conseil. D'autant plus que cette concurrence concerne aussi de plus en plus la
banque d'entreprise.
4 La contrainte réglementaire
Depuis la crise, les
autorités n'ont cessé de renforcer l'arsenal réglementaire pour discipliner une
industrie exposée à des dérives. Les banques françaises, pour ne citer
qu'elles, ont plus que doublé leurs fonds propres entre la crise financière et
2016, à 296 milliards d'euros, selon la Banque de France. Or, ce mouvement
n'est pas terminé. Outre des évolutions comptables exigeantes en capitaux (IFRS
16), les banques européennes sont confrontées à la transposition
des règles prudentielles de Bâle
III, qui viendrait augmenter en moyenne de 24 % leurs
exigences en capital, soit 135 milliards d'euros, selon les estimations de
l'Autorité bancaire européenne. « Cet accord se
traduirait par une rupture d'égalité des conditions de concurrence et de
rentabilité avec les banques américaines, qui verront leurs exigences de
capital augmenter de 1,5 % seulement », ont critiqué en
juillet les présidents des fédérations bancaires française (FBF) et allemande
(BDB) dans « Les Echos ». Mais d'autres évolutions réglementaires
pèsent aussi sur le modèle économique des banques : DSP2 (paiements),
MiFID II (marchés financiers), RGPD (protection des données), etc.
5 Le risque de blanchiment
En Europe, la vague de
litiges hérités de la crise financière semble enfin toucher à sa fin. Mais les
amendes liées à la crise des subprimes et aux manipulations des indices Libor
et Euribor laissent la place à d'autres affaires qui pourraient se révéler tout
aussi coûteuses pour les banques. Visées par les Etats européens qui bataillent
contre la fraude fiscale, UBS et HSBC se retrouvent par exemple plombées par de
lourdes amendes. Mardi, la banque britannique a ainsi accepté de verser près de
300 millions d'euros pour clore une enquête pénale pour
« blanchiment » et « fraude fiscale » en Belgique. Les
banques nordiques, au premier du rang desquelles figure Danske Bank, sont
aussi dans le viseur des autorités américaines et européennes pour avoir fait
transiter des sommes gigantesques d'origine suspecte. Les scandales de
blanchiment pourraient aussi éclabousser les banques néerlandaises :
mercredi, ABN Amro a passé une provision de 114 millions d'euros pour
faire face à une analyse de 5 millions de comptes dans sa banque de détail
dans le cadre d'investigations liées à des soupçons de blanchiment d'argent.
Thibaut Madelin et Sharon Wajsbrot
Notre avis:
- Et pendant ce temps à BPCE Sa, on attend " OPAL" en Septembre !!!
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