Dans
l’Hérault, le patron d’un supermarché de la chaîne a lancé un vote pour que ses
salariés ne posent plus de congés pendant les vacances d’été.
« Avoir accepté de mettre en place des
congés payés au mois de juillet et d’août est pour moi une erreur. » L’aveu
lance une lettre adressée aux salariés d’un Intermarché de
Villemagne-l’Argentière (Hérault) le
31 juillet. Son auteur ? Le directeur du supermarché, Jean-Pierre Le Berrigo.
Son but ? Convaincre ses employés de renoncer à leurs vacances d’été, pour «
faire progresser l’entreprise », et entériner l’affaire par un référendum où
les votants ne peuvent se retrancher derrière leur anonymat.
Si certains internautes, surpris par des
éléments du texte, ont pensé que ce document était un faux, il n’en est rien.
Il est bien l’oeuvre de ce patron de ce supermarché installé à 80 km à l’ouest
de Montpellier. Sur une page, Jean-Pierre Le Berrigo tente de rallier son
personnel à son point de vue.
- « C’est au moment où l’on a le plus besoin de vous que vous vous absentez »
« Vous êtes tous de très bons
professionnels dans vos domaines respectifs, et pour nous deux mois les plus
forts vous prenez tous ou presque des congés, écrit-il. C’est au moment où l’on
a le plus besoin de vous que vous vous absentez pour laisser vos univers à des
saisonniers qui n’ont aucune connaissance de notre métier et aussi, souvent pas
forcément l’envie que vous avez de faire bien. »
« Décider sans votre accord ne servira à
rien », poursuit la lettre de Jean-Pierre Le Berrigo qui soumet donc la
décision au suffrage de ses salariés. Mais à ses conditions. « Ce vote n’est
pas anonyme car je considère que nous devons tous assumer nos décisions,
justifie-t-il. Les votes non exprimés seront pris en compte comme un oui pour
ne pas se retrouver avec une participation trop faible. »
Pour être adopté, le référendum doit
être soutenu par « non pas 50 % », mais « 60 % » des salariés du magasin de
Villemagne-l’Argentière, « afin que [la] décision soit incontournable grâce à
l’adhésion d’un maximum d’entre vous ». En bas de la lettre, l’employé est
invité à entourer « oui » ou « non » et à indiquer les motivations de son
choix.
- Le vote doit rester anonyme
Contacté par Le Parisien, Jean-Pierre Le
Berrigo, agacé par la fuite du document sur Internet, a refusé de nous répondre
par téléphone. Via Facebook, il nous a parlé de « bel exemple de démocratie
dans l’entreprise ». « Il n’y a rien contre les lois du travail. Je les respecte.
Comme mes salariés. La preuve, pas de passage en force. »
Légal son référendum ? Sur le fond, oui.
« Rien n’interdit d’empêcher ses salariés de positionner leurs jours de congé à
telle ou telle date, nous explique Me Eric Rocheblave,
avocat en droit du travail. Il n’y a pas de droit imprescriptible d’avoir ses
vacances en août. Avec les
lois adoptées en mars 2018, l’employeur peut conclure un accord
d’entreprise avec ses salariés et peut le faire par référendum. »
Sur la forme, le dossier est bien moins
correctement ficelé. « La loi précise que la
consultation doit être secrète, donc il ne peut pas interdire les
votes anonymes, poursuit l’avocat. Sur sa majorité de 60 % de oui, ça n’est pas
vraiment une faveur puisqu’il faut l’accord de deux tiers des salariés pour
qu’un tel accord soit adopté. »
- « J’ai perdu je pense »
A priori, ses salariés ne l’ont pas
suivi. « Ça divise, il y a des avantages et des inconvénients de chaque côté »,
nous explique une employée de l’Intermarché. « Dans mon rayon, on est contre »,
nous glisse l’un de ses collègues.
« J’ai perdu je pense », nous indique
Jean-Pierre Le Berrigo qui a déjà reçu « pas mal » de réponses. Le suspense ne
devrait pas durer jusqu’à la fin du mois de septembre, date où il doit
proclamer les résultats du référendum. Et où il lui faudra peut-être commencer
à réfléchir au planning des prochaines vacances d’été.
NOTRE AVIS
- Le défi est lancé:
- député la REM VS les chefs d'entreprise, qui va gagner le grand concours Lépine de la régression sociale?
On avait essayé le 20/8, de lister, les possibles reculs sociaux, mais "pas de vacances en été", on avait même pas réussi à l'imaginer.
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