24 août 2018

CONSOMMATION Fruits et légumes : ça flambe !

Le Dauphiné .com


L’association Familles rurales dénonce la flambée des prix. Consommer cinq fruits et légumes par jour devient inabordable pour les foyers modestes. Les producteurs accusent la grande distribution de marges indécentes.
Manger cinq fruits et légumes par jour devient inabordable pour les familles les plus modestes. Le coût des fruits et légumes est en forte hausse cet été selon l’Observatoire des prix de l’association Familles rurales  (1). Le prix du panier moyen a augmenté de 4,5 % en un an. Un kilo de fruits coûte en moyenne 3,91 € (+ 4 %) et il faut débourser 2,25 € en moyenne pour un kilo de légumes (+ 5 %).
Plusieurs fruits de saison très consommés l’été comme la pêche, la nectarine, l’abricot et le melon ont augmenté de plus de 15 %. Au rayon légumes, la courgette et la salade sont en hausse de plus de 10 %. L’enquête s’inquiète aussi de la flambée du prix de la carotte, un des légumes les plus accessibles, qui a augmenté de plus de 40 % en un an. « C’est particulièrement marquant pour les budgets les plus contraints », observe l’association de défense des consommateurs.
Un prix dissuasif
Le prix très élevé dissuade beaucoup d’acheteurs. Familles rurales a calculé qu’une famille de quatre personnes doit dépenser entre 115 € et 255 € par mois pour manger les cinq portions de fruits et légumes recommandées par le ministère de la Santé.
Une famille qui vit avec le SMIC doit ainsi consacrer 8 % de son budget mensuel à l’achat de fruits et légumes frais pour suivre les recommandations des pouvoirs publics. Pour ceux qui mangent exclusivement bio, la facture s’élève à 17 % du salaire minimum.
Les deux tiers des 500 familles interrogées par l’association ont reconnu manger moins de cinq  fruits et légumes par jour. La plupart avance le prix comme le principal frein à une augmentation de leurs achats.
En 2017, une étude de l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire) a mis en évidence des inégalités sociales dans la consommation de fruits et légumes. Les Français de catégories socioprofessionnelles supérieures en mangent davantage que le reste de la population. « Les contraintes financières constituent un frein à l’injonction à consommer plus de fruits et légumes », observe Faustine Régnier, sociologue à l’Inra (Institut national de la recherche agronomique). La chercheuse souligne « la cherté de ces produits sous-consommés par les classes populaires ». Alors que l’accès aux fruits et légumes est un enjeu de santé publique, les producteurs accusent la grande distribution de pratiquer des marges « indécentes ». Ils dénoncent l’écart entre le prix sur les étals et celui payé aux producteurs, parfois inférieur aux coûts de revient.
« Le prix des pommes subventionne celui du Nutella »
En octobre dernier, Serge Papin, alors PDG de Système U, reconnaissait lui-même dans nos colonnes : « Le prix des pommes subventionne celui du Nutella. » Il expliquait que les distributeurs s’offraient jusqu’à 40 % de marge sur les fruits et légumes pour compenser leur manque à gagner sur les produits de grande marque.
La fin de la guerre des prix qui pénalise à la fois le consommateur de fruits et légumes et les producteurs est l’un des principaux objectifs de la loi Agriculture et alimentation qui revient en nouvelle lecture le 12 septembre à l’Assemblée nationale.

(1) Enquête réalisée du 4 au 10 juin et du 2 au 18 juillet dans 33 départements (grandes surfaces, hard-discounts, marchés…)

Par Luc CHAILLOT | Publié le 24/08/2018 à 06:03 | 

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