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L’association Familles rurales dénonce la flambée des prix. Consommer cinq
fruits et légumes par jour devient inabordable pour les foyers modestes. Les
producteurs accusent la grande distribution de marges indécentes.
Manger cinq fruits et légumes par jour devient inabordable pour les
familles les plus modestes. Le coût des fruits et légumes est en forte hausse
cet été selon l’Observatoire des prix de l’association Familles
rurales (1). Le prix du panier moyen a augmenté de 4,5 % en un
an. Un kilo de fruits coûte en moyenne 3,91 € (+ 4 %) et il faut
débourser 2,25 € en moyenne pour un kilo de légumes (+ 5 %).
Plusieurs
fruits de saison très consommés l’été comme la pêche, la nectarine, l’abricot
et le melon ont augmenté de plus de 15 %. Au rayon légumes, la courgette
et la salade sont en hausse de plus de 10 %. L’enquête s’inquiète aussi de
la flambée du prix de la carotte, un des légumes les plus accessibles, qui a
augmenté de plus de 40 % en un an. « C’est particulièrement marquant
pour les budgets les plus contraints », observe l’association de défense
des consommateurs.
Un prix dissuasif
Le prix très
élevé dissuade beaucoup d’acheteurs. Familles rurales a calculé qu’une famille
de quatre personnes doit dépenser entre 115 € et 255 € par mois pour
manger les cinq portions de fruits et légumes recommandées par le ministère de
la Santé.
Une famille qui
vit avec le SMIC doit ainsi consacrer 8 % de son budget mensuel à l’achat
de fruits et légumes frais pour suivre les recommandations des pouvoirs
publics. Pour ceux qui mangent exclusivement bio, la facture s’élève à
17 % du salaire minimum.
Les deux tiers
des 500 familles interrogées par l’association ont reconnu manger moins de
cinq fruits et légumes par jour. La plupart avance le prix comme le
principal frein à une augmentation de leurs achats.
En 2017, une
étude de l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire) a mis en évidence des
inégalités sociales dans la consommation de fruits et légumes. Les Français de
catégories socioprofessionnelles supérieures en mangent davantage que le reste
de la population. « Les contraintes financières constituent un frein à
l’injonction à consommer plus de fruits et légumes », observe Faustine
Régnier, sociologue à l’Inra (Institut national de la recherche agronomique).
La chercheuse souligne « la cherté de ces produits sous-consommés par les
classes populaires ». Alors que l’accès aux fruits et légumes est un enjeu
de santé publique, les producteurs accusent la grande distribution de pratiquer
des marges « indécentes ». Ils dénoncent l’écart entre le prix sur
les étals et celui payé aux producteurs, parfois inférieur aux coûts de
revient.
« Le prix des
pommes subventionne celui du Nutella »
En octobre
dernier, Serge Papin, alors PDG de Système U, reconnaissait lui-même dans nos
colonnes : « Le prix des pommes subventionne celui du Nutella. »
Il expliquait que les distributeurs s’offraient jusqu’à 40 % de marge sur
les fruits et légumes pour compenser leur manque à gagner sur les produits de
grande marque.
La fin de la
guerre des prix qui pénalise à la fois le consommateur de fruits et légumes et
les producteurs est l’un des principaux objectifs de la loi Agriculture et
alimentation qui revient en nouvelle lecture le 12 septembre à l’Assemblée
nationale.
(1) Enquête réalisée du 4 au 10 juin et du 2 au 18 juillet
dans 33 départements (grandes surfaces, hard-discounts, marchés…)
Par Luc CHAILLOT | Publié le 24/08/2018 à 06:03 |
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Augmentation collectives BPCE Sa : 0 %
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