[Chronique]
Nigeria : haro sur les voleurs de slips destinés à des rituels maléfiques
10 janvier 2019 à 14h24 |
Jeuneafrique.com
Damien Glez est dessinateur-éditorialiste franco-burkinabè
Au Nigeria, les voleurs de
sous-vêtements seront-ils désormais inculpés pour tentative de meurtre ? Le
délit est moins anodin qu’il n’y paraît.
C’est la police nigériane qui vient de
s’emparer publiquement, et sans rire, de cette affaire de recrudescence de vols
de slips et de caleçons. Cette poussée d’autorité fait suite à l’arrestation,
la semaine dernière, d’un détrousseur à Akure, dans l’État d’Ondo.
Dans un message Instagram, c’est avec un
ton grave qu’une des porte-parole de la police, Dolapo Badmos, a confirmé que
l’homme interpellé détenait un sac en nylon rempli de lingerie et de serviettes
hygiéniques. Il aurait échappé de peu à un lynchage populaire. Ajoutant encore
de la dramaturgie au scénario, la policière a précisé que les voleurs de
dessous pourraient dorénavant être accusés de tentative de meurtre et non de
vol, dans ce pays qui fait
gonfler les statistiques des condamnations à la peine de mort.
Les brigades du slip en action
La fascination des déviants pour les
sous-vêtements n’est pas un phénomène spécifiquement africain. Les cordes à
linge du monde entier sont souvent délestées de leurs habits les plus intimes.
Dans la région française de Vendée, un groupe Facebook « Mes sous-vêtements
m’appartiennent » avait même été créé. Pourtant, contrairement à ce que promet
la police nigériane, les fétichistes américains ou européens sont, en général,
condamnés à des peines réservées aux petits délits comme le larcin ou le
voyeurisme.
CERTAINS PROPRIÉTAIRES DES VÊTEMENTS INTIMES SERAIENT
EFFECTIVEMENT MORTS PRÉMATURÉMENT
Destinés à des rituels maléfiques ?
Si les « brigades du slip »
sortent aujourd’hui de leurs gonds, c’est que les sous-vêtements dérobés ne
sont pas simplement utilisés comme ersatz d’étreintes charnelles. Les voleurs
pris la main dans le slip avouent généralement avoir utilisé les culottes pour
des rituels maléfiques. Or, certains propriétaires des vêtements intimes
seraient effectivement morts prématurément.
Les enjeux apparaissent alors d’une tout
autre dimension que celle de l’onanisme honteux. Ils suscitent la constitution
de réseaux de cambrioleurs allant d’enfants dépouilleurs de jardins à du
personnel de maison spécialisé dans la collecte des linges après rapports
sexuels de leurs propriétaires.
LA PRÉMÉDITATION D’ASSASSINAT N’EST-ELLE PAS AVÉRÉE,
POUR PEU QUE LE MANIPULATEUR CROIT À LA FORCE DE LA MAGIE NOIRE ?
Les plus cartésiens ergoteront qu’il est
surréaliste de provoquer le décès d’un individu par la simple manipulation à
distance de son caleçon et qu’il est donc insensé d’inculper un voleur de slip
pour meurtre. Mais la préméditation d’assassinat, elle, n’est-elle pas avérée,
pour peu que le manipulateur croit à la force de la magie noire ? « C’est
l’intention qui compte », déclarait, il y a peu, les gens déçus par leurs
cadeaux de Noël. De toute façon, la promesse de Dolapo Badmos sur les réseaux
sociaux ne cadre, pour l’instant, avec aucune procédure conforme à la
Constitution nigériane.
Aux États-Unis, fin 2013, le dénommé
Denver Lee St Clair avait bel et bien été assassiné par son beau-fils Brad Lee
Davis qui l’avait asphyxié avec l’élastique d’un slip. Dans le doute,
boycottons les sous-vêtements…
- no comment.
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