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Publié le 30-08-2013 à 16h13 - Mis à jour le 05 09 2013 à 17h20
Par Laurent
Calixte
C'est
dans les "petites lignes" que figurent les informations les plus
cruciales d'un contrat. En Russie, un consommateur malin a pris sa banque à son
propre piège.
Quand il a
découvert, en 2008, les clauses écrites en caractère minuscule dans le contrat
pour une carte de crédit que lui proposait sa banque, Dimitri Agarkov a vu
rouge. Agios et taux de pénalité trop élevés, plafond de dépense trop bas… Rien
ne convenait à ce quadragénaire résidant à Voronezh, en Russie,. Il a alors une
idée de génie. Il scanne tranquillement le document proposé par sa banque,
modifie à l'ordinateur les clauses écrites en petit caractère, et envoie le
document à sa banque, pour signature -contrairement à beaucoup d'établissements
bancaires, TCS (Tinkoff Credit System) appose sa signature après réception du
document signé par le client. Il se rappelait en effet qu'un contrat, en France
comme en Russie, peut-être librement rédigé par l'une ou l'autre des parties et
que l'important, c'est que les deux signatures soient authentiques, ce qui
était le cas.
Un taux de
crédit de 0%, pas de pénalités...
Ses nouvelles
clauses ? Un taux de 0% quand il utilise sa carte pour bénéficier d'un crédit,
aucun plafond pour les crédits demandés et aucun abonnement annuel à payer. Il
ajoute même : "le client n'est pas obligé de payer les frais ou les
charges imposés par la banque". Mais il va pousser le bouchon encore plus
loin en stipulant que, si la banque devait modifier unilatéralement les termes
du contrat, elle devrait lui verser une pénalité de 3 millions de roubles
(68.000 euros) ou des frais d'annulation de 6 millions de roubles (156.000 dollars).
Pendant deux
ans, il utilise sa carte normalement, sans abuser du plafond de crédit illimité
qu'il s'était accordé : pour lui, comme il l'expliquera plus tard, il
s'agissait simplement d'un jeu et d'un défi. Pourtant, en 2010, son compte
présente un solde excessivement débiteur au regard du contrat
"classique" normalement établi par la banque et celle-ci décide de
clôturer son compte et de lui retirer sa carte.
En 2012, alors
que Dimitri Agarkov refuse de recréditer son compte, elle décide de le poursuivre
en justice et lui réclame 45.000 roubles (1.020 euros) afin récupérer le solde
débiteur. Mais coup de théâtre : le tribunal estime que le contrat modifié par Agarkov est
valide et lui donne raison, exigeant simplement de lui qu'il
rembourse son solde débiteur. "la banque a signé le contrat sans le lire,
explique à la barre l'avocat d'Agarkov. Ils ont dit à la Cour ce que leurs
clients endettés disent en cas de procès : "nous n'avions pas lu le
contrat…"
Polar financier
Commence alors
un vrai polar financier. Agarkov ne s'en tient pas là et décide d'attaquer sa
banque en justice pour "modification unilatérale des dispositions du
contrat", conformément à "ses" clauses à lui… Il lui réclame la
bagatelle de 24 millions de roubles (550.000 euros). Nous sommes alors à l'été
2013 et le polar prend alors une touche "réseaux sociaux" qui
rappelle le film "the social network" : le patron de Tinkoff Credit
System, Oleg Tinkoff, commence à riposter via Twitter : "Nous allons
continuer à agir en justice: le procès s'est tenu au civil, nous allons
poursuivre au pénal !"
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