|Catherine
Gasté|07 juin 2019, 19h42|MAJ : 08 juin 2019,
12h51|28
le parisien
En
créant un bonus-malus, l’objectif est de dissuader les assurés de prendre leur
retraite dès 62 ans.
Alors
qu’actuellement il faut avoir 62 ans pour faire valoir ses droits, un système
pourrait inciter les actifs à travailler jusqu’à 64 ans. Mais les arbitrages ne
sont pas encore rendus.
Repousser l’âge de la retraite… Sans le
dire. Le gouvernement, qui a promis de ne pas toucher à l’âge symbolique du
départ légal à 62 ans conformément à la promesse présidentielle, songerait à
créer un « âge pivot » dans la future réforme des retraites. Depuis neuf mois
la rumeur revient périodiquement. Cette fois, selon le
journal Challenges, les dés seraient jetés : l’exécutif aurait
décidé début mai d’inscrire en catimini une nouvelle borne d’âge à 64 ans dans
le futur système par points, dont le texte est encore secret. L’objectif de
cette mesure étant de dissuader les assurés de prendre leur retraite dès 62
ans.
L’âge pivot peut coexister avec le
maintien de l’âge légal à 62 ans. Mais la personne qui décidera de faire valoir
ses droits à 62 ans (et non à 64 ans) se verra appliquer automatiquement un
malus – une décote – sur le montant de sa pension. Pendant combien de temps,
deux ans ou sur l’ensemble de sa retraite ? Mystère. À l’inverse, l’assuré qui
décidera de poursuivre son activité au-delà de 64 ans verra le niveau de sa
retraite majoré (grâce à un bonus).
Un
mécanisme similaire sur les retraites complémentaires
Un mécanisme similaire existe déjà pour
les retraites complémentaires. Depuis le 1er janvier 2019, les salariés du
secteur privé, nés à partir de 1957, voient leur pension diminuée de 10 % sur
une période pouvant aller jusqu’à trois ans s’ils cessent de travailler une
fois les conditions d’une retraite à taux plein remplies (42 ans de
cotisations). À l’inverse, dans le cas où ils restent en emploi au-delà de la
durée de cotisation exigée, le montant de leur retraite est augmenté.
Contrairement à ce qu’affirme
Challenges, « les arbitrages n’ont absolument pas été rendus », assure une
source élyséenne. Même son de cloche ce vendredi dans l’entourage de la
ministre des Solidarités Agnès Buzyn. Même prudence parmi les proches du
dossier, qui rappellent les folles rumeurs alimentant pendant près d’un mois le
débat autour du financement de la dépendance. « Les fuites et les ballons
d’essai vont être de plus en plus nombreux. Nous sommes en pleine période
d’arbitrage interministériel, ça va être carnaval », ironise-t-on dans
l’entourage du Haut-commissaire à la réforme des retraites, Jean-Paul Delevoye.
Le 25 avril, lors de sa conférence de
sortie du grand débat, Emmanuel Macron avait évoqué la piste d’un possible
allongement de la durée de cotisation. S’il a martelé un « Non » ferme à un
recul de l’âge légal de la retraite – comme le réclamaient pourtant la droite
et le Medef –, le Président a aussi laissé planer un certain flou. « Ce sur
quoi peut travailler le gouvernement avec le Parlement, c’est de regarder si on
peut allonger la période de référence sans bouger l’âge l’égal, pour avoir un
système de décote qui incite à travailler davantage, mais sans forcer tout le
monde », a-t-il déclaré.
La
piste du bonus-malus évoquée dans plusieurs textes
Ce n’est pas le seul indice à avoir jeté
le trouble dans les esprits. Selon un document de travail confidentiel adressé
aux partenaires sociaux en janvier dernier, que le
Parisien a révélé, la piste d’un bonus-malus dans le futur système
de retraite, pour retarder l’âge légal de départ possible à 62 ans, a bien été
mise sur la table.
Dans le texte de 14 pages, il est fait
état d’un « âge de référence commun à tous » (autrement appelé âge pivot) qui
viendrait s’ajouter à l’âge légal de départ à 62 ans : déclenchant soit un
bonus, soit un malus « de 3 à 5 % par an en fonction de l’âge de départ ». Et
ce n’est pas tout. En mars, la direction des statistiques du ministère de la
Santé (Drees) a aussi
sorti un document étudiant la piste d’un âge pivot déclenchant
une décote (temporaire) sur le montant de la pension, ou une surcote.
« L’âge-pivot est un faux sujet, car
dans le futur système c’est le nombre et la valeur des points qui déterminera
véritablement l’âge de départ », observe un proche du dossier. Quoi qu’il en
soit, il faudra attendre que les arbitrages soient définitivement rendus en
coulisse. Jean-Paul Delevoye doit ensuite, d’ici à la fin juin, rendre ses
préconisations et lancer cet été, selon nos informations, une nouvelle
concertation avec les partenaires sociaux sur les grandes lignes du projet de
loi.
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