6 novembre 2015

Souffrance au travail à BPCE SA : impunité des maltraitants, coaching des maltraités

Voici le texte du tract recto-verso distribué ce vendredi 6 novembre 2015 matin, aux principaux accès du site "Avant-Seine" et sur le site "Malraux".
Tract commun aux trois sections syndicales locales représentatives dites "minoritaires" (47 % des voix aux élections professionnelles d'avril 2013) : CFDT, SNB/CFE-CGC et CFTC.
L'UNSA, qui avait déjà "tracté" la veille sur le thème de la reconduction pour quatre ans de F. Pérol aux commandes opérationnelles du Groupe, était aussi en faction avec un nouveau tracvt - cette fois, sur le même thème que les trois autres syndicats.
D'où la ritournelle UNSA tendant son papier : "Ce tract-ci est la réponse du berger à la bergère", sous-entendu la (faiblarde et phraseuse) réaction du syndicat majoritaire aux actions (tangibles et déterminées) menées par les trois syndicats minoritaires contre les dérives - multiples, constatées et répétées - en matière de prévention-santé au travail.
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BPCE SA, le 06/11/2015
Souffrance au travail à BPCE SA :


Impunité des maltraitants - Coaching des maltraités
L’Inspection du Travail relève six infractions graves dans une direction de BPCE SA
Lors du CHSCT du 28/09/15, l’Inspection du Travail a présenté son rapport sur les souffrances


au travail dans la direction Secrétariat général-Direction juridique (SGDJ). Elle a relevé pas


moins de six infractions dont mise en danger d'autrui, entrave au CHSCT, non-respect de votre


droit d’expression directe dans l’entreprise, discrimination syndicale et/ou en raison de l’âge…


Elle identifie des causes : comportements managériaux pathogènes, inégalités de traitement…
Le médecin du travail propose d'imposer un tiers dans un rôle temporaire de manager

Le 21/10, le médecin du travail formulait ses préconisations. « Il me paraît logique de proposer








à BPCE SA d'imposer un tiers […] au SGDJ, dans un rôle temporaire de manager, de N+1 du


service, avec tous les pouvoirs hiérarchiques et décisionnels que cela suppose sur l'ensemble du

service. » Il en décrivait ensuite les modalités.









La direction se réfugie dans le déni et propose un n-ième accompagnement
Lors du CHSCT du 26/10, la réponse de la direction a consisté à … tout nier en bloc. Elle nie la


souffrance des salariés, le management pathogène, les discriminations… mais elle propose des


pistes de réflexion pour ‘reconstruire un vivre ensemble’ dans cette direction : un nouvel


accompagnement de l’équipe par un prestataire. Elle transforme ainsi les problèmes


d’incompétence managériale en difficulté des salariés à travailler en équipe… Les salariés


apprécieront car les deux derniers « accompagnements » se sont soldés par deux licenciements


dans cette direction.


L’Inspection du Travail et nos trois syndicats demandent tout simplement à l’employeur et au


CHSCT de reconnaître les faits et leurs causes pour mettre en place des solutions adaptées.
Nos propositions au CHSCT
Le 4/11, nos trois syndicats remettent un projet d’avis aux membres du CHSCT indiquant en

particulier : « Le CHSCT demande qu’un travail sur l’analyse des causes précède la








préconisation d’une solution (…) Parmi les causes, le CHSCT estime que la présence d’un


management pathogène doit être au minimum reconnue. (…) Le CHSCT constate que


l’accompagnement envisagé est une adaptation très édulcorée de la proposition du médecin du


travail qui préconise, dans son courrier, que le pouvoir décisionnel ne soit transitoirement plus


exercé par le management en place. »
La majorité du CHSCT met en oeuvre la solution de la direction
Le 5/11, nos trois syndicats découvrent en séance du CHSCT le projet d’avis des élus


majoritaires. Celui-ci reprend la proposition d’accompagnement de la direction retenant les


modalités accessoires et écartant de facto l’essentiel de la proposition du médecin du travail. Ils


le soumettent au vote en refusant d’en discuter au préalable, de répondre à notre projet d’avis


alternatif et de s’exprimer en séance sur les causes de la souffrance. Cette majorité soutenue


par la direction refuse également de voter sur notre projet d’avis qui demande que les causes


des souffrances identifiées par l’inspecteur du travail soient reconnues et que les préconisations


fortes de l’inspecteur du travail soient appliquées.
Avec de telles « solutions » qui ne sont pas à la hauteur de l’enjeu humain, la


direction ne fait qu’encourager les comportements managériaux pathogènes et


augmenter les risques pour les salariés en souffrance.


Extraits du rapport de l’Inspection du Travail présenté le 28 septembre 2015
« De tous les entretiens qui ont eu lieu, les conclusions sont accablantes. Les dégâts humains
sont très importants. Au moins trois salariés ont évoqué devant moi des idées








suicidaires du fait de conditions de travail extrêmement détériorées dans la Direction
SGDJ. Le Médecin du travail n'avait connaissance que d'un cas. Je lui ai communiqué les noms






des deux autres salariés. »


« Je ne peux donner aucun nom, pour respecter les salariés en question. Il y a une obligation


de se taire dans un milieu où l'on est surveillé, où l'on n'a pas le droit à l'erreur, pas le droit


d'être faible, pas le droit de s'exprimer, pas le droit de mettre en cause le management et la


manière dont il est exercé. C'est aussi pour éviter toute moquerie, ou toute agressivité même,


car la Hiérarchie est sans pitié dans ce service. »


« Ce n'est donc pas un foyer de « révolutionnaires », mais des salariés qui, dans leur


ensemble, sont excédés, démotivés, et qui souffrent au travail du fait d'une manière de diriger


le personnel, inacceptable. »


« Ma conclusion est la suivante: l'ambiance de travail est très détériorée à tout point de vue ;


les effets sont collectifs et c'est ce qui démontre le lien avec le travail. Beaucoup de salariés ne


supportent plus une Hiérarchie qui ne sait pas travailler et ne sait pas gérer correctement et


dans la dignité, le personnel. »
« Les constats sont lourds : inégalité de traitement, inégalité de salaires,


discriminations en raison de l'âge, de la santé, de mandats syndicaux, misogynie


larvée, coterie, opacité et surveillance. Aucun travail d'équipe. Aucune expression


des salariés sans menace postérieure publique de sanction. »
« Selon chacun et selon les difficultés rencontrées par les diverses victimes, les effets sur la


santé physique et mentale nous ont été décrits : Début de dépression, dépressions, obligation


d'être suivi sur plusieurs mois par un psychologue, perte de poids, impossibilité de trouver le


sommeil, ou cauchemars récurrents, crise de pleurs au travail ou en dehors du travail, perte


de confiance en soi, Troubles digestifs ; Maux d'estomac, ulcères ; Amaigrissements ou prise


de poids ; Palpitations ; Prise de médicaments, automédication ; Perte de l'estime de soi, et de


sa dignité, perte de ses moyens, doute de soi, culpabilisation ; Impuissance à se défendre,


voire refus de se défendre ; Angoisses permanentes et anxiétés devant certaines tâches au


travail ; Peur d'aller au travail ; Peur au travail ; Tristesse de l'humeur.


Tous ces effets sur la santé ont été décrits auprès des deux Médecins du travail qui ont alerté


en vain la Direction. »
« Envies suicidaires : dois-je insister sur ce point ? Au moins trois salariés ont pensé


se tuer du fait de leur travail. Ils me l'ont dit. »
« Ces alertes majeures décrivent les mêmes difficultés rencontrées dans ce service sur


plusieurs années, depuis 2010. Nous avons prévenu le Médecin du travail. Il n'avait


connaissance que d'un cas. Quand il y a une organisation du travail qui génère ces idées


suicidaires, il ne peut y avoir aucune excuse, aucune caution, aucun laisser-faire de la part de


la Direction. Et la Direction est responsable pénalement. Il est extrêmement préoccupant que


les salariés ne puissent dire leur souffrance, jusqu'à avoir envie de se suicider du fait du


travail. »
Par souci de transparence et face au déni de la direction, nous mettons à la disposition de


chaque salarié le rapport complet de l’Inspection du Travail.
DELEGUES SYNDICAUX (en italique : responsable de la section syndicale BPCE S.A.)


- CFDT : Josiane Vallois, Ali Aissaoui, Dominique Desticourt

- CFTC : Philippe Malizia, Nicolas de Bourgies, Isabelle Place, Fabrice Sandré

- SNB-CGC : Pierre Ribuot, Filipe Borges, David Guetta


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